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Liban - Décryptage

Des manœuvres et des contre-manœuvres politiques...

Si le Conseil des ministres s'apprête à tenir une réunion aujourd'hui, grâce à la volonté de la plupart des parties politiques de prendre des décisions urgentes dans une sorte de compromis minimal, le dossier présidentiel semble, lui, reporté pour quelques mois. Certes, le président français compte l'évoquer avec son homologue iranien cheikh Hassan Rohani, lors de la visite de ce dernier à Paris prévue le 29 janvier, mais la plupart des analystes estiment que la présidence libanaise reste tributaire des développements au niveau du dossier syrien en particulier.

Si cette approche est vraie, une question se pose : pourquoi ce tapage autour de l'initiative annoncée du chef des Forces libanaises d'adopter la candidature de son rival le général Michel Aoun ? Depuis que le chef du courant du Futur Saad Hariri a lancé l'idée de la candidature du chef des Marada Sleiman Frangié à la présidence de la République, les milieux des Forces libanaises annoncent, en effet, la volonté de leur chef de riposter en appuyant la candidature du général Aoun. Les informations en provenance des Forces libanaises sont d'ailleurs un peu confuses. Certains proches de ce parti estiment que la décision de Geagea a été prise et que son annonce est imminente et d'autres pensent au contraire qu'elle reste tributaire d'une annonce officielle de la part de Saad Hariri de la candidature de Sleiman Frangié.

Même si elle ne devient pas officielle, la décision du chef des Forces libanaises d'appuyer la candidature de Michel Aoun constitue toutefois un changement dans les alliances qui divisent le pays depuis 2005. Elle montre l'étendue du fossé qui sépare désormais Samir Geagea de Saad Hariri. Tout en reconnaissant le brio tactique du chef des FL et sa capacité à manœuvrer, des sources proches du 8 Mars estiment que l'appui de Geagea à la candidature de Michel Aoun n'ouvrira pas pour autant le chemin de Baabda à ce dernier. Geagea le sait et il ne prendrait pas le risque de mécontenter les Saoudiens qui le considèrent comme un allié important sur la scène libanaise et qui, en même temps, opposent un veto à la candidature du chef du CPL.

Pour cette raison, les sources proches du 8 Mars estiment que la manœuvre du chef des Forces libanaises est essentiellement dirigée contre le chef du courant du Futur. Elle constitue en quelque sorte une réponse claire à Saad Hariri qui déclarait, pour justifier son refus de la candidature de Aoun, qu'il faut qu'il ait l'aval des chrétiens du 14 Mars. Pourquoi, lorsqu'il a décidé d'appuyer la candidature du chef des Marada n'a-t-il justement pas pensé à ses alliés chrétiens du 14 Mars ? Geagea ne peut donc pas avaler une aussi grosse couleuvre, d'autant qu'il considère l'élection de Frangié comme une démarche dirigée contre lui et qu'il a déjà sur le cœur plusieurs griefs à l'encontre du chef du Futur.

Lors de la formation de l'actuel gouvernement, Geagea avait en effet respecté le slogan du 14 Mars qui refusait de s'asseoir à la même table que le Hezbollah tant que ce dernier continuait à se battre en Syrie. Pourtant, le courant du Futur a balayé ce slogan pour s'entendre avec le Hezbollah sur la formation du gouvernement, excluant ainsi les Forces libanaises. De même, lorsque Saad Hariri avait entamé un dialogue avec Michel Aoun, il n'avait pas pris soin d'en informer le chef des Forces libanaises, alors que ce dernier avait refusé le projet de loi électorale dit orthodoxe, après l'avoir accepté à Bkerké, pour satisfaire les intérêts du courant du Futur... La liste des reproches est donc longue et Samir Geagea considère que le chef du courant du Futur ne tient pas compte de ses intérêts et se comporte comme le chef absolu du 14 Mars.

L'appui à la candidature du général Aoun est donc un moyen pour le chef des Forces libanaises de s'affirmer face à Saad Hariri et de coincer ce dernier sur le plan chrétien. En même temps, le chef des Forces libanaises prépare l'avenir. En franchissant ce pas, ou en annonçant sa volonté de le faire, il pacifie la base aouniste qui lui était hostile et renforce sa popularité au sein de la rue chrétienne, à un moindre prix, puisque, d'une part, il écarte la possibilité de faire élire Frangié à la présidence et, en même temps, il n'ouvre pas vraiment le chemin de Baabda devant Michel Aoun.

Pour le chef du CPL, l'appui, même non officialisé, de Geagea est aussi un acquis non négligeable. D'une part, il lui permet de fermer une fois pour toute la page sanglante de la guerre interchrétienne et de plus, il affaiblit le chef du courant du Futur en l'isolant pratiquement sur le plan chrétien. Enfin, il jette les bases d'une entente chrétienne qui pourrait permettre à cette communauté de renforcer son poids au sein des institutions étatiques et dans le cadre du partenariat qui gère le pouvoir au Liban.

Une entente entre le CPL et les FL pourrait reproduire au sein de la communauté chrétienne le modèle du duo Amal-Hezbollah au sein de la communauté chiite. Mais la différence reste la suivante : Amal et le Hezbollah sont d'accord sur les questions stratégiques et régionales, au moins dans les grandes lignes, alors que le fossé sur ce plan est encore profond entre les FL et le CPL. La candidature de Frangié proposée par Saad Hariri a certes poussé les deux principales formations chrétiennes à se rapprocher, mais il ne s'agit donc pas encore d'une alliance stratégique. Pour l'instant, le rapprochement entre les FL et le CPL s'inscrit dans le cadre des manœuvres et des contre-manœuvres politiques.

 

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commentaires (5)

Belle analyse, bel eclairage!

