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Moyen Orient et Monde - Indonésie

Une rivalité entre jihadistes de l’EI risque d’entraîner de nouveaux attentats en Asie

La prison représente un terreau fertile pour l'endoctrinement et le recrutement de nouveaux militants.

Des policiers indonésiens examinant un paquet suspect à Djakarta le 4 février. Bay Ismoyo/AFP

Une lutte de pouvoir entre trois meneurs indonésiens du groupe État islamique (EI) en Syrie, en quête de reconnaissance de l'organisation jihadiste, pourrait entraîner de nouveaux attentats en Asie du Sud-Est, indiquent des analystes, trois semaines après les attaques de Djakarta.
Les investigations après ces attentats-suicide et attaques à main armée, qui ont fait quatre victimes le 14 janvier, ont permis de découvrir un complexe réseau de militants œuvrant sur ordre de meneurs combattant en Syrie, mettant en exergue l'infiltration de l'EI loin de ses bastions au Moyen-Orient. Les trois meneurs indonésiens en Syrie – Bahrumsyah, Abu Jandal et Bahrun Naim – sont soupçonnés d'avoir préparé des attaques en 2015. La police avait initialement désigné Naim, un extrémiste islamiste du centre de Java connu pour son radicalisme, comme le cerveau des attentats de Djakarta. Ces trois influents militants encouragent leurs cellules indonésiennes à perpétrer des attaques jihadistes sur leur sol, en leur fournissant argent liquide et conseils, dans l'espoir d'impressionner l'EI, explique le directeur de la police de Djakarta, Tito Karnavian. « Les trois hommes rivalisent pour s'attirer les éloges du commandement central de l'EI en entreprenant des attaques », ajoute cet expert qui a participé au démantèlement de réseaux islamistes indonésiens dans les années 2000. « Une fois qu'ils obtiennent les éloges, ils sont approuvés en tant que chef pour l'Indonésie, ce qui permet d'obtenir de l'argent et du pouvoir », dit-il.
Après Naim, la police s'est tournée vers Aman Abdurrahman, l'un des premiers Indonésiens à avoir prêté allégeance à l'EI. Cet idéologue en prison est lié à l'un des rivaux de Naim en Syrie. Le succès rencontré par Abdurrahman auprès de militants en Indonésie a accru la pression sur ses rivaux pour commettre des attaques « le plus vite possible », a relevé l'Institut d'analyse des conflits (Ipac) dans un rapport en février. L'un des membres du trio a même appelé l'un de ses associés en Indonésie peu après les attentats de Djakarta pour lui demander de commettre une attaque semblable immédiatement, selon le rapport.

Djakarta et Bali
« D'autres attentats en Indonésie sont probables dans la mesure où des leaders locaux de l'EI rivalisent sur leur sol et à l'étranger pour établir leur suprématie », souligne le rapport. Cherchant à créer une branche en Asie du Sud-Est, l'EI va « se tourner vers l'Indonésie » après les attentats de Djakarta revendiqués par l'organisation jihadiste, estime M. Karnavian.
La police a depuis arrêté une vingtaine de suspects. Auparavant, elle avait déjoué plusieurs projets d'attaque en 2015. Des groupes de militants aux ramifications complexes préparaient des attentats depuis des années, selon la police. Certains entretenaient des liens étroits avec des militants en prison, terrain fertile pour l'endoctrinement et le recrutement. Les prisons où extrémistes islamistes profitent de leur séjour derrière les barreaux pour recruter des criminels endurcis et préparer de nouvelles attaques constituent un sérieux problème pour l'Indonésie, explique M. Karnavian. C'est d'ailleurs en prison que Afif, l'un des quatre assaillants tués dans les attaques de Djakarta, avait prêté allégeance à l'EI. Des militants d'une cellule jihadiste démantelée dans le sud de Djakarta avaient recruté un détenu bénéficiant de la confiance de surveillants de prison, lequel avait volé des armes et munitions dans l'armurerie. La compagne de cet homme avait dissimulé ces armes dans une boîte isolante pour les remettre à des militants à l'extérieur de la prison, selon une source policière.
Ce groupuscule était sur le point de lancer des attaques, notamment à Djakarta et Bali, île populaire la plus touristique d'Indonésie, a indiqué une source du contre-terrorisme. Des attaques de l'EI contre des ambassades combattant le groupe jihadiste en Syrie et en Irak figuraient parmi les cibles.
Alors que des centaines de militants indonésiens partis en Syrie pourraient retourner au pays, le gouvernement cherche depuis les attentats à renforcer la législation antiterroriste. Des experts de l'antiterrorisme ont déploré une loi trop laxiste pour empêcher des jihadistes de passer à l'acte.

Olivia RONDONUWU/AFP

Une lutte de pouvoir entre trois meneurs indonésiens du groupe État islamique (EI) en Syrie, en quête de reconnaissance de l'organisation jihadiste, pourrait entraîner de nouveaux attentats en Asie du Sud-Est, indiquent des analystes, trois semaines après les attaques de Djakarta.Les investigations après ces attentats-suicide et attaques à main armée, qui ont fait quatre victimes le 14...

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