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Culture - Opéra de Paris

Coups de balais au Palais Garnier

L'ancienne danseuse étoile française Aurélie Dupont va remplacer à la tête du Ballet de l'Opéra de Paris son compatriote Benjamin Millepied.

Aurélie Dupont. Dominique Faget/AFP

Des nombreuses inimitiés, une partie administrative trop lourde, sa femme qui veut rentrer aux States, autant de raisons (et d'autres sans doute inconnues) auraient poussé Benjamin Millepied à claquer la porte du Palais Garnier... et à annoncer sa démission après quatorze mois d'une gestion contestée au sein de la prestigieuse institution. Il sera remplacé, à la tête du Ballet de l'Opéra de Paris par l'ancienne danseuse étoile française Aurélie Dupont, 43 ans.
Arrivé des États-Unis en novembre 2014 dans un vent de glamour, le chorégraphe star et époux de l'actrice Natalie Portman a jeté l'éponge pour se consacrer à la création, certains suggérant que « la greffe » n'avait pas pris.
« Je suis convaincu qu'Aurélie va apporter beaucoup de choses quand elle prendra ses fonctions en septembre », a souligné le directeur de l'Opéra, Stéphane Lissner, lors d'une conférence de presse à laquelle assistait l'intéressée, qui avait mis fin à sa carrière d'étoile en mai dernier.
« Elle a une grande connaissance de la maison. Elle connaît chaque danseur, elle connaît bien l'administration. C'est sa maison. Elle saura rendre au ballet ce qu'il lui a donné », a ajouté M. Lissner, tandis que Benjamin Millepied a salué ce choix en rappelant qu'Aurélie Dupont, qui a passé 32 ans à l'Opéra de Paris, avait été sa « muse ».
Le chorégraphe de 38 ans a annoncé sa démission dans un communiqué en expliquant que ses fonctions de directeur de la danse « occupent aujourd'hui une telle place qu'elles réduisent considérablement celle, essentielle à (ses) yeux, de la création et de l'expression artistique ».
Selon des sources proches du ballet, la « greffe » à la tête de la compagnie de 158 danseurs du très people « danseur principal » du New York City Ballet n'a en fait pas pris. Les premiers pas à l'Opéra de Benjamin Millepied avaient pourtant été salués comme une petite « révolution ». Symbole de jeunesse et de modernité, il ne cachait pas sa volonté réformatrice. Les jeunes danseurs du ballet ont notamment apprécié d'être propulsés dans les créations qu'il a signées pour l'Opéra, bousculant la hiérarchie qui veut que seuls les danseurs en haut de l'échelle soient mis en vedette.

Pesanteurs du poste
Très investi en faveur de la santé des danseurs, il a aussi fait changer les parquets pour ménager leurs articulations. Et le versant glamour de son couple a sans doute aussi permis un afflux de mécénat.
Mais Benjamin Millepied, brun gracile à l'éternelle barbe de trois jours, a peut-être sous-estimé les pesanteurs du poste.
« Benjamin n'avait pas mesuré que le poste implique 80 % de tâches administratives et 20 % seulement d'artistique », a confié un très bon connaisseur de l'Opéra. « Il a voulu réformer vite, parce qu'il fait tout très vite, et il n'a pas été soutenu par la direction de l'Opéra », ajoute-t-il.
Selon l'ancienne directrice de la Danse de l'Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, qui a dirigé pendant vingt ans la prestigieuse compagnie, le chorégraphe « n'avait aucune expérience de la direction d'une grande compagnie ».
La participation du danseur à des campagnes de publicité, sa chorégraphie en ouverture du dernier festival de cinéma de Cannes où Natalie Portman présentait son premier film ont par ailleurs pu agacer. Ses déclarations très critiques sur le ballet qu'il dirige dans un récent documentaire diffusé sur une chaîne française ont aussi beaucoup choqué : il déplorait l'absence de « plaisir » dans le corps de ballet qu'il assimilait à « du papier peint ». Son départ de l'Opéra devrait lui permettre de retrouver sa compagnie basée à Los Angeles, où son épouse, avec qui il a un fils, pourra conduire plus facilement sa carrière internationale.
La comédienne, qui professait un véritable engouement pour Paris à ses débuts, a déchanté avec les attentats jihadistes de janvier 2015 (17 morts) ayant notamment visé Charlie Hebdo et un magasin casher. Elle confiait en mai l'an dernier à la revue The Hollywood Reporter s'être rendue compte « à quel point nous sommes différents culturellement, profondément différents », et avouait sa nervosité en tant que juive. L'actrice avait adouci son propos le 24 janvier sur une chaîne française en jugeant « vraiment merveilleux de pouvoir vivre à Paris ».

Marie-Pierre FEREY/AFP

Des nombreuses inimitiés, une partie administrative trop lourde, sa femme qui veut rentrer aux States, autant de raisons (et d'autres sans doute inconnues) auraient poussé Benjamin Millepied à claquer la porte du Palais Garnier... et à annoncer sa démission après quatorze mois d'une gestion contestée au sein de la prestigieuse institution. Il sera remplacé, à la tête du Ballet de...

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