Messieurs, savez-vous séduire comme Zeus ?

Un mythe est donc une histoire symbolique exemplaire et, grâce aux histoires des dieux, le symbole passe du concret à l'abstrait. Connaît-on assez ces immortels et comment est-ce qu'ils interviennent encore dans notre vie aujourd'hui ?

Ils ne meurent jamais. Ils ne vieillissent pas. Ils peuvent modifier leur apparence physique et se transformer en homme, femme, animal ou objet. Ce sont les immortels. Dieux grecs ou romains, ils sont vaillants, terribles et souvent infréquentables. Zeus, Athéna, Héra, Apollon, Hermès et les autres, présents dans notre imaginaire, ont bercé notre enfance. Avec leurs flamboyantes histoires d'amour et de mort, leurs folles aventures réinventées à l'infini, ils font partie de notre quotidien.

Mais qui étaient ces dieux et ces héros ? Pourquoi continuent-ils à nous obséder, à infiltrer notre pensée – il suffirait juste de citer Œdipe, pour nommer la pulsion masculine selon Freud, et Électre, pour représenter le complexe féminin correspondant... Selon Jung Mircea Iliade, un mythe est une histoire sacrée qui se situe au commencement des temps et à laquelle on croit. L'histoire est considérée vraie et crédible, au moment où le mythe est créé. Les hommes y ont donc cru.

Si vous les rencontrez dans une de leurs métamorphoses humaines, n'ayez crainte, vous les reconnaîtrez à trois détails : ils ne transpirent jamais, même par grosse chaleur. Ils ne clignent pas des yeux, même en regardant le soleil. Et leur corps ne projette pas d'ombre sur le sol et ne se reflète ni dans l'eau ni dans les miroirs.

Sémélé (ir)radiée
Zeus, père des dieux et des hommes, premier à venir à l'être. Celui à la foudre éclatante. Zeus, ce sixième enfant sauvé par sa mère et nourri au lait de chèvre. A-t-il disparu avec le temps ? En réalité, il est partout.
Au départ, Zeus a eu une femme comme tous les hommes. Héra, son épouse, était sa sœur, et lui a donné trois enfants. Trois divinités : Hébé, la jeunesse, Arès, dieu de la guerre, et Ilithye, déesse de l'accouchement. Si Héra était la première des déesses, elle était aussi la plus désagréable et la plus jalouse. Elle espionnait son mari et le faisait suivre car elle le soupçonnait de toutes les trahisons. Au comportement plus qu'humain, elle multipliait les reproches à son encontre et cachait ses bouteilles de nectar lorsqu'elle trouvait qu'il buvait trop. Quel homme aujourd'hui ne se reconnaîtrait pas dans Zeus et quelle femme ne nierait pas être Héra ? Oui, le roi des dieux aimait séduire. Il trompait son épouse avec des déesses et des mortelles (et même un garçon, Ganymède, qu'il a dû kidnapper...).

Tel était le cas de Sémélé, une jeune princesse thébaine de toute beauté. Pour elle, Zeus a dû prendre une forme humaine. Mais cette mortelle a fait la difficile comme toutes les femmes. Elle a cependant fini par céder aux avances de Zeus, lorsqu'il lui a révélé sa véritable identité. N'est-ce pas également le cas de certaines femmes séduites par le pouvoir et l'argent ? Mais Sémélé voulait plus. Toujours plus. Erreur monumentale. Lors d'une nuit d'amour, elle demande une faveur à Zeus, qui n'aimait rien refuser aux femmes. «Montrez-vous à moi dans toute votre splendeur divine», lui dit-elle. Et Zeus a tenu parole. «Tu l'auras voulu», lui dit-il tristement et il reprit sa forme divine. Aussitôt Sémélé s'enflamma comme une torche. Mais, auparavant, elle a eu le temps de lui dire dans un dernier soupir de sauver l'enfant qu'il lui avait fait. C'est ainsi que Zeus porta l'enfant dans sa cuisse. Et c'est pourquoi, quelques mois plus tard, Bacchus est né de la cuisse de Jupiter...
Bacchus (Dionysos) étant le fils d'une mortelle, n'aurait dû être qu'un demi-dieu, mais Zeus l'ayant porté lui-même décidera d'en faire un dieu à part entière.

Morale de histoire: attention aux jeux de la séduction! Ils portent en eux des engagements et des promesses à honorer. Aux conséquences parfois fâcheuses.

Pour la petite histoire
On raconte que Héra, jalouse, emprunta les traits de Béroé, la nourrice de Sémélé, et conseilla à sa rivale de demander à Zeus de lui montrer son vrai visage.