Ce qui s'est passé à Meerab n'est pas une réaction à l'initiative du parrainage, par l'ancien chef de gouvernement Saad Hariri, de la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié.
Telle est l'analyse qu'en fait un cadre du courant du Futur, qui estime que le rapprochement entre le chef des FL, Samir Geagea, et le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, est le prolongement naturel d'un processus de normalisation qui avait commencé il y a quelque temps. Cela dit, le timing a « magiquement » coïncidé avec le compromis qui a eu lieu à Paris, entre MM. Hariri et Frangié, conférant ainsi de nouvelles dimensions à la réconciliation de Meerab, qui ont laissé libre cours aux interprétations qui en ont été faites, largement exploitées par la suite en politique, plus précisément dans le cadre de la présidentielle.
Selon l'avis de ce cadre, M. Aoun a su profiter de la position de refus exprimé par Samir Geagea à l'égard de la candidature de M. Frangié pour faire un pas vers lui, s'empressant de fixer le rendez-vous de la visite attendue du général Aoun à Meerab. Elle devait logiquement faire suite à la visite du chef des FL à Rabieh. C'était, à n'en point douter, un coup de maître de la part du chef du bloc du Changement et de la Réforme, qui a su saisir le timing approprié pour frapper fort là où cela faisait le plus mal, l'accord de Meerab ayant porté un coup de massue à l'initiative de Paris, creusant un peu plus le fossé au sein du camp du 14 Mars. L'adoption par le chef des FL de la candidature de M. Aoun a été considérée par les milieux de Rabieh comme un passeport par excellence permettant de remettre Michel Aoun en selle et pousser Saad Hariri à avaliser sa candidature.
C'est ce qui explique les efforts déployés par le général Aoun en direction du chef du courant du Futur, lequel a cependant affiché de grandes réserves par rapport à cette ouverture subite. Se dérobant avec tact pour déléguer à la place son chef de cabinet, Nader Hariri, ce dernier a fini par se réunir avec le beau-fils de M. Aoun, le ministre Gebran Bassil. Le message de M. Hariri était on ne peut plus limpide, à savoir le maintien du soutien de la candidature de M. Frangié à moins que ce dernier n'annonce lui-même son retrait.
C'est un forcing politique et diplomatique que s'évertue à effectuer aujourd'hui M. Bassil qui a dernièrement multiplié les réunions avec les décideurs politiques et les diplomates, loin des feux de la rampe, dans le but de promouvoir la candidature Aoun, localement et internationalement. C'est dans ce cadre qu'il faut également situer la tournée que compte effectuer prochainement Gebran Bassil dans plusieurs villes européennes, dont Paris, Berlin et le Vatican.
Toujours selon le cadre du courant du Futur, la rencontre de Meerab doit être entendue dans ses deux volets : celui de l'intérêt pur et simple des chrétiens, et sous l'angle de la candidature de M. Aoun à la présidence. Pour ce qui est du premier volet, on note à juste titre l'enthousiasme exprimé par la rue chrétienne qui a été rejoint par celui des autres communautés et blocs politiques, puis relayé par la demande répétée de Bkerké de voir cette initiative faire tache d'huile et se généraliser à l'ensemble des parties politique. En bref, personne n'est contre la réconciliation dans ce qu'elle apporte de constructif en termes de convivialité et d'entente nationale.
La situation est toutefois différente en ce qui concerne la candidature du général Aoun, poursuit la source, dans la mesure où le parrainage de ce dernier par le chef des FL n'a pas changé les données sur le terrain. D'autant que le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé que cette initiative n'était pas suffisante. Car, argue le leader chiite, le soutien chrétien à la réconciliation qui a eu lieu n'a pas la même ampleur que le soutien apporté à la candidature de Michel Aoun.
