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Moyen Orient et Monde - Libye

Après Kadhafi, l’absolu chaos...

La situation sécuritaire et politique dans l'ancienne Jamahiriya va de mal en pis, d'autant plus que la présence de l'État islamique ne laisse espérer aucune amélioration, bien au contraire.

Une image prise par un téléphone portable montrant Mouammar Kadhafi à Syrte, arrêté et maltraité par une foule en colère, le 20 octobre 2011. AFP Photo/Reproduction Philippe Desmazes

Libye, janvier 2016. Cinq ans après la révolte qui a conduit à la chute de Mouammar Kadhafi, toujours rien. Pire encore : saisissant une occasion inespérée, l'État islamique (EI) y a allègrement planté son drapeau ; deux Parlements distincts et rivaux gouvernent chacun, jusqu'à nouvel ordre, une partie du pays, certaines régions sont quasiment livrées à elles-mêmes, etc. Cinq ans après la révolte qui a poussé des milliers de Libyens à s'armer et à combattre les forces du régime autoritaire qui les a réprimés dans le sang rien n'a été accompli. Chacun y va de son propre agenda, au niveau local, régional et international même. Entre-temps, le soulèvement généralisé a permis à de nombreux groupes de s'emparer des armes abandonnées des troupes du régime, dont el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi).

Il n'aura fallu que quelques mois (de février à octobre 2011) aux insurgés pour constituer un Conseil national de transition (CNT), (faire) tuer Kadhafi et « libérer » le pays, en grande partie grâce à l'aide d'une intervention occidentale éclair et polémique qui se termine dès le lendemain de la mort du guide la révolution. Pour de nombreux observateurs, cette intervention formée sous l'égide de l'Onu a largement dépassé son mandat originel, plusieurs bâtiments gouvernementaux ayant été bombardés par l'Otan, entre autres.
Les quelques mois qui ont suivi la « fin » de la révolution libyenne à l'automne 2011 ont vu, de manière prévisible, le pays se débattre dans d'interminables problèmes sécuritaires, politiques, économiques. Le CNT a cédé la place au Congrès général national (CGN). Jusqu'à l'été 2014, le CGN change de président, organise plusieurs scrutins.
Le chaos ambiant et les désaccords finissent par avoir raison des instances gouvernementales en place, et deux Parlements se forment. Le CGN, qui siège à Tripoli, et qui est soutenu par les islamistes, dont la coalition de milices Fajr Libya (Aube de la Libye), et le gouvernement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, issu des élections législatives du 25 juin 2014, mais invalidé par le CGN.

Combats continuels
Parallèlement au chaos politique, les combats dans plusieurs régions du pays ne s'interrompent pas. Des micromilices armées ont fait leur apparition, refusant de s'intégrer à l'armée régulière. Dans le sud, les nombreuses tribus (Toubous nomades, Touaregs...) s'affrontent en permanence pour des considérations territoriales. De son côté, le général Khalifa Haftar, un officier supérieur du temps de Kadhafi, puis chef d'état-major lors de l'insurrection, avant de devenir commandant en chef de l'armée nationale libyenne en 2015, a déclaré la guerre aux islamistes (l'opération Dignité), notamment à Benghazi, deuxième ville du pays et berceau de la révolution.
Pendant ce temps, le pays est devenu la plaque tournante d'une immigration clandestine en croissance constante, et destinée à desservir l'Europe notamment. La production de pétrole, qui constituait avant la guerre la plus grande partie des revenus du pays, est dans un état critique, sans cesse menacée par une exploitation illégale, des affrontements autour des structures d'exploitation pétrolifères, des grèves, des blocus,...

À plus d'une reprise, des négociations de paix entre les deux gouvernements de Tripoli et de Tobrouk ont laissé espérer une accalmie, sinon la paix. Un accord a même été conclu le 17 décembre 2015 dans la station balnéaire de Skhirat, au Maroc, sous l'égide de l'Onu, avant d'être rejeté par les signataires même. Mais l'interventionnisme occidental systématique dans ce que les Libyens estiment être leurs pourparlers pose problème, d'autant plus qu'ils ont été obligés à former un gouvernement d'union nationale, malgré des dissensions a priori irréconciliables.
La situation devient urgente : le Maghreb comme l'Europe sont directement visés par la menace de l'EI en Libye. Il s'agit aujourd'hui de prendre l'EI de vitesse, alors qu'il est en pleine expansion dans plusieurs régions du pays, notamment à Syrte où les jihadistes ont imposé leur terrible loi, avant qu'il ne soit trop tard et qu'il s'y implante durablement. Malheureusement, il semblerait que ce scénario soit déjà en cours.

 

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