Les ordres de Beyrouth et de Tripoli appellent à une grève aujourd’hui

Le conseil de l'ordre des avocats de Beyrouth a appelé samedi à une grève pour la journée d'aujourd'hui en signe de protestation contre l'agression dont ont été victimes samedi quatre avocats pendant l'exercice de leurs fonctions.
Selon des sources proches du conseil de l'ordre, les quatre avocats Zainab Dahboul, Zainab Hajj, Raëd Hamdan et Zaher Azoury (membre du conseil de l'ordre) ont été sauvagement battus par un groupe d'éléments armés ayant fait irruption dans l'entrée de l'immeuble Bourj al-Inma' (Manara), où devait se tenir une assemblée générale de copropriétaires. L'un d'eux voulait torpiller la réunion. Il devait mobiliser à cette fin des éléments armés qui ont pris à partie, vendredi, les avocats, leur causant de sérieuses blessures. Raëd Hamdan a notamment été victime d'une fracture à la jambe.
Le communiqué publié samedi à l'issue de la réunion du conseil de l'ordre, sous la présidence d'Antonio Hachem, a sévèrement stigmatisé « l'état de chaos sécuritaire qui permet aux criminels de recourir à la loi de la jungle ». Le texte rappelle que « les avocats forment avec les juges les deux volets de la justice qui contribuent à préserver l'ordre public », réclamant de sérieuses sanctions contre les coupables et annonçant dans le même temps une conférence de presse que tiendra aujourd'hui, à 12h, M. Hachem.
Le bâtonnier de Tripoli, Fahed Moukaddem, a de son côté tenu une réunion urgente du conseil de l'ordre des avocats de Tripoli, au terme de laquelle un communiqué annonce que « les audiences seront suspendues lundi », condamnant « un incident barbare qui a visé quatre confrères lors de l'exercice de leur profession, dans une tentative d'aliéner leur décision, leur portant des préjudices corporels graves ». Le conseil de l'ordre de Tripoli s'est dit également inquiet de « la répétition au quotidien de telles agressions », demandant à la justice de « prendre toutes les mesures à l'encontre des agresseurs ».

Rifi condamne
Fustigeant sévèrement sur son compte Twitter l'agression, le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a fait part de sa confiance dans la justice qui, a-t-il dit, ne lésinera pas à « sanctionner toutes les personnes impliquées dans cette affaire ».
L'incident a également suscité de nombreuses autres réactions, notamment celle du comité des avocats du Courant patriotique libre, qui avait appuyé la candidature de Zaher Azoury lors des dernières élections au barreau de Beyrouth en novembre. Le communiqué publié par les avocats du CPL a dénoncé « cet acte barbare », demandant aux autorités compétentes de prendre les « sanctions les plus dures à l'encontre de tous les coupables ».
La section juridique des Forces libanaises a pour sa part souligné que « cette agression flagrante est dirigée contre chaque avocat et contre le corps du barreau ». Les FL ont demandé au conseil de l'ordre de « se porter partie civile contre les auteurs de cet acte et ceux qui se tiennent derrière eux ».
Enfin, la section des avocats du Parti national libéral a également mis en garde contre « les conséquences de ces agressions répétées visant les apôtres du droit et de la paix qui défendent les intérêts et les libertés ». Le PNL a appelé à l'adoption de sanctions sévères pour que « les institutions ne disparaissent pas ».