Il n'y a qu'à voir les réactions de certaines composantes chrétiennes à cette candidature, notamment celle des Kataëb, exprimée de la bouche de leur chef, Samy Gemayel. Ce dernier a adressé plusieurs interrogations aux deux composantes chrétiennes fraîchement réconciliées, annonçant par la même occasion son refus de soutenir n'importe quel candidat du 8 Mars, à moins qu'il ne renonce à sa politique de soutien au projet iranien et de l'axe de la « moumanaa » dont fait partie la Syrie. Ceux qui se sont fait l'écho de cette logique parmi les chrétiens ont ainsi suggéré l'issue de sortie consistant à promouvoir un président consensuel hors de la polarisation politique, bref, un candidat indépendant sur lequel conviendraient l'ensemble des parties en présence.
Selon un haut cadre des FL, Samir Geagea aurait déjà évoqué cette possibilité avec Michel Aoun au lendemain de leur réconciliation, laissant entendre qu'un profil issu des milieux économiques et financiers pourrait bénéficier au Liban en cette période de crise. Michel Aoun a opposé un niet à cette option, estimant que ses chances de parvenir à la première magistrature sont plus élevées que jamais, à la lumière notamment des développements qui ont lieu en Syrie et qui versent dans l'intérêt de l'axe dont il relève et non de l'axe opposé représenté par le camp saoudo-américain et européen.
M. Aoun ne doit pas avoir tout à fait tort, dans la mesure où ayant misé dès le début de la crise syrienne sur le maintien de Bachar el-Assad en place, les faits devaient lui donner raison cinq ans plus tard. Une donne qui se trouve aujourd'hui vérifiée sur le terrain à la lumière notamment de l'avancée des troupes syriennes sur plusieurs parties du territoire qui se trouvaient aux mains de l'opposition. M. Aoun reste par ailleurs convaincu que le choix de M. Frangié n'avait d'autres objectifs que de le viser personnellement pour ensuite cibler le Hezbollah.
Dans les milieux diplomatiques, on parle d'une nouvelle dynamique qui se met actuellement en place dans les grandes capitales européennes et à Washington. L'on évoque ainsi des réunions entre des responsables saoudiens et iraniens qui sont prévues à Mascate, avec pour objectif de rapprocher les points de vue entre les deux parties, assurent des sources de sécurité libanaises informées. Le président français François Hollande, dont la dernière rencontre avec son homologue iranien a été qualifiée de constructive, devrait à son tour rencontrer des responsables saoudiens et iraniens, avant sa prochaine tournée régionale prévue en avril prochain. Le dossier de la présidentielle au Liban serait au menu de ces entretiens.
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commentaires (10)
Ce qui est navrant dans ce roman noir bossfaïràRien, c'est non seulement les éventuelles turpitudes qui seront révélées et qui, évidemment, seront exploitées plus ou moins ; mais c'est aussi ce détestable réflexe qui consiste à vouloir, coûte que coûte, camoufler ses méfaits ! Au contraire, c'est dans la mesure où, fermement, l'on est attaché à son Mâräoûnisme National-Social, où l'on admire son tout récent passé et où l'on croit encore en son avenir qu'on doit se montrer intransigeant, implacable même, pour ses dérives. C'est parce qu'on est maronitique coinnique et still si aigri qu'il faut exiger que son Réformé de courant orange soit strictly insoupçonnable. Et non pas oser honteusement proposer, comme cela est fait explicitement, que le linge sale soit lavé en famille intra-sectarisme maronitique ! Les 2 propositions qui ont fait le + de tort à ce "National-Socialisme Mârâoûniste" tout au long de ces dernières décennies sont : Il ne faut pas désespérer le "Chréti(e)n-Moyen", et il ne faut pas jeter le bébé éhhh libanais avec l'eau du bain ! Si se souvenant que seule la vérité est Changementale, le Petit caporal n'avait pas sans cesse menti à ce "Chréti(e)n-Simplet" ; et si ce même Amer bigaradier n'avait pas hésité à laisser filer de temps à autre quelque marmot Libanais…. "ingrat?!" mais Sain n’est- ce pas par le trou d'évacuation de la baignoire ; son bossfaïràRiennisme en cette Maronifornie ne s'en porterait sans doute pas plus mal ! Mahééék ? Maybe(h) !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 14, le 06 février 2016