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Liban - La situation

Futur-Hezbollah : dialogues à feu doux pour éviter l’incendie

Le ministre de l’Intérieur reçu samedi par le chef du bloc du Changement et de la Réforme. Photo Ani

La radicalisation du conflit arabo-iranien s'est manifestée par une déclaration de « solidarité totale » panarabe contre « les provocations » de Téhéran dans la région. Cette déclaration a été approuvée à l'unanimité par les chefs de diplomatie des pays membres de la Ligue arabe, réunis hier au Caire. Le Liban, représenté par le ministre Gebran Bassil, s'est seul abstenu de voter en faveur de cette déclaration, invoquant la politique de distanciation que le gouvernement s'était engagé à respecter. Ce principe n'a toutefois pas retenu le ministre en question de contester la clause finale de la déclaration qui « lie le Hezbollah au terrorisme », à l'heure où ce parti, embourbé en Syrie, engage la communauté chiite libanaise dans son ensemble, et peut-être aussi le Liban, dans une guerre fratricide de plus en plus difficile à surmonter.

Le siège de Madaya, nié et moqué par les sympathisants du parti chiite, à coups d'insultes et de satire dégradante et déshumanisante sur la Toile et dans les médias, scelle la rupture morale entre le parti et le combat souverainiste qu'il avait défendu jusque-là au nom des opprimés du monde arabe. C'est-à-dire sa rupture avec l'identité arabe sous laquelle il se muait.
Si, pour le Hezbollah, le siège « présumé de Madaya n'est que pure diversion face à l'assassinat du cheikh Nimr el-Nimr » (l'expression est celle du ministre Mohammad Fneich, hier), les moyens qu'il emploie pour le discréditer sont aussi dangereux que le fait qu'il renie. Le risque, pour le Liban, n'est plus seulement de subir les retombées de décisions de guerre unilatérales du Hezbollah, mais de devenir la retraite unique du parti chiite et le point de survie de l'influence iranienne dans la région. C'est ce que disent craindre des membres du courant du Futur.

(Lire aussi : Beyrouth affirme sa solidarité avec l'Arabie tout en réitérant sa politique de distanciation)

À L'Orient-Le Jour, le député Ahmad Fatfat revient sur la méthode par laquelle « le Hezbollah a pris le Liban en otage ». Après la mainmise sécuritaire et institutionnelle sur le pays, le parti adopterait désormais « le langage du parti unique, qui cherche à consacrer son hégémonie politique sur le pays », affirme M. Fatfat. Il qualifie de « dangereuse » l'abstention, par le Liban, d'adhérer à « la première déclaration de solidarité panarabe, sachant que même l'Irak et le sultanat d'Oman l'ont signée ». L'abstention de vote ne sert pas la politique de distanciation, mais la politique du Hezbollah, précise-t-il.

Bien que comportant de puissantes références au combat pour la souveraineté libanaise et pour une citoyenneté arabe libre, la position du 14 Mars ne reflète plus de combativité en pratique.
La politique conciliatrice a amolli la stratégie de l'édification de l'État. La semaine qui commence en apportera la preuve à plusieurs niveaux.

La tendance actuelle qui dicte la survie du pays dans l'immobilisme est celle de contourner toutes les problématiques sensibles relatives au Hezbollah. L'on apprenait ainsi, de source informée, que le Premier ministre, Tammam Salam, aurait donné son appui préalable à la position défendue par le ministre Gebran Bassil, hier au Caire. La logique en est de « se dérober aux problèmes potentiels avec le Hezbollah ».
Et c'est à ce diktat que semblent obéir les dialogues en cours. Aujourd'hui, deux séances de dialogue doivent se tenir successivement à Aïn el-Tiné : une séance de dialogue national, en cours de journée, suivie, en soirée, d'une nouvelle réunion de dialogue bilatéral entre le Hezbollah et le courant du Futur.

(Lire aussi : Siniora : Les divergences avec le Hezbollah ne doivent pas tourner au conflit)

L'impact des discours récents, qualifiés « d'insultants », des députés Mohammad Raad et Nawaf Moussaoui (le premier, sur le mercantilisme de Saad Hariri qu'il ne nomme pas, le second sur la nécessité d'amender le système libanais) est en passe d'être assimilé, une nouvelle fois, par la structure « rassurante » du dialogue.
Selon nos informations, le Futur prévoit néanmoins de profiter de la séance de dialogue national, à laquelle le Hezbollah délègue le député Mohammad Raad, pour exiger de ce dernier des explications sur les motifs de sa dernière déclaration. Mais quel que soit le tournant que doit prendre le débat, le dialogue bilatéral prévu en soirée sera maintenu, assure une source informée.

Autrement dit, il serait exagéré de croire en quelque sursaut du 14 Mars, en faveur de son combat de principes pour l'édification de l'État. Le constant pari sur une éventuelle libanisation du Hezbollah (un pari noble mais qui pèche par sa simplicité) continue de sous-tendre les propos de protagonistes du 14 Mars. Le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, qui recevait hier des notables de Saïda, a ainsi prié pour que « le rôle du Hezbollah dans le siège de Madaya ne soit pas vrai, bien qu'il y ait des signes dans ce sens ».

