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Culture - Rencontre

Remus au violon, avec la touche Wolverine

Il a 44 ans et il est tout sourire. Remus Azoitei, roumain et professeur de violon à l'Académie royale de musique de Londres, est le guest star soliste de l'Orchestre philharmonique du Liban à qui il donne la réplique ce soir à l'église Saint-Joseph (USJ).

Remus Azoitei : « J’ai quelque chose de commun avec l’ADN sémillant des Libanais. » Photo Michel Sayegh

Les surfaces d'eaux des bassins du Grand Sérail sont lisses et tranquilles. Au bout de la longue rangée d'arbres qui longe la façade, la statue de Rafic Hariri surveille le centre-ville. En face, les musiciens s'activent devant le portail d'entrée du Conservatoire national supérieur de musique d'où s'échappe, jusqu'à la rue déserte, quelques mesures des répétitions du Concerto pour violon et orchestre de Brahms.
Blazer bleu marine, chemise à carreaux bleue, pantalon marron, le violoniste roumain Remus Azoitei a hâte de griller une cigarette en plein air après les trémolos et les embardées de son violon plié au lyrisme, à la sensibilité et à la poésie de Brahms. Remus est bien son prénom (son pays, autrefois, était une province italienne) comme dans la légende des fondateurs de Rome, deux jumeaux nourris par une louve...

Pour son premier séjour au pays du Cèdre, le musicien et professeur de violon à l'Académie royale de musique de Londres – « guest star » soliste de l'Orchestre philharmonique du Liban à qui il donne la réplique ce soir à l'église Saint-Joseph (USJ) – est super-enthousiaste et ne tarit pas de commentaires élogieux et amusants. « Je suis totalement conquis par tous ces gens passionnés que je vois. J'ai quelque chose de commun avec l'ADN sémillant des Libanais. J'aime leur façon chaotique de conduire les voitures, c'est si délicieux... Et il y a tant de vieilles Mercedes et des Renault ! Je suis emballé par les paysages et leur diversité. J'aime, ici, la couleur, les vibrations, la flexibilité, la sincérité, l'ouverture d'esprit... »

Son histoire avec la musique et le violon ? « Tout remonte à ma mère moldave », dit-il en reconnaissant la valeur de son appui, précisant toutefois n'avoir jamais été forcé dans cette voie. « Héritière d'une culture raffinée, elle a voulu m'apprendre le violon parce que Les quatre saisons de Vivaldi l'enchantait. À cinq ans, j'étais encore à Galatz et je m'essayais aux gammes. Mais mon prof a décrété que je n'avais ni l'oreille ni la main faites pour la musique. Toujours déterminée, ma mère m'a emmené chez un autre maître. Et là, grands compliments et encouragements. Depuis, les choses se sont clarifiées. À 21 ans j'avais la Médaille d'argent à Weimar ! »

Enescu, « génie après Mozart »
Aujourd'hui, presse et public sont unanimement d'accords sur la virtuosité, la technique et la sensibilité de cet interprète qui vit à Londres, après un passage remarqué à la prestigieuse Julliard Art School de New York.
Fervent admirateur de George Enescu – « un génie, après Mozart », souligne-t-il, du calibre de Casals et Toscanini, polyglotte remarquable maniant en toute aisance plus de 12 langues et professeur de Menuhin –, Remus Azoitei ne vibre et ne respire que par la musique. « Pour moi, la musique c'est tout, peut-être un peu trop... », lance-t-il avec un large sourire.

Si le violon a toutes ses faveurs et lui permet de tout exprimer, il n'en demeure pas moins qu'il aurait voulu être aussi chef d'orchestre ou pianiste. « Pour ne pas rester dans le monodique et savourer toutes les nuances et les saveurs des phrases d'une partition... », souffle-t-il entre les dents.
Féru de la sainte trinité (Bach, Brahms et Beethoven), le musicien lorgne aussi du côté de Chostakovitch. Pour ses idoles de l'archet, il invoque en tête de liste ses dieux : Henrik Szeryng et David Oistrakh. Et vient ensuite le cortège de tous les autres qui fascinent. Sans les nommer. « Ce sont des abysses ! » dit-il en plongeant ses mains vers le sol...

Ce soir, pour les mélomanes libanais, il donnera Le concerto pour violon et orchestre de Johan Brahms. Une pièce majeure du répertoire romantique, réputée pour être l'une des œuvres les plus rebelles et difficiles. Et où, entre autres, se sont illustrés Heifez, Huberman et Hahn.
Pourquoi ce choix ? « Sans doute parce que c'est une œuvre qui en met plein la vue et les oreilles, tant pour le public que pour l'interprète. J'ai joué ce concerto depuis que j'ai 18 ans. En tout, grosso modo, plus de 200 fois... Jamais je n'en ai été totalement content ou convaincu. Il y avait toujours quelque chose que je me reprochais. Il faut jouer cela avec un cerveau qui a la maturité d'un vieil homme et le cœur d'un jeune. Aujourd'hui, j'ai atteint le bon niveau et je suis prêt. Cela fait déjà quelques années que je peux dire que j'en suis satisfait.... »
Quelques mots en guise de dernières notes ? « Prière de venir nombreux au concert et de déguster la musique. Et j'espère déjà être de nouveau à Beyrouth.... »

Ce soir, accompagnant l'Orchestre philharmonique du Liban placé sous la baguette de Loubnan Baalbaki à l'église Saint-Joseph (USJ) à 20h30, le soliste violoniste Remus Azoitei donnera « Le Concerto pour violon et orchestre » de Brahms et « La Symphonie n° 5 », dite « Le Destin » de Beethoven. En collaboration avec le Rotary Club de Beyrouth.

Les surfaces d'eaux des bassins du Grand Sérail sont lisses et tranquilles. Au bout de la longue rangée d'arbres qui longe la façade, la statue de Rafic Hariri surveille le centre-ville. En face, les musiciens s'activent devant le portail d'entrée du Conservatoire national supérieur de musique d'où s'échappe, jusqu'à la rue déserte, quelques mesures des répétitions du Concerto pour...

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