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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’attaque contre l’ambassade saoudienne pourrait finalement nuire aux radicaux en Iran

Le président iranien Hassan Rohani (à droite) recevant le ministre irakien des Affaires étrangères Ibrahim el-Jaafari à Téhéran, le 6 janvier. HO/Présidence iranienne/AFP

L'attaque contre l'ambassade d'Arabie saoudite en Iran, qui a provoqué la rupture entre les deux pays, a d'abord été vue comme une victoire pour les radicaux opposés au président Hassan Rohani. Mais elle pourrait finalement se retourner contre eux et donner au président iranien modéré davantage de cartes lors des élections législatives prévues le 26 février, estiment des experts.
Les attaques contre l'ambassade saoudienne à Téhéran et le consulat saoudien à Machhad ont été menées par des manifestants protestant contre l'exécution samedi par Riyad de l'opposant et chef religieux chiite Nimr el-Nimr, une mise à mort condamnée par l'Iran officiel. Mais M. Rohani a aussi critiqué les attaques antisaoudiennes et appelé à juger rapidement les 50 personnes accusées d'y être impliquées. Une réaction qui témoigne d'un changement d'attitude envers des « éléments incontrôlés ».
Ces violences sapent, en effet, les efforts de M. Rohani pour sortir son pays de l'isolement, comme il a tenté de le faire avec la conclusion en juillet 2014 de l'accord nucléaire pour obtenir une levée des sanctions internationales qui asphyxient l'économie Iranienne. Le nouveau conflit entre l'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite, les deux poids lourds de la région, réduit les opportunités pour Téhéran de négocier avec les pays arabes – plusieurs alliés de Riyad ont rompu leurs relations avec Téhéran – et bénéficie aux détracteurs de tels rapprochements. Ce qui s'est passé à l'ambassade saoudienne « s'est retourné contre nous et a bénéficié à l'Arabie saoudite et aux radicaux », a ainsi affirmé Amir Mohebbian, un expert en stratégie politique proche du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. « L'opinion publique, pas seulement en Iran mais dans le monde, était plutôt défavorable à l'Arabie saoudite mais l'action des radicaux a rendu la situation compliquée dans nos relations avec l'Occident et (les pays de) la région », a-t-il ajouté.

Mauvais moment
Les attaques contre les représentations saoudiennes ont suscité une condamnation internationale, notamment au Conseil de sécurité de l'Onu. Un tel scénario pour le président iranien tombe au mauvais moment, après des années d'efforts pour améliorer l'image de l'Iran, pays classé sur la liste américaine des pays soutenant le « terrorisme ». Des images à l'ambassade saoudienne ont montré des manifestants lançant des cocktails Molotov provoquant un incendie à l'intérieur et d'autres escaladant l'enceinte du bâtiment et décrochant le drapeau du royaume. D'autres se sont pris en selfie avec du matériel volé dans la chancellerie.
Les gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime islamique, et la branche estudiantine de la milice Bassidji, qui dépend des gardiens, ont publiquement critiqué l'attaque et nié toute implication. Mais la division entre les factions politiques était claire dans les médias iraniens, les journaux réformateurs pro-Rohani accusant les radicaux au sein du régime d'alimenter la crise en vue de nuire au président lors du scrutin.
Par ailleurs, contrairement à l'attaque contre l'ambassade britannique en 2011, cette fois-ci, les responsables, toutes tendances confondues, y compris les conservateurs, ont condamné l'attaque et la justice a annoncé dès le lendemain des dizaines d'arrestations. « C'est sans doute le début d'une nouvelle phase » pour M. Rohani qui veut finir une fois pour toutes avec de tels agissements de certains cercles radicaux qui portent atteinte au pays, soutient M. Mohebbian.

Dans l'attente de Khamenei
La réaction du guide suprême d'Iran, Ali Khamenei, aux attaques antisaoudiennes sera essentielle, poursuit l'expert. Quand l'ambassade britannique à Téhéran avait été attaquée, l'ayatollah Khamenei avait affirmé que « l'émotion des jeunes impliqués est juste mais pas leurs actions ». Le président conservateur de l'époque, Mahmoud Ahmadinejad, ne s'était pas prononcé. Pour Ellie Geranmayeh, une spécialiste de l'Iran au sein du Conseil européen des Affaires étrangères, les violences ont réduit l'espace pour la diplomatie dans les crises régionales. « C'est, semble-t-il, ce que voulaient les radicaux iraniens et saoudiens », estime Mme Geranmayeh.
Mais la réaction du président Rohani et d'autres hauts responsables qui ont condamné l'attaque laissent présager une tournure différente. « Ironiquement, la ligne dure a peut-être donné à Rohani l'opportunité de convaincre le guide suprême de marginaliser les éléments radicaux et de poursuivre la voie de la diplomatie multilatérale », dit-elle. Et c'est seulement en adoptant cette attitude que l'Iran « recouvrera sa place parmi les nations ».

Arthur MACMILLAN/ AFP

L'attaque contre l'ambassade d'Arabie saoudite en Iran, qui a provoqué la rupture entre les deux pays, a d'abord été vue comme une victoire pour les radicaux opposés au président Hassan Rohani. Mais elle pourrait finalement se retourner contre eux et donner au président iranien modéré davantage de cartes lors des élections législatives prévues le 26 février, estiment des experts.Les...

commentaires (2)

ELLE A REVELE LE VRAI VISAGE DE L,IRAN...

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 23, le 08 janvier 2016

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Commentaires (2)

  • ELLE A REVELE LE VRAI VISAGE DE L,IRAN...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 23, le 08 janvier 2016

  • "Et c'est seulement en adoptant cette attitude que l'Iran « recouvrera sa place parmi les nations »." ! Comme pour Kadhafi.... vers la "fin" ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 43, le 08 janvier 2016

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