Avec un taux de participation de 83 % aux élections internes, le Courant patriotique libre a donné dimanche une leçon de démocratie et de dynamisme aux Libanais. Le choc provoqué par le compromis au sujet de la présidence de ce parti (qui avait suscité quelques remous internes) a été largement dépassé. D'abord, à travers la manifestation massive à laquelle avait appelé le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Aoun, au cours de l'été, et, ensuite, par le biais des élections qui se sont déroulées dimanche. C'est en tout cas la première fois qu'un parti politique libanais lance des élections internes sur l'ensemble du territoire national dans l'enthousiasme des adhérents, animés par une rivalité saine, sans la moindre fausse note, et même sans la moindre déclaration désobligeante entre les membres des différents courants.
Si le processus électoral adopté par le parti peut paraître compliqué, il n'en demeure pas moins que la base aouniste a pu choisir hier en toute liberté les listes de ses représentants dans les différents mohafazats. Les pro et les anti-nouveau chef du parti Gebran Bassil se sont exprimés en toute sérénité et surtout en toute liberté. Dans certaines régions, il y a eu des listes de coalition entre les deux courants et dans d'autres, notamment à Achrafieh et Jbeil, deux listes se sont affrontées, mais le perdant s'est empressé de féliciter le gagnant. Ceux qui avaient misé sur un éclatement du CPL ou sur un approfondissement des rivalités internes en sont donc pour leurs frais.
Certaines rumeurs avaient même fait état d'une intervention du général Chamel Roukoz dans le cours des élections. Mais ces rumeurs ont été démenties par les faits. Le général Roukoz ne s'est pas mêlé des élections, laissant le jeu démocratique suivre son cours. Son rôle s'est limité à tenter de rapprocher les points de vue, lorsqu'il y avait des conflits dans lesquels il pouvait intervenir. Les élections se sont donc déroulées sans aucun problème, renforçant la démocratie au sein de ce parti naissant qui a voulu donner une image saine et positive de ses débats internes, dans le respect de la diversité. La majorité des partisans salue d'ailleurs les efforts déployés par l'infatigable chef du parti Gebran Bassil qui n'a cessé de pousser les partisans à s'impliquer dans les élections. Dans la journée de dimanche, il a d'ailleurs sillonné la plupart des régions libanaises, du Akkar à Jezzine en passant par la Békaa jusqu'au siège principal du parti au centre Myrna Chalouhi...
Ces élections ont donc en quelque sorte permis de confirmer la présidence de Gebran Bassil, qui avait l'air fragilisée par le compromis conclu pour éviter un combat de chefs. Désormais, le ministre des Affaires étrangères a fait ses preuves, réussissant à mener cette étape délicate de l'élection des cadres régionaux du parti dans un esprit de démocratie et de participation. Il est ainsi parvenu à absorber le mouvement de contestation interne en permettant à chacun de participer et de s'exprimer par le biais d'un système proportionnel qui donne à chacun sa place au sein du parti. En appliquant le mode de scrutin proportionnel pour ses élections internes, le CPL a voulu adresser un message aux autres composantes politiques du pays pour leur montrer que le scrutin proportionnel permet à tous les courants d'exister et de participer à l'exercice du pouvoir, selon leur poids au sein de la base populaire. Au Liban, où les divergences sont grandes entre les partis et même au sein de certains courants, la proportionnelle reste donc le meilleur moyen d'aplanir les obstacles en évitant l'exclusion qui radicalise et ouvre la voie à la déstabilisation. Le CPL a donc voulu donner l'exemple en espérant que ce modèle sera retenu pour les prochaines législatives.
Au Liban, où la plupart des partis ont encore des structures obsolètes basées sur la famille, l'hérédité ou la concentration des pouvoirs entre les mains du chef, le CPL a donné dimanche une image positive et moderne, basée sur la participation. Le processus de formation des équipes n'est pas encore achevé, et il reste encore plusieurs étapes à traverser, notamment la formation du conseil politique et du conseil national, ainsi que la constitution de nombreuses commissions, mais le ton est déjà donné. Certaines critiques ont été faites à Bassil, l'accusant de vouloir malgré tout concentrer le pouvoir entre ses mains, à travers des nominations dans les postes de commandement. À cela, ses proches répondent qu'il ne peut pas non plus être un chef sans prérogatives et sans instruments pour agir. Ce qui est sûr, c'est que la première étape a été franchie sans problèmes. Le CPL et son chef doivent encore faire leurs preuves dans la pratique, mais il est certain qu'ils ont ouvert une nouvelle voie pour les autres partis politiques... et pour les institutions publiques.
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commentaires (6)
On s attendait de toute evidence a entendre par ci et par là des voix dissonantes qui n ecorchent plus nos oreilles immunisees contre les couacs . .Que diront ces memes voix , au lendemain de l accord de leur hakim avec le general .. Verra-t' on des suicides collectifs ou des beni -oui -oui des partisans du chef des F l ? De toute maniere , et nolens volens , le train est desormais en marche . Esperons que plus rien ne pourra l arreter et que l epoque des "david contre goliath " soit a jamais revolu revolue .
Hitti arlette
15 h 27, le 19 janvier 2016