L'objectif immédiat du 14 Mars semble être celui de maintenir un aspect de cohésion. Une nouvelle réunion s'est ainsi tenue hier soir à la Maison du Centre, entre des représentants du Futur, des Forces libanaises, des Kataëb et du conseil national du 14 Mars. Les divergences intérieures restent accentuées par la perspective d'un appui, par le président des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, de la candidature du chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun. Bien que jugée improbable par plusieurs acteurs du Futur (comme le vice-président du courant du Futur, l'ancien député Antoine Andraos, et le député Ammar Houry), cette perspective porte une atteinte morale à l'alliance Futur-FL. Sa visée immédiate est celle de rendre au tandem CPL-FL le rôle de principal décideur pour ce qui est de la présidentielle, c'est-à-dire de contrebalancer l'initiative de Saad Hariri. Bien que démentant quelque choix en réaction de Samir Geagea, le responsable du département de la communication au sein des FL, Melhem Riachi, a fait hier, lors d'un entretien télévisé, plus d'une référence à l'importance « de la décision politique des Forces libanaises » au niveau de la présidentielle. La course à la présidentielle s'est limitée, selon lui, « à deux candidats du 8 Mars », mais c'est, au final, l'initiative Hariri qui a voulu cela.

(Repère : Présidentielle : retour sur les temps forts d'une vacance qui perdure)

Ce qui, pour l'heure, n'est pas près de convaincre le Hezbollah de débloquer la présidentielle – l'un des objectifs de Samir Geagea derrière un éventuel soutien à la candidature de Michel Aoun serait d'ailleurs de tester la bonne foi du Hezbollah jusqu'au bout, estiment certains observateurs.

Le parti chiite serait seulement disposé, pour l'heure, à avaliser la relance de l'exécutif. Alors que rien n'est encore sûr quant à la tenue du Conseil des ministres auquel Tammam Salam a convoqué jeudi prochain, une source informée révèle que le Hezbollah serait parvenu à convaincre le général Aoun d'y prendre part. En tournée samedi à Rabieh et à Clemenceau, le ministre de l'Intérieur a d'ailleurs fait état d'une réaction « positive » de Michel Aoun sur la nécessité de mettre en marche le gouvernement...


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commentaires (6)

Un futur président en la personne du Commandante Kheneral Phare Aoun , face à un hypothétique 1er Ministre , nous montre cette photo ! et bla bla bla et pra pra pra ...

FRIK-A-FRAK

11 h 26, le 11 janvier 2016

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Un futur président en la personne du Commandante Kheneral Phare Aoun , face à un hypothétique 1er Ministre , nous montre cette photo ! et bla bla bla et pra pra pra ...

    FRIK-A-FRAK

    11 h 26, le 11 janvier 2016

  • LA MAINMISE... A CHAQUE BRISE... SE FANATISE ET SE MATERIALISE... ET MADAME LA MARQUISE SYMPATHISE... ET LEGALISE AVEC SES GROSSES BETISES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 43, le 11 janvier 2016

  • "L'un des objectifs de Samir Geagea derrière un éventuel soutien à la candidature de Michel Aoun, serait d'ailleurs de tester la bonne foi de ce héZébbb jusqu'au bout." ! "Malin", ce simili-Hakîîîm !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 39, le 11 janvier 2016

  • "Le constant pari de ce 14 Mars sur une éventuelle (libanisation) de ce héZébbb, un pari (noble) mais qui pèche par sa connerie, continue de sous-tendre les propos de ce même 14 Mars." ! "Sanioûrâh, qui recevait hier des notables aussi indigènes, a ainsi (prié) pour que le rôle de ce héZébbb dans le siège de Madaya ne soit pas vrai, bien qu'il y ait des signes dans ce sens." ! Ou bien c'est un Niais, Vrai, ou il prend les Sains libanais pour des Niais ! Va faire un tour, va !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 34, le 11 janvier 2016

  • "Si, pour ce héZébbb, le siège « présumé de Madaya n'est que pure diversion face à l'assassinat du Nimr el-Nimr » (l'expression est celle du ministré Fnaïch), les moyens qu'il emploie pour le discréditer sont aussi dangereux que le fait qu'il renie. Le risque, pour le Liban, n'est plus seulement de subir les retombées de décisions de guerre unilatérales de ce héZébbb, mais de devenir la retraite unique du parti chïïtique et le point de survie de l'influence Per(s)cée dans la région." ! Tout est dit ! Merci Sandra.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 10, le 11 janvier 2016

  • "Le Liban, représenté par ce béssîîîl, s'est seul abstenu de voter en faveur de cette déclaration, invoquant la politique de distanciation ! Ce principe n'a toutefois pas retenu le (ministré) en question de contester la clause de la déclaration qui « lie le Hezbollah au terrorisme », à l'heure où ce héZébbb, embourbé en Syrie, engage la communauté chiite dans son ensemble, et aussi le Liban, dans une guerre fratricide de plus en plus difficile à surmonter." ! Culotté, ce béssîîîl.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 00, le 11 janvier 2016

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