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Moyen Orient et Monde - Syrie

A Madaya, le régime prend son temps face à la tragédie

La dernière fois que des aides ont pu atteindre la ville, ainsi que Zabadani, Foua et Kafraya, remonte au 18 octobre.

L’horreur à Madaya : sur cette image tirée d’une vidéo, un enfant, sévèrement sous-alimenté, le 5 janvier. Handout via Social Media Website/Reuters

Faisant face à un tollé international, le gouvernement syrien a donné hier son accord pour que l'Onu achemine une aide humanitaire à la ville rebelle de Madaya, que son armée assiège depuis six mois, réduisant à la famine ses 42 000 habitants. Dans le même temps, les 20 000 habitants des deux localités chiites de Foua et Kafraya, encerclés