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Liban - Justice

Les détenus de Roumieh réclament une égalité de traitement avec Samaha

Les proches des prisonniers manifestent leur colère à Tripoli ; Salam invoque la séparation des pouvoirs et se dit en faveur d'une justice qui ne se prosterne que devant le droit.

Le chef du gouvernement s’entretenant avec le juge Samir Hammoud.

Après l'indignation de la classe politique libanaise antisyrienne, c'est au tour des détenus islamistes à la prison de Roumieh de contester la libération sous caution de l'ancien ministre Michel Samaha. Plusieurs d'entre eux se sont ainsi mis en grève de la faim et leurs proches ont manifesté à Tripoli leur mécontentement.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des prisonniers incarcérés à Roumieh ont commencé à cesser de manger, de boire, ou de prendre leurs médicaments. Les grévistes ont également bloqué l'accès à la cafétéria de la prison ainsi que l'accès aux cellules. Ces détenus réclament leur libération et un traitement semblable à celui dont a bénéficié l'ancien ministre, notamment pour ceux qui ont déjà purgé une peine similaire.
La libération de M. Samaha a résonné dans les milieux des détenus islamistes, dont certains ont déjà passé plusieurs années en prison, dans l'attente de leur jugement. Certains auront notamment passé plus de temps en prison que ne le prévoit leur sentence. Ces délais sont souvent causés par la lenteur du système judiciaire et le manque de logistique au niveau des tribunaux.
« Nous réclamons d'être tous amnistiés, sinon nous maintiendrons notre grève de la faim », a averti Ziad Alouki, un chef de bande islamiste radical de Tripoli incarcéré depuis plusieurs mois, lors d'un appel téléphonique avec la chaîne LBCI. Les forces de l'ordre, qui ont renforcé leur présence sur place, ont dépêché des ambulances à Roumieh afin de transporter d'éventuels cas urgents.
Michel Samaha a été libéré sous caution jeudi par la Cour de cassation militaire après avoir purgé une peine de 4 ans et demi de prison (trois ans et demi de facto, l'année judiciaire étant de neuf mois) pour avoir transporté des explosifs en vue de perpétrer des attentats au Liban en 2012. Son procès doit reprendre le 21 janvier.
Estimant le jugement prononcé le 13 mai 2015 trop clément, le procureur militaire s'était pourvu en cassation, poussant l'avocat de M. Samaha à faire de même. Face à ce double pourvoi, la Cour de cassation, à l'unanimité de ses cinq membres, le président (civil) de la Cour, Tani Lattouf, et quatre autres militaires, semble avoir jugé que M. Samaha avait purgé la peine moyenne prévue par le code pénal pour le crime dont il a été reconnu coupable et qu'il pouvait bénéficier de la présomption d'innocence pour les nouveaux chefs d'accusation soulevés par le procureur, en attendant le jugement définitif de la Cour de cassation militaire.
Réagissant à son tour à la relaxe de l'ancien ministre, le porte-parole du comité d'administration des détenus, Jaafar Chahhal, a demandé une réunion immédiate avec le ministre de la Justice, Achraf Rifi, et le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire.
« Nous ne renoncerons pas », a-t-il déclaré. « Des dizaines d'explosions sont commises par l'autre partie qui n'est pas pour autant sanctionnée pour ses actes, et lorsque cela a lieu, la libération s'ensuit, a-t-il dit dans une allusion au camp prosyrien. Quant à nous, à la moindre photo postée sur WhatsApp, nous écopons de trois ans de prison. »

« La situation se compliquera »
Parallèlement à la grève à Roumieh, les proches des détenus islamistes ont manifesté leur colère dans plusieurs rues de Tripoli, au Liban-Nord. « Nous réclamons l'incarcération à nouveau de Michel Samaha et la libération des jeunes musulmans (...) », a martelé un porte-parole des familles des détenus. Et de mettre en garde : « Si nos demandes ne sont pas prises en considération, la situation se compliquera. »
À Beyrouth, plusieurs artères ont été brièvement bloquées par des individus qui protestaient contre la relaxe de Michel Samaha. Les forces de l'ordre ont de leur côté bloqué par précaution la rue qui mène de la place Sassine vers l'hôpital Rizk, à Achrafieh, où réside l'ancien ministre. Cette mesure préventive a provoqué des embouteillages monstres dans le secteur. Elle intervient avant le rassemblement prévu à 19h par les jeunes partisans de l'alliance du 14 Mars qui comptent se rendre devant le domicile de M. Samaha.
Khaled Daher, député du Akkar, a quant à lui affirmé qu'il allait porter plainte personnellement devant les instances judiciaires civiles contre Michel Samaha.

Explications
Le Premier ministre Tammam Salam s'est pour sa part entretenu hier avec le procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, en sa qualité de vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, afin d'obtenir des explications sur la relaxe de Michel Samaha.
Le chef du gouvernement a réclamé « d'entreprendre les mesures nécessaires à l'accélération du procès » de l'ancien ministre, au vu du « caractère important et sensible d'une affaire qui, a-t-il dit, touche à la sécurité de l'État lequel continue de mener bataille contre un terrorisme pluriel ». Dans un message à peine feutré, le chef du gouvernement a réitéré son attachement au principe de la séparation des pouvoirs, indiquant qu'il aspirait, « à l'instar de l'ensemble des Libanais, à un pouvoir judiciaire qui ne se prosterne que devant la force de la justice et n'œuvre que pour mieux la servir ».
Par ailleurs, le ministre de la Défense, Samir Mokbel, s'est rendu auprès du commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi, avec lequel il a passé en revue les derniers développements sécuritaires. Le chef de l'armée s'est également entretenu avec le chargé d'affaires à l'ambassade US, Richard Jones.
De son côté, le directeur général des FSI, le général Ibrahim Basbous, a reçu à son bureau le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr.

Après l'indignation de la classe politique libanaise antisyrienne, c'est au tour des détenus islamistes à la prison de Roumieh de contester la libération sous caution de l'ancien ministre Michel Samaha. Plusieurs d'entre eux se sont ainsi mis en grève de la faim et leurs proches ont manifesté à Tripoli leur mécontentement.Dans la nuit de jeudi à vendredi, des prisonniers incarcérés à...

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