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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Lutte contre l’EI : la coalition court toujours derrière son ennemi

Un drapeau de l’État islamique sur une colline à Tel Abyad en septembre 2014. Stringer/Files/Reuters

Objectif Raqqa et Mossoul pour 2016. Réunie mercredi à Paris, la coalition internationale contre l'organisation État islamique (EI) a annoncé sa volonté de détruire « les centres vitaux de l'EI », donc de s'attaquer à ses deux capitales en Syrie et en Irak. Lancée en septembre 2014, la coalition internationale regroupant des pays occidentaux et arabes entre ainsi, d'une certaine façon, dans sa troisième phase.
Sans stratégie clairement définie et en l'absence d'un allié suffisamment fort et respectable sur le terrain, elle a tout d'abord cherché à « contenir » la progression de l'organisation jihadiste, selon les propres mots du président américain Barack Obama. Malgré cette première phase, l'EI a continué de progresser en Syrie et en Irak en s'emparant notamment de Ramadi et de Palmyre en mai 2015.

Deux évolutions majeures ont ensuite amené la coalition a entamer une nouvelle phase qui visait à intensifier les raids contre l'organisation jihadiste. Un : l'intervention russe en Syrie qui a entraîné, de facto, la formation d'une autre coalition contre l'EI. Deux : les attentas de Paris qui ont abouti, à l'instar du 11-Septembre, à une sorte de déclaration de guerre mondiale contre le terrorisme. Les Français ont alors essayé de mettre en place une coalition unique, regroupant Russes et Américains, mais les divergences de position entre les deux pays concernant le sort du président syrien Bachar el-Assad sont apparues difficile à combler.

La phase deux, marquée par la concomitance des raids russes et occidentaux, a permis de reprendre du terrain à l'EI, que ce soit en Syrie, avec l'avancée des Kurdes et des forces du régime, ou en Irak, sous l'impulsion de l'armée. Ciblant notamment les installations pétrolières, qui constituent une ressource importante pour l'organisation, les frappes aériennes n'ont pas pour autant suffi à affaiblir réellement l'organisation jihadiste. Non seulement l'EI n'a perdu aucune de ses positions vitales en Syrie et en Irak, mais en plus il s'est développé dans d'autres pays et fait désormais peser une menace permanente d'attentats dans plusieurs régions du monde.
Il a ainsi, dans le même temps, changé les règles du jeu et étendu le théâtre des combats. À l'instar de ce qu'il avait fait en Syrie et en Irak, l'EI est en train de profiter d'une situation chaotique pour s'étendre en Libye, au Yémen, dans le Caucase ou encore en Afghanistan, obligeant les Occidentaux à réagir et créant un sentiment continu de panique.


(Lire aussi : La coalition internationale prête à accélérer le rythme dans sa lutte contre l'EI)


La guerre globale contre le terrorisme se retrouve ainsi confrontée à ses propres limites et paradoxes. Elle donne l'impression de toujours courir derrière son ennemi.
À défaut de solutions politiques, la guerre contre le terrorisme oblige ceux qui la mènent à tisser des alliances de circonstances avec ceux qu'ils considéraient être leurs ennemis d'hier. Aujourd'hui, la coalition s'appuie en Syrie sur les Kurdes du YPG (Unité de protection du peuple), branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan, alors que le PKK est sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne et des États-Unis. En Irak, les milices chiites, qui ont combattu les Américains dans les années 2000, ne peuvent pas se prévaloir du statu d'allié, mais la présence de l'EI semble les rendre plus fréquentables aux yeux des Occidentaux. Qu'en sera-t-il en Libye, au Yémen et en Afghanistan, où les principaux opposants à l'EI sont respectivement les frères musulmans, les houthis et les talibans ? C'est comme si la lutte contre l'EI dynamitait les anciennes divisions entre modérés et radicaux et rendaient ainsi complètement absurdes les anciennes guerres contre le terrorisme. De là à remettre en question le principe même de guerre contre le terrorisme, il n'y a qu'un pas.

 

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