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Liban - Dialogue

Siniora : Les divergences avec le Hezbollah ne doivent pas tourner au conflit

Les « propositions reniant la formule libanaise et l'accord de Taëf » seront au cœur du « dialogue » aujourd'hui, affirme l'ancien Premier ministre.

Fouad Siniora, hier, à Saïda. Photo Ahmad Mantache

« Entre le courant du Futur et le Hezbollah, il est des divergences que nous ne voulons pas voir transformées en conflit, de sorte que nous en arrivions à des échanges inadmissibles qui pourraient devenir violents. » C'est par ces mots que le chef du bloc parlementaire du courant du Futur, Fouad Siniora, a justifié hier devant ses visiteurs la reprise de contact difficile, aujourd'hui, entre sa formation et le Hezbollah, après les discours incendiaires échangés au lendemain de l'exécution par l'Arabie saoudite d'un dignitaire chiite opposant défendu par l'Iran.
« La reprise du dialogue aujourd'hui a été décidée après des concertations élargies entre Saad Hariri et les ténors du courant du Futur et avec moi-même », a confirmé M. Siniora, qui a abordé directement, mais sans en nommer les auteurs, une déclaration incendiaire de Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, consécutive à l'exécution du dignitaire chiite, et une autre de Saad Hariri dénonçant l'ingérence du Hezbollah dans les affaires intérieures de l'Arabie saoudite.
M. Siniora a considéré comme « inadmissible » qu'un député « se soit posé en mandataire de l'ensemble des Libanais, distribuant les rôles et décrétant qu'Untel peut revenir et Untel pas, qu'Untel peut jouer un rôle et Untel autre pas, portant ensuite un jugement sur la personne qui confisque les prérogatives du président de la République et affirmant qu'il faut que cela soit révisé, et que par conséquent, il faut revoir l'accord de Taëf ». Ces « propositions reniant la formule libanaise et l'accord de Taëf » seront au cœur du débat aujourd'hui, a-t-il affirmé.

Des compatriotes
« Ce sont nos compatriotes, et il n'est pas d'autre choix que le dialogue », a insisté l'ancien chef du gouvernement, pour qui le courant du Futur « a toujours été un partisan du dialogue et le restera ».
Au nombre des « divergences » opposant le Futur au Hezbollah, M. Siniora a cité l'autorité de l'État, l'engagement militaire en Syrie, l'élection d'un président de la République, l'armement du parti, le Tribunal spécial pour le Liban et les « Brigades de défense ».
« À l'origine du dialogue engagé, figure la recherche d'une entente sur l'élection d'un président, a-t-il précisé, ainsi que la recherche d'un moyen de réduire d'intensité le discours politique, dans l'espoir que cela se répercuterait sur les plans de sécurité prévus dans diverses régions où l'État pourrait rétablir son autorité, ainsi que sur le déploiement de groupes armés utilisés par le Hezbollah pour imposer son hégémonie au détriment de la dignité de la population et du droit de l'État. »
« Ce dialogue n'a pas porté ses fruits, a reconnu M. Siniora, mais malgré tout, nous affirmons qu'il est nécessaire (...) Ces divergences continuent de nous opposer, et nous répétons tous les jours qu'il faut leur trouver une solution ;
mais cela ne signifie pas que nous en arrivions aux limites de la confrontation, cela nous semble inacceptable. »

La candidature Frangié
Au sujet de la décision prise par M. Hariri d'appuyer la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République, M. Siniora a affirmé que « l'initiative n'a pas été abandonnée, mais que les circonstances ont détourné de cette question l'attention de la classe politique ». Ce qui a justifié, aux yeux de M. Hariri, le lancement de cette initiative, c'est « l'existence de dangers externes auxquels se sont ajoutés les dangers de cette déliquescence de l'État, de l'éclatement de son autorité, de sa perte de prestige ».
« Pour déboucher sur un compromis, cette initiative aurait dû être accueillie, à mi-chemin, par l'autre partie », a-t-il reconnu. En tout état de cause, a-t-il ajouté en substance, le Hezbollah s'y est opposé, sans le dire expressément, mais en posant à son acceptation des conditions si énormes que cela revient au même, un peu comme le dicton affirmant que « celui qui ne veut pas marier sa fille relève le prix de la dot ».