Michele Aoun

13 h 02, le 14 janvier 2016

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Commentaires (5)

  • Belle analyse, bel eclairage!

    Michele Aoun

    13 h 02, le 14 janvier 2016

  • Pourquoi ce tapage autour de l'initiative de l’haSSine 1er d'appuyer encore la candidature de ce Äâoûn ? Depuis que Sääd a boosté l’enfant gâté Frânejéh, ce héZébbb appuie plus ce Äâoûn. Les sources du héZébbb sont confuses. Certains de ce héZébbb estiment que la décision de l’haSSine a été prise, et d'autres pensent qu'elle reste tributaire d'1 annonce officielle de Sääd de la candidature du gâté. La décision du héZébbb montre l'étendue du fossé qui le sépare du Frânejéh. Tout en devinant la tactique puérile de Nabäâ, les sources du 14 Mars estiment que son appui à ce Äâoûn n'ouvrira pas le chemin de Baabda à ce dernier. L’haSSine ne prendrait pas le risque de mécontenter les Per(s)cés qui le considèrent comme leur principal affidé sur cette scène indigène, et qui opposent un veto à la candidature de ce Äâoûn. Les sources du 14 Mars estiment que la manœuvre pathétique de Nabäâ est dirigée contre l’enfant Maradâh. Elle constitue 1 réponse claire à lui qui déclarait, pour se justifier de concurrencer ce Äâoûn, qu'il faut qu'il ait l'aval de tous les « chrétiens ». Car, pourquoi lorsqu'il a décidé d'appuyer ce Äâoûn n'a-t-il pas pensé à lui son fidèle allié chrétien ca(n)lin en 8 Martien ? Le gâté ne peut donc pas avaler une aussi grosse couleuvre, d'autant qu'il considère l'appui de ce héZébbb au bigaradier comme une démarche dirigée contre lui et qu'il a déjà sur le cœur plusieurs griefs à l'encontre de ce boSSfaïr !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 42, le 14 janvier 2016

  • Lors de la formation de ce gouvernement, l’enfant avait respecté le slogan Martien en 8 qui refusait de s'asseoir à la même table que le Futur tant que ce dernier continuait à critiquer l’embourbement du héZébbb en sœur-syrie. Pourtant, ce héZébbb a balayé ce slogan pour s'entendre avec le Futur sur la formation du gouvernement, laissant ainsi les miettes aux Maradâhs. De même, lorsque l’haSSine avait entamé un dialogue avec Sääd, il n'avait pas pris soin d'en informer l’enfant-chef des Maradâhs, alors que ce dernier avait refusé le projet de loi électorale dit orthodoxe, après l'avoir accepté à Bkerkéh, pour satisfaire les intérêts de ce même héZébbb.... La liste des reproches est donc lonnngue et le Maradâh gâté considère qu’Anthracite 1er ne tient pas compte de ses intérêts et se comporte comme le chef absolu des Martiens en 8 ! L'appui à la candidature du gâté est donc un moyen pour Sääd de s'affirmer face à l’haSSine et de coincer ce dernier sur le plan chrétien. En même temps, il prépare l'avenir. En annonçant sa volonté de le faire, il pacifie la base maradiste qui lui était hostile et renforce sa popularité au sein de la rue chrétienne, à un moindre prix, puisqu’il écarte la possibilité de faire élire ce Franjéh gâté, et bloque le chemin de Bääbdâh devant le boSSféràrien.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 41, le 14 janvier 2016

  • Pour le chef-gâté Mardaïste, l'appui, même non officialisé, de Sääd est aussi un acquis non négligeable. D'une part, il lui permet de fermer une fois pour toute la page sanglante de la guerre avec les Sunnites et de plus, il affaiblit le caporal-chef du courant d’air orange en l'isolant pratiquement sur le plan chrétien. Enfin, il jette les bases d'une entente chrétienne-sunnite qui pourrait permettre à cette communauté chrétienne de renforcer enfin son poids au sein des institutions étatiques et dans le cadre du partenariat qui gère le pouvoir au Liban. Une entente entre Maradâh et Futur pourrait reproduire le modèle du duo héZébbb-Courant d’Air Orange. Mais la différence reste la suivante : Le Maradâh gâté et le Futur seront assez tôt d'accord sur les questions stratégiques, au moins dans les grandes lignes, alors que le fossé sur ce plan est encore profond entre ce héZébbb et ce Courant d’Air pour Rien ! La candidature de l’enfant gâté proposée par Sääd a certes poussé ces deux formations chrétiennes et chïïtes orangistes et anthracites à se rapprocher encore plus, mais il ne s'agit donc pas encore d'une alliance stratégique. Pour l'instant, le jeu de rôles entre eux s'inscrit only dans le cadre des manœuvres et des contre-manœuvres politiques.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 41, le 14 janvier 2016

  • ENFIN... UNE VRAIE ET SUPERBE ANALYSE... TRÈS CHÈRE MADAME SCARLETT HADDAD... QUI DÉCRIT OBJECTIVEMENT LA SITUATION ET LES CHOSES COMME ELLES SONT SUR LE TERRAIN POLITIQUE LIBANAIS... ESPÉRONS QUE LES CHRÉTIENS FORMERONT UN FRONT UNI... ET NE SERONT PLUS DES SUIVISTES... POUR NÉGOCIER D'UN PIED D'ÉGALITÉ AVEC LES AUTRES LE FUTUR ENTENDEMENT "JE NE VEUX PAS DIRE PACTE ENCORE" NATIONAL QUI EST INÉVITABLE... QUOI QU'EN DISENT ET PENSENT SUR LA SCÈNE LIBANAISE AUJOURD'HUI !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 46, le 14 janvier 2016

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