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Liban - Crise des déchets

Gestion de la crise des déchets : Le recours à la science, pour changer...

Le Congrès national pour le traitement et la gestion des ordures au Liban devra émettre des « recommandations scientifiques » à communiquer au gouvernement.

Sur la tribune, le ministre Hajj Hassan, au milieu, le recteur de l’UL et le président de la LAAS, à droite. Photo Nasser Traboulsi

Une nouvelle initiative visant à trouver une (ou des) solution(s) à la crise des déchets qui sévit depuis juillet s'est ajoutée hier aux efforts en vue de résoudre ce problème. Les organisateurs du Congrès national pour le traitement et la gestion des déchets au Liban, notamment l'Association libanaise pour l'avancement des sciences (LAAS), comptent cependant se démarquer, en sollicitant un grand nombre de scientifiques, universitaires et autres, afin de proposer des recommandations au Conseil des ministres pour l'étape de l'après-exportation, si tant est que celle-ci a lieu.


Le congrès s'est déroulé hier au campus de l'Université libanaise (UL) à Hadeth, à la faculté des sciences, sous le patronage et en présence du ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, qui en a modéré la première session. Les multiples interventions d'experts des universités et des secteurs public et privé ont passé en revue les différentes technologies, certains faisant l'apologie d'une technique particulière, et d'autres se livrant à un exposé scientifique sur une facette du problème : l'adaptation des techniques à la réalité libanaise, leur nécessaire harmonie avec les principes du développement durable – environnement, société, économie – sans quoi elles ne sont plus acceptables...


Interrogé par L'Orient-Le Jour sur la finalité de cette démarche, Naïm Oueini, président de la LAAS, affirme que le congrès vise à engendrer un document fondé sur des recommandations scientifiques adaptées à l'environnement du Liban, aux principes du développement durable, à l'économie et au rôle des municipalités et des fédérations de municipalités. En somme, ce que les scientifiques réunis dans ce congrès proposent, c'est « un ensemble de solutions, plutôt qu'une solution unique », précise-t-il.


Et de poursuivre : « Nous ne voulons plus de solutions improvisées. Nous sommes obligés de recourir à l'exportation de manière temporaire, même si cette option n'est toujours pas très limpide à l'heure qu'il est. En attendant, il faut prendre une décision par rapport à la gestion des déchets pour l'étape qui suivra. Notre congrès est scientifique, placé sous le patronage du ministère de l'Industrie, en collaboration avec le reste des ministères. Il sera suivi de la publication de recommandations sérieuses devant être communiquées au Conseil des ministres. »


Le Pr Oueini a révélé qu'une conférence de presse sera tenue au bureau du ministre Hajj Hassan le 20 janvier pour annoncer ces recommandations. « Nous avons voulu donner une tribune à tout le monde, des universitaires aux associations, aux représentants de ministères, aux municipalités, aux experts de toutes sortes, afin qu'ils présentent leurs études et partagent leurs expériences, explique-t-il. Notre objectif est de fournir une synthèse scientifique. Voilà pourquoi nous avons choisi des personnes de tous bords, il fallait créer une interaction entre toutes les composantes de notre société. Nous ne pouvions nous réunir entre scientifiques, en négligeant l'expérience des autres. »


Qu'espèrent-ils réaliser par cette démarche, dans un pays où les plans de gestion des déchets se sont succédé et ont échoué invariablement, pour des raisons politiques et non techniques ? « C'est la première fois qu'une démarche prend en compte les experts écologiques libanais de différentes spécialisations, affirme-t-il. Dans les commissions précédentes, il y avait des experts, mais pas strictement des spécialistes en environnement. Nous pensons que nos recommandations seront très crédibles du fait que nous nous fondons exclusivement sur la science. Nous n'approuverons aucune solution qui soit en contradiction avec la science et avec la société. »


Quelles seraient les grandes lignes d'une solution, selon vous ? « Il n'y a pas une solution, mais des solutions, assure le Pr Oueini. Voilà pourquoi nous insistons sur la nécessité d'instaurer, dans tous les cas de figure, un système de tri à la source, de recyclage, de compostage, de méthanisation (processus naturel biologique de dégradation de la matière organique en l'absence d'oxygène)... Pour nous, l'exportation ne devrait être que de courte durée, car elle est coûteuse et porte atteinte à la réputation du Liban. Et s'il faut recourir à l'incinération, que ce soit par l'importation d'incinérateurs de la cinquième génération, et qu'ils soient employés pour des déchets spécifiques. Sinon pourquoi recourir à l'incinération quand une si grande proportion de nos déchets est organique (NDLR : donc difficilement incinérables) ? »

