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Moyen Orient et Monde - Égypte

En Égypte, la victoire de la contre-révolution

Nouveau pharaon, le président Sissi a répété et amplifié le modèle conçu par ses prédécesseurs pour s'accaparer le pouvoir et faire taire toute forme de contestation.

Manifestation place Tahrir au Caire, le 8 avril 2011. AFP/Misam Saleh

Le Caire, 25 janvier 2011. Suite à un appel sur Facebook, des dizaines de milliers d'Égyptiens défilent dans les rues. Ils dénoncent la corruption et les inégalités, et réclament la liberté et le départ du raïs Hosni Moubarak. Malgré les menaces et l'interdiction de la part des autorités de manifester à nouveau, le mouvement prend de l'ampleur, jour après jour. La place Tahrir devient le symbole de la révolution naissante. Le 1er février, des millions de personnes défilent dans toute l'Égypte. Des grèves sont décrétées dans tous les secteurs. Le monde a les yeux fixés sur ce pays et craint alors un affrontement brutal entre les manifestants et l'armée.

Mais l'armée égyptienne va se désolidariser de son ancien président et faire pression sur lui pour qu'il annonce sa démission, le 11 février. Après dix-huit jours de mobilisation sans précédent, le peuple égyptien a obtenu gain de cause. L'armée a sacrifié le président Moubarak pour apaiser la situation.
Le 24 juin 2012, Mohammad Morsi est élu président de la République au cours du premier scrutin libre de l'histoire du pays. Le candidat des Frères musulmans, qui s'étaient tenu à l'écart des manifestations de 2011, permet à la confrérie d'accéder au pouvoir, 84 ans après sa naissance. Les printemps arabes sont alors décriés pour leur tournure, certains médias évoquant même le terme d'automne islamiste.

L'arrivée au pouvoir de M. Morsi n'est pas sans impact sur la politique étrangère de l'Égypte. Le Caire se rapproche de Doha et d'Ankara, sponsor régional des Frères musulmans, et ses relations avec Riyad se refroidissent sérieusement. M. Morsi tente, en outre, une ouverture vers l'Iran, et négocie avec le Hamas, remettant en question le traité de paix avec Israël. L'accession au pouvoir du représentant des Ikhwane bouleverse l'équilibre régional et met en exergue les nombreuses fissures au sein du monde sunnite.
Sur la scène intérieure, M. Morsi est accusé de chercher à ikhwaniser l'Égypte en plaçant plusieurs membres des Frères à des postes emblématiques. La relation qu'entretient la confrérie au pouvoir est de plus en plus critiquée, notamment par l'humoriste Bassem Youssef, donnant l'impression que l'Égypte était en train de revenir en arrière. Les forces en présence au sein de la scène politique n'ont pourtant jamais été aussi nombreuses et rendent caduques toutes les anciennes analyses : Frères musulmans, salafistes, gauche nassérienne, libéraux, sans compter les mouvements de la jeunesse, tissent tour à tour des alliances qui peuvent parfois apparaître comme contre nature.

Guerre contre le terrorisme
Mohammad Morsi ne résistera pas à la montée de la contestation populaire, qui bénéficie de l'appui de l'armée, elle même soutenue par l'Arabie saoudite. Le 3 juillet 2013, des millions d'Égyptiens défilent dans la rue pour réclamer la destitution du raïs. L'armée récupère officiellement le pouvoir, qu'elle n'avait jamais réellement perdu, suite à un coup d'État. Malgré son obsession du pouvoir, la confrérie n'aura pas réussi à écarter l'armée. L'ironie du sort a voulu que ce soit Abdel Fattah al-Sissi, qui avait été nommé chef d'état-major de l'armée égyptienne par M. Morsi, qui annonce sa destitution.

Présenté comme le sauveur de l'Égypte, comparé à Gamal Abdel Nasser, M. Sissi devient le nouveau raïs le 28 mai 2014, en obtenant 96 % des voix. Un score qui rappelle aux observateurs étrangers les vieux démons du passé. Plus d'un an et demi après son élection, la sissimania ne faiblit pas. Le nouveau pharaon a répété et amplifié le modèle conçu par ses prédécesseurs pour s'accaparer le pouvoir et faire taire toutes formes de contestation. Les Frères musulmans font l'objet d'une chasse aux sorcières. Les opposants sont muselés et envoyés en prison. La guerre contre le terrorisme devient le leitmotiv de l'équipe dirigeante, le seul programme politique.
S'appuyant sur les réseaux d'affaires, sur les médias et sur l'armée, profitant d'une aide de plusieurs milliards de dollars de la part de Riyad, M. Sissi sonne la victoire de la contre-révolution. Les dernières élections législatives, ayant mobilisé, selon les chiffres officiels, moins de 30 % des Égyptiens, sont un signe indéniable du recul de la démocratie. De la même façon, le fait que les Égyptiens aient cru et continuent à croire aux thèses complotistes, alimentées par les médias, concernant l'attentat en novembre dernier contre l'avion russe dans le Sinaï, est un signe indéniable du recul de l'esprit critique.
Une maladie qui semblait avoir été soigné par ce qui fut autrefois appelé les printemps arabes...

 

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commentaires (1)

Nouveau pharaon, le président Sissi a répété et amplifié le modèle conçu par ses prédécesseurs pour s'accaparer le pouvoir et faire taire toute forme de contestation. PLUITOT QUE DE PHARAON/PRESIDENT C'EST DE GANGSTER/PRESIDENT OU D'AL CAPONE GALONNEES QU'IL FAUDRAIT PARLER DANS DES PAYS/REGIMES OU LES ARMEES NATIONALES SE SONT TRAANSFORMEES EN ARMEES D'OCCUPATION NATIONALE ET L'ASSASSINAT/EXTERMINATION DES OPPOSANTS EN METHODE DE GOUVERNEMENT.PAR CHABIHHA/BALTAGIYYA INTERPOSEES.

Henrik Yowakim

03 h 27, le 25 janvier 2016

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Commentaires (1)

  • Nouveau pharaon, le président Sissi a répété et amplifié le modèle conçu par ses prédécesseurs pour s'accaparer le pouvoir et faire taire toute forme de contestation. PLUITOT QUE DE PHARAON/PRESIDENT C'EST DE GANGSTER/PRESIDENT OU D'AL CAPONE GALONNEES QU'IL FAUDRAIT PARLER DANS DES PAYS/REGIMES OU LES ARMEES NATIONALES SE SONT TRAANSFORMEES EN ARMEES D'OCCUPATION NATIONALE ET L'ASSASSINAT/EXTERMINATION DES OPPOSANTS EN METHODE DE GOUVERNEMENT.PAR CHABIHHA/BALTAGIYYA INTERPOSEES.

    Henrik Yowakim

    03 h 27, le 25 janvier 2016

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