Le Conseil des ministres
Par ailleurs, M. Siniora a relevé l'importance de la convocation, par le Premier ministre Tammam Salam, du Conseil des ministres. « Un État ne peut pas s'abstenir durablement d'expédier les affaires quotidiennes de la population », a-t-il dit, tout en se disant certain qu'en fixant l'ordre du jour de la réunion (prévue le jeudi 14 janvier), M. Salam « a dû s'assurer qu'il n'en est aucun qui puisse conduire à un surcroît de tension ».
Sur les modalités de la prise de décision en Conseil des ministres, en l'absence d'un président, M. Siniora a jugé que « ce qui réglemente les rapports des Libanais et des institutions, c'est la Constitution ». Jugeant que le texte de celle-ci « est clair », il a ajouté qu'il vaut mieux ne pas s'engager « dans des pratiques nouvelles superflues ».
« Nous répétons, en conclusion, que rien ne saurait remplacer le président de la République, dont le rôle est indispensable dans l'édifice institutionnel libanais », a insisté M. Siniora, précisant que le président « est le symbole de l'unité des Libanais, et non de leurs divergences ».

Madaya, « le crime du siècle »
Enfin, M. Siniora a estimé que le blocus qui a conduit à la famine à Madaya (Syrie) est « le crime du siècle et une honte pour l'opinion publique internationale ». « Nous avions cru révolus les temps où une population pouvait être affamée, et voilà que nous avons découvert que cela se passe en Syrie et qu'il existe une agglomération de plus de 20 000 habitants qui sont confrontés à la faim sous l'œil du Liban, du monde arabe et du monde entier. » « La couverture de ce crime est injustifiable. Personne ne doit se taire à ce sujet. Ce crime en restera un, même s'il est porté secours à la population », a-t-il enchaîné, avant de souhaiter, et même « de prier », pour que le Hezbollah ne s'en soit pas fait complice. « Au Hezbollah de le montrer à l'opinion », a-t-il conclu, avant d'inviter la communauté internationale à « lever le blocus » de cette petite ville et « de prendre les mesures qui s'imposent contre les responsables de ce crime ».

« Entre le courant du Futur et le Hezbollah, il est des divergences que nous ne voulons pas voir transformées en conflit, de sorte que nous en arrivions à des échanges inadmissibles qui pourraient devenir violents. » C'est par ces mots que le chef du bloc parlementaire du courant du Futur, Fouad Siniora, a justifié hier devant ses visiteurs la reprise de contact difficile, aujourd'hui,...

commentaires (3)

On voit qu'il y a du progrès chez les partisans du fugitif . On constatera au passage , avec la déclaration de Adwan qui veut faire du Phare Aoun son président que le gaz dans l'eau commence à bouillonner entre membres du 14 évanescent . Et puis mr siniora cette déclaration qui ne vous ressemble pas , parce que bizarrement pacifique , cache mal que les sunnites du futur ( je ne sais de quoi?) n'ont pas d'autre alternative que des barbares salafowahabites , alors que les chrétiens et les chiites ont des intellectuels opposants sur lesquels ils peuvent compter . Vous avez pigé la nuance ?

FRIK-A-FRAK

11 h 56, le 11 janvier 2016

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Commentaires (3)

  • On voit qu'il y a du progrès chez les partisans du fugitif . On constatera au passage , avec la déclaration de Adwan qui veut faire du Phare Aoun son président que le gaz dans l'eau commence à bouillonner entre membres du 14 évanescent . Et puis mr siniora cette déclaration qui ne vous ressemble pas , parce que bizarrement pacifique , cache mal que les sunnites du futur ( je ne sais de quoi?) n'ont pas d'autre alternative que des barbares salafowahabites , alors que les chrétiens et les chiites ont des intellectuels opposants sur lesquels ils peuvent compter . Vous avez pigé la nuance ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 56, le 11 janvier 2016

  • LA MAINMISE SE RADICALISE ET SE MATERIALISE... ET MADAME LA MARQUISE SYMPATHISE ET DISTRIBUE DES BISES... DE BÊTISE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 33, le 11 janvier 2016

  • J'AVAIS PENSÉ QUE SINIORA AVAIT SON MOT À DIRE. IL A ACCEPTÉ ENFIN L'IDÉE DE NOUS AMENER SLEIMAN FRANGIEH ! LA PRESSION ÉTAIT FORTE DONC. L'ARABIE SAOUDITE LUI A MONTRÉ LA CRAVACHE. IL CÈDE ET SUIT. TU NOUS DECOIS SINIORA. RESTE À VOIR MONSIEUR RIFI. J'ATTEND POUR VOIR, ÇA SERA UNE ÉNORME MAUVAISE SURPRISE S'IL CÈDE.

    Gebran Eid

    02 h 27, le 11 janvier 2016

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