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Culture - Relecture

Bernanos, plus actuel que jamais

Une réflexion sur la mort, sur les sens du sacrifice et de la vie, sur la peur d'affronter ces épreuves, d'affronter sa propre mort. « Dialogues des Carmélites », une œuvre puissante et lucide.

L'histoire de Dialogues des Carmélites s'inspire d'un fait historique : le massacre de seize carmélites de Compiègne, guillotinées en 1794 pendant la Terreur et qui refusaient de renoncer à leurs vœux monastiques. Seule œuvre théâtrale et posthume de Georges Bernanos, elle avait été écrite à l'origine pour un scenario cinématographique tiré dune nouvelle de Gertrude von le Fort. Les seize carmélites ont été béatifiées par le pape Pie X en 1906.

Le chemin de croix de Blanche
Blanche décide d'entrer dans un couvent carmélite et d'abandonner les privilèges que peut lui procurer un statut social de la haute bourgeoisie. Chaque religieuse étant confrontée au mal et à la souffrance, la novice Blanche de la Force s'avère la plus faible d'entre elles. Les dialogues sont le récit de son chemin de croix, son courage à dépasser sa peur, œuvrant pour le salut de l'humanité. Elle est l'incarnation de la peur. Au marquis qui la questionne sur son choix, elle répond : « Il y a plusieurs sortes de courage, c'en est une d'affronter les mousquets, c'en est une autre de sacrifier les avantages d'une position enviable. » Blanche semble vouloir trouver refuge et se défaire d'un vêtement social trop lourd à porter. Convaincue de son choix et persuadée de trouver le salut, la prieure lui dit : « Retenez pourtant que l'on franchit une montagne et on bute sur un caillou. » Une phrase qui pousse à la réflexion sur le sens des épreuves de la vie.

Un double dialogue
Deux dialogues semblent se cacher derrière le pluriel du titre. Ce sont d'abord les discussions, les bavardages, les entretiens des carmélites entre elles. Chacune exprimant un caractère différent, ce qui donne beaucoup de vie au texte et rend ces religieuses, d'un autre siècle, très proches. Quel bonheur de découvrir Constance ! Dans cet univers sombre et obscur, dans ce contexte historique difficile, Constance trouve la vie amusante, que le service du bon Dieu est comme un jeu: « On peut faire très sérieusement ce qui vous amuse, on peut faire avec bonne humeur ce qui vous ennuie. » Pour elle, mourir jeune est une grâce, c'est un trop grand malheur de devoir donner au bon Dieu une vie à laquelle on ne tient plus. Constance est un papillon tout en couleurs qui se pose tour à tour sur les épaules des carmélites et leur procure la joie de vivre.
Après l'arrivée de Blanche, les religieuses doivent faire face à la mort de la première prieure, Mme de Croissy. C'est alors un dialogue tout en chants et prières, un dialogue avec Dieu qui appartient autant au domaine du regard qu'à celui de la parole. Mais à l'heure de sa mort, la prieure pour qui la fin d'une carmélite ne devrait jamais être marquée que par un léger changement d'horaires, se sent abandonnée face à cette épreuve. Elle reprochera à Dieu de ne plus l'écouter et c'est une mort qui n'est pas la sienne qui l'emporte, comme dira Constance, « comme si le bon Dieu s'était trompé de mort, comme au vestiaire où l'on vous donne un habit pour un autre ».

Une profondeur spirituelle
Peut-on « mal mourir » ou « bien mourir » ? Georges Bernanos, catholique fervent, développe le mystère de la peur et plus particulièrement la peur de la mort, et nous offre une œuvre écrite par un homme condamné par la maladie, qui résonne comme une méditation sur le destin humain et s'achève en une prière (quand Blanche de la Force, renommée « de l'Agonie du Christ », ayant finalement rejoint Constance, se dirige vers l'échafaud).
L'angoisse et la peur étant devenues universelles, cette œuvre prend aujourd'hui comme un regain de signification et d'actualité. Hormis son caractère religieux, les Dialogues des Carmélites parle non seulement du jeu de Dieu, mais aussi de celui du destin. Un état d'esprit qu'on appelle aujourd'hui le « lâcher prise »...

L'histoire de Dialogues des Carmélites s'inspire d'un fait historique : le massacre de seize carmélites de Compiègne, guillotinées en 1794 pendant la Terreur et qui refusaient de renoncer à leurs vœux monastiques. Seule œuvre théâtrale et posthume de Georges Bernanos, elle avait été écrite à l'origine pour un scenario cinématographique tiré dune nouvelle de Gertrude von le Fort....

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