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Lifestyle - This is America

Déchets politiques au Liban, déchets haute couture ailleurs...

Il y a déchets et déchets. Ceux qui paralysent les institutions de l'État et ceux qui sont source esthétique de prise de conscience écologique.

Un look industriel.

Des djinns «féminines», ces esprits omniprésents en Afrique, émergeant de la mer parées de tenues aux somptueux contours, comme sorties des crayons d'un célèbre désigner. Traînes majestueuses, bustiers élancés et coiffes spectaculaires. À l'instar de celles taillées dans des tissus précieux. Sauf que ces personnages, plus grands que nature et à la folle allure, sont habillés de boîtes de conserve, de jouets déglingués, de coquillages, d'emballages usés, de déchets plastiques et autres rebuts de la société de consommation. Tout ce que, dans les pays du tiers-monde, l'on jette à la poubelle dans un geste sauvage sans se soucier des conséquences irréversibles pour l'environnement. Fabrice Monteiro s'en soucie, lui, puisqu'on lui doit la création de ces djinns. Un cri d'alarme, un geste entrepris pour conjurer le spectre de la détérioration de l'environnement, la pollution, la déforestation, qu'il a réalisé en immortalisant ses pièces avec sa caméra à travers 9 magnifiques clichés réunis sous le titre The Prophecy. Le musée d'art moderne de la Louisiane les a récemment exposés et la revue d'art du Smithsonian vient de les publier.

Fabrice Monteiro, de père béninois et de mère belge, ayant grandi au Bénin dans les années 80, décide de rentrer en Afrique de l'Ouest après une longue période vécue à l'étranger. Ingénieur industriel de formation, puis mannequin improvisé et photographe talentueux, il s'installe à Dakar. Mais il ne reconnaît plus le rivage sénégalais, « tapissé de vieux filets de pêche, le sang des abattoirs se déversant dans la mer, les sacs en plastique accaparant les arbres en guise de feuillage. Un choc de voir comme tout était devenu pollué», a-t-il alors confié.

Une haute couture taillée dans les déchets
Pour dénoncer la catastrophe écologique, l'artiste s'allie avec l'ONG Ecofund et le designer sénégalais Doulsy (Jah Gal), et crée des costumes d'un autre monde, très haute couture, à partir de déchets recueillis à travers tout le pays. Ils sont destinés à vêtir des personnages inspirés par l'antique déesse grecque Gaïa, considérée comme mère nature. Les personnages de Fabrice Monteiro sont des djinns « féminines » envoyées par Gaïa. Cette dernière, fatiguée de ne pouvoir maintenir les cycles de la nature face à la surconsommation et à la pollution, elle les a chargées de porter aux humains un message «d'avertissement et de prise en charge», selon leur auteur. Les djinns-femmes ont été placées dans différents sites en périls. «Avec leur regard qui porte loin, sans doute vers de meilleurs horizons», elles en imposent par leur taille, leur gestuelle et leurs atours. Elles ne peuvent passer inaperçues, afin que grands et petits n'échappent pas à leur mise en garde contre la folie destructrice de l'homme. L'une, transformée en arbre géant entouré de flammes, s'élève dans la région de Tambacounda, où le feu détruit chaque année environ 700000 hectares de forêts.

Entre photoreportages et photos de mode, Fabrice Monteiro, prophète en son pays, s'est également tourné vers le portrait pour associer son expérience artistique à ses racines. Avant The Prophecy, il avait braqué sa caméra sur des sujets qui le touchent particulièrement: notamment, en 2010, l'histoire des esclaves au Bénin; les enfants rescapés du génocide au Burundi ; les luttes dans la société sénégalaise. Profondément transculturel, il projette un double regard. Ainsi, il a dépassé le stéréotype de l'Afrique, nid de violence et de pauvreté, pour mettre en relief la beauté du paysage sénégalais, révélant à travers son optique esthétique combien on peut upcycle (recycler en mode haut de gamme) les résidus des hyperactivités de la vie moderne et surtout tout ce qu'il reste à faire pour sauver la nature africaine.

 

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