 

(Lire aussi : Exportation des déchets : Les associations écologiques dénoncent le « manque de transparence » du processus)

 

Hajj Hassan : L'exportation n'est que temporaire
Hussein Hajj Hassan est longuement intervenu, en début de congrès, abordant entre autres la solution récemment adoptée par le gouvernement, celle de l'exportation, qui est, selon lui, « une solution temporaire, à laquelle on a eu recours après l'échec de tous les autres plans ». « Nous espérons que les obstacles seront aplanis et que l'exportation pourra être réalisée, afin de soulager les Libanais du fléau de la crise, le temps d'adopter une solution interne définitive », a-t-il ajouté.


Hussein Hajj Hassan a mis l'accent sur la complexité du problème, déplorant qu'aucune gestion des déchets n'est plus acceptable aux yeux de la société, et affirmant qu'il n'est pas possible de remplacer une gestion complète des déchets par une approche fragmentaire sur des options qui ne sont qu'une partie de la solution, comme le tri, le compostage...


Tout en affirmant n'être pas un farouche défenseur de l'incinération (qui fait, rappelons-le, l'objet d'une décision gouvernementale datant de 2010), le ministre s'est demandé pourquoi certains experts au Liban s'opposent catégoriquement à cette technologie. « Certains pays basent leur économie sur la construction d'incinérateurs modernes, et d'autres pays y incinèrent aussi une partie de leurs déchets contre des indemnités importantes », a-t-il souligné.


Les experts évoqués par le ministre contestent le bien-fondé de la mise en place d'incinérateurs au Liban, une technologie chère, dégageant de la dioxine et des cendres toxiques, et inadaptée, selon eux, à la composition des déchets au Liban, dont la plus grande proportion est organique.


Pour sa part, Adnan Sayyed Hussein, recteur de l'UL, a insisté sur le fait que ce congrès « vise à apporter une solution scientifique au problème des déchets, non politique ou sectaire ». « La solution doit nécessairement être fondée sur la science et sur l'examen minutieux des différentes options, afin de choisir celles qui s'adaptent le mieux à la situation du Liban et aux finances publiques », a-t-il ajouté.

 

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commentaires (4)

Pour sa part, Adnan Sayyed Hussein, recteur de l'UL, a insisté sur le fait que ce congrès « vise à apporter une solution scientifique au problème des déchets, non politique ou secsur SOLUTION SUREMENT AUSSI "SCIWENTIFIQUE" QUE LA RECUPERATION DES TERRAINS A HADETH OU A LHESSA? ADNAN SEYYID HUSSEIN,DOCTEUR DES TAS EN SCIENCES DES DECHETS POLITIQUES ?

Henrik Yowakim

16 h 37, le 13 janvier 2016

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Commentaires (4)

  • Pour sa part, Adnan Sayyed Hussein, recteur de l'UL, a insisté sur le fait que ce congrès « vise à apporter une solution scientifique au problème des déchets, non politique ou secsur SOLUTION SUREMENT AUSSI "SCIWENTIFIQUE" QUE LA RECUPERATION DES TERRAINS A HADETH OU A LHESSA? ADNAN SEYYID HUSSEIN,DOCTEUR DES TAS EN SCIENCES DES DECHETS POLITIQUES ?

    Henrik Yowakim

    16 h 37, le 13 janvier 2016

  • " Des recommandations scientifiques " pour expliquer que l'ensemble de la classe politicienne est responsable, de cette mauvaise gestion et créatrice par son incurie, de ce scandale sanitaire national...?

    M.V.

    11 h 14, le 13 janvier 2016

  • SI ON PARLE DE SCIENCE... POUR ÉLIMINER LA MAUVAISE HERBE ON LA DÉRACINE COMPLÈTEMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 04, le 13 janvier 2016

  • Scientifiquement parlant, éliminer les causes d'un problème solutionnerait le problème; exportons donc les responsables de ces déchets.

    Paul-René Safa

    08 h 41, le 13 janvier 2016

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