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Moyen Orient et Monde - Manifestations

La Tunisie décrète un couvre-feu face à une contestation inédite depuis 2011

Pour le président, « des mains malveillantes sont intervenues et ont enflammé la situation ».

De jeunes Tunisiens saccageant et pillant à Ettadhamen, à l’ouest de Tunis. Fethi Belaid/AFP

Un couvre-feu nocturne a été décrété hier dans toute la Tunisie, après plusieurs jours d'une contestation sociale inédite par son ampleur et sa durée depuis la révolution de 2011.
Le couvre-feu a été décrété de 20h00 à 05h00 « au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la patrie et des citoyens », selon le ministère de l'Intérieur.
Dans la nuit de jeudi à hier, des actes de « pillage » et de « saccage » ont été enregistrés à Cité Ettadhamen, un quartier populaire du Grand Tunis, et 16 personnes ont été arrêtées d'après les autorités. Deux magasins ainsi qu'une agence bancaire ont été saccagés, selon une journaliste de l'AFP.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Walid Louguini, a dénoncé une « tentative de la part de criminels de profiter de la situation ». « Les violences contre les biens publics et privés seront sévèrement punies », a-t-il prévenu.
Hier matin à Kasserine, des centaines de personnes se sont rassemblées comme les jours précédents devant le gouvernorat pour demander une réponse à leurs revendications, sans incidents, d'après une journaliste de l'AFP. Plusieurs personnes, dont des membres des forces de l'ordre, ont toutefois dû intervenir pour empêcher un homme de s'immoler par le feu. Il a ensuite été transporté, inconscient, à l'hôpital, selon la même source.
Un calme précaire régnait non loin de là à Sidi Bouzid, où des heurts avaient opposé le matin policiers et manifestants – des chômeurs ainsi que des écoliers et lycéens – d'après un correspondant de l'AFP.
C'est à Sidi Bouzid que le vendeur ambulant Mohammad Bouazizi s'est immolé par le feu fin 2010, un geste qui a déclenché la révolution.

Exclusion sociale
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a reconnu hier soir que la contestation contre le chômage et l'exclusion sociale qui agite son pays était « naturelle », tout en accusant des « mains malveillantes » de chercher à récupérer la situation. Ces protestations « dans des régions dont nous savons qu'elles sont défavorisées, comme Kasserine et d'autres, sont naturelles », a déclaré M. Caïd Essebsi dans une allocution télévisée.
« Il n'y a pas de dignité sans emploi (...). On ne peut pas dire à quelqu'un qui n'a pas à manger : patiente encore », a-t-il ajouté.
Mais l'actuel gouvernement, « qui a moins d'un an, s'est retrouvé face à une situation très difficile, un chômage étouffant : environ 700 000 chômeurs dont 250 000 ou 300 000 jeunes diplômés », a expliqué le président.
Et surtout, a accusé le chef de l'État, « après le début de ces manifestations des mains malveillantes sont intervenues et ont enflammé la situation. Et nous informons ces gens qu'ils sont tous connus, fichés et que leurs appartenances partisanes sont connues, qu'il s'agisse de partis légaux ou interdits ».
De Paris, où il a rencontré le président François Hollande, le Premier ministre Habib Essid a affirmé que la situation était « actuellement maîtrisée » en Tunisie. Il doit présider un Conseil des ministres exceptionnel aujourd'hui.
En outre, le Premier ministre tunisien a dit sur France 24 « comprendre la réaction des gens, mais nous avons un héritage que nous devons gérer », citant les défis sécuritaire, social et économique. « Nous n'avons pas de baguette magique pour donner de l'emploi à tout le monde en même temps », a-t-il ajouté.

Plan de soutien
Plusieurs organisations, dont la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et Oxfam, ont appelé « à l'adoption d'un modèle économique dont l'objectif est la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales », en disant leur « déception » face à l'inaction des différents gouvernements.
De son côté, M. Hollande a annoncé un plan de soutien à la Tunisie d'un milliard d'euros sur les cinq prochaines années, visant notamment « à aider les régions défavorisées et la jeunesse, en mettant l'accent sur l'emploi ».
« Il s'agit de la crise sociale la plus grave depuis 2011 », a déclaré à l'AFP l'analyste indépendant Sélim Kharrat.
Par ailleurs, des responsables tunisiens ont appelé au calme. « Nous aimerions que le citoyen fasse preuve d'un peu de sagesse, qu'il sache qu'il est de notre intérêt de préserver la Tunisie », a dit sur Shems FM le ministre de la Fonction publique Kamel Ayadi.
Enfin, le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a indiqué à l'AFP que « des unités supplémentaires » de l'armée avaient été déployées en renfort dans tous les gouvernorats pour assurer « la protection des institutions publiques mais aussi des institutions privées sensibles ».

(Source : AFP)

Un couvre-feu nocturne a été décrété hier dans toute la Tunisie, après plusieurs jours d'une contestation sociale inédite par son ampleur et sa durée depuis la révolution de 2011.Le couvre-feu a été décrété de 20h00 à 05h00 « au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la...

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