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Lifestyle - Beyrouth insight

« La chorégraphie de masse, une question de détails »

De la danse en solo à la chorégraphie de masse, en
passant par l'architecture et le paysagisme, il aura suffi d'un mélange de grâce intellectuelle, émotionnelle et physique pour réussir un beau tableau. Soha Frem les a.

Photo C.H.

Des milliers de personnes qui dansent en ouverture et en clôture des Jeux olympiques d'hiver ou d'été, pour Soha Frem, c'est du paysagisme, mêlé à de l'architecture. C'est apprivoiser l'espace, le redessiner. Le combler avec des corps, plus encore, des humains qui évoluent, se groupent, se séparent, se fondent pour créer des spectacles visuels assez extraordinaires. En tout cas inoubliables. Pour tous.
La jeune femme, que l'on devine sportive, danseuse, parfaite organisatrice de l'espace, n'a pas oublié les émotions, tellement multiples. L'intensité des mois de préparations qui ont précédé les JO et paralympiques auxquels elle a pris part. Shanghai en 2007, Vancouver en 2010, Londres en 2012, Sotchi en 2014 et Toronto en 2015. « Chaque événement est différent, confie-t-elle avec un grand sourire, un sourire franc. Bien plus qu'un événement sportif, les JO sont des lueurs d'espoir. Une belle opportunité de réunir des énergies très positives, qu'il s'agisse des sportifs ou des volontaires. De découvrir l'histoire d'un pays, la culture d'un peuple. » « Trois heures de live devant le monde entier, poursuit-elle, la faute y est irréversible. Erreur humaine, imprévus météorologiques ou techniques, les accidents, nombreux, sont possibles. Et quand ils ont lieu, ils sont graves. »

Eh bien dansez, maintenant !
« Avant, je dansais, maintenant je fais danser ! » Soha Frem a fait ses premiers pas de petit rat à 5 ans, s'épanouissant sur la pointe de ses ballerines ou de ses skis (elle a été championne du Liban de ski en 2003). Elle a également fait 10 ans de théâtre et autant de piano au Conservatoire national. Elle entreprendra cependant des études apparemment moins artistiques. Officiellement ingénieure agricole et paysagiste, diplômée de l'AUB, avec une spécialisation en développement international et sciences politiques à la London School of Economics and Political Science, un concours de circonstance va l'amener à faire partie de ces magiciens d'un spectacle démesuré, construit à l'échelle du monde. Appelée à participer à des auditions pour les Jeux asiatiques de Qatar qui ont eu lieu à Doha en 2006, elle se rend à contrecœur et y rencontre un producteur autrichien, David Atkins, qui avait déjà participé à l'organisation des spectacles des JO de Sydney. Trois danseurs sont choisis. Ils vont également apprendre à jouer les assistants chorégraphes. « Tout était nouveau pour moi. Non seulement les pas de danse, mais surtout les mouvements, le côté logistique, opérationnel et artistique de ces énormes productions. J'ai commencé à comprendre le concept de chorégraphie de masse. » « Au début, on crée le pas, poursuit-elle, puis la composition des formes, tellement proche du design et de l'architecture d'un lieu. C'est en fait du paysagisme humain en mouvement. » Soha va travailler sous la baguette magique et le regard de Steve Boyd, célèbre chorégraphe de masse qui a à son actif, entre autres, 13 JO, quelques Super Bowl Halftime Shows, le Dubaï World Cup ou encore Save the Children. « Nous formons un petit cercle qui se déplace d'un événement à l'autre. »

Eh bien discutez, maintenant !
En attendant une réponse qui doit tomber très bientôt, en espérant sa participation (chorégraphique) aux JO de Rio, l'an prochain, Soha Frem poursuit un parcours diversifié. Depuis 2013, date de la création de Urban Fabraca avec David Sacca (architecte humanitaire), Soraya Frem Baroud (designer industrielle), Rani Smayra (avocat) et Hala Abi Saad, ce groupe de volontaires propose un support logistique aux municipalités. Un moyen de permettre aux institutions publiques de réaliser des projets, comme ce fut le cas avec la municipalité de Jounieh pour la réhabilitation du port de pêche et le marché de poissons de la coopérative, financée par USAid. Depuis 2011, elle collabore aussi auprès des Nations unies dans un programme de développement sur le règlement des conflits de la région. « Une initiative qui analyse les conflits et tente de faciliter les dialogues entre les différents partis politiques. » « Même si cet exercice est dur, souvent déprimant, il ne doit pas s'arrêter. Je ne suis pas une personne forcément optimiste, rajoute-t-elle. Rêveuse, peut-être. Persévérante, surtout. »
Nouveau sourire, qui facilite sûrement les dialogues...

 

Pour mémoire
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Des milliers de personnes qui dansent en ouverture et en clôture des Jeux olympiques d'hiver ou d'été, pour Soha Frem, c'est du paysagisme, mêlé à de l'architecture. C'est apprivoiser l'espace, le redessiner. Le combler avec des corps, plus encore, des humains qui évoluent, se groupent, se séparent, se fondent pour créer des spectacles visuels assez extraordinaires. En tout cas...

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