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Moyen Orient et Monde - Conflit

Méfiante, la Chine met en avant sa « retenue » après l’élection à Taïwan d’une présidente opposée à Pékin

Tsai Ing-wen, du Parti démocratique progressiste, suscite la méfiance du gouvernement chinois. Damir Sagolj/Reuters

La Chine a mis en avant sa « retenue » après l'élection à Taïwan d'une présidente opposée à Pékin, en dépit d'avertissements sur une éventuelle tentation indépendantiste de l'île. Tsai Ing-wen, candidate du Parti démocratique progressiste (PDP), a enregistré samedi une victoire écrasante pour devenir la première femme à diriger Taïwan, infligeant au parti au pouvoir du Kuomintang (KMT), artisan du rapprochement avec Pékin, une défaite historique.
« Le continent affiche de la retenue », a constaté hier en une le journal Global Times, le reste de la presse officielle se montrant globalement attentiste.
Pékin « n'a aucun intérêt à afficher une position pour l'instant, qu'elle soit ferme ou modérée, car il attend la position du PDP sur la politique » d'une seule Chine «, a déclaré hier à l'AFP Tang Yonghong de l'Institut de recherche sur Taïwan de l'université de la ville de Xiamen, qui fait face à l'île ».

Mme Tsai « biguë »
Un consensus tacite conclu en 1992 entre Pékin et Taipei veut qu'il n'y ait qu'« une seule Chine » et laisse à chaque partie le loisir d'interpréter cela comme elle l'entend. Mais le texte n'a jamais été reconnu par le parti d'opposition de Tsai Ing-wen, qui a cependant affirmé samedi vouloir préserver le « statu quo » actuel avec les autorités continentales, modérant le discours traditionnellement indépendantiste du PDP.
« Si (Mme Tsai) décide de se séparer complètement du continent, elle se retrouvera dans une impasse », a cependant averti Zhou Zhihuai, directeur de l'Institut des études taïwanaises de l'Académie chinoise des sciences sociales, cité hier par le Global Times dans son édition chinoise.
Taïwan est séparée du continent depuis 1949, année où les nationalistes du KMT s'y étaient réfugiés après avoir été vaincus par les communistes, et Pékin, qui considère toujours l'île comme une partie intégrante du territoire chinois, met régulièrement en garde Taipei contre toute velléité d'indépendance.
« La politique (de Tsai Ing-wen) à l'égard du continent est ambiguë » et elle « a la responsabilité de maintenir le développement des relations entre les deux côtés du détroit (de Formose ndlr) sur de bons rails », soulignait hier un éditorial du journal officiel China Daily.
Signe de son pragmatisme, Mme Tsai semble bien consciente de ce qu'une majorité d'électeurs, bien qu'hostiles à des liens trop proches avec Pékin, ne veulent pas non plus la confrontation.
En votant massivement pour la candidate du PDP, les Taïwanais ont clairement exprimé leur souhait de mettre fin au rapprochement que le KMT menait depuis huit ans avec le régime communiste, sous l'égide de Ma Jing-jeou, le président sortant.
Mais médias et experts du continent minimisaient hier l'importance des relations avec la Chine continentale dans la défaite du Kuomintang et soulignaient plutôt les facteurs économiques.

« Pas un vote pour l'indépendance »
« Ce n'était pas un vote pour l'indépendance de Taïwan », estime Hu Benliang, de l'Académie chinoise des sciences sociales, cité par le Global Times.
L'échec du KMT est dû à « des problèmes internes comme des défaillances dans l'administration, le chômage en hausse et les inégalités sociales », selon le China Daily.
Malgré la signature d'accords commerciaux et un boom touristique à Taïwan, nombre d'habitants estiment que l'île a perdu de son identité et de sa souveraineté en devenant dépendante économiquement du continent, où habitent ou travaillent environ 2 des 23,4 millions de Taïwanais. « Beaucoup de Taïwanais investissent hors de l'île, peu d'étrangers investissent à Taïwan, son économie va mal et se marginalise, relève Tang Yonghong. Et Tsai Ing-wen ne pourra pas changer cela. »
« En tout cas, estime-t-il, si le PDP ne gère pas les relations (avec Pékin) de façon appropriée, c'est certain que les relations économiques se détérioreront. »
Pékin avait censuré le nom de Mme Tsai après l'élection samedi sur Weibo, le principal réseau social chinois.
Hier, la censure avait été levée et son nom était accessible, mais les commentaires étaient globalement méfiants envers la nouvelle dirigeante. « Si elle cherche des noises, tonton Xi (Jinping, le président chinois) pourra saisir l'occasion pour récupérer Taïwan, ce serait un bon prétexte ! », s'amusait un internaute.

(Source : AFP)

La Chine a mis en avant sa « retenue » après l'élection à Taïwan d'une présidente opposée à Pékin, en dépit d'avertissements sur une éventuelle tentation indépendantiste de l'île. Tsai Ing-wen, candidate du Parti démocratique progressiste (PDP), a enregistré samedi une victoire écrasante pour devenir la première femme à diriger Taïwan, infligeant au parti au pouvoir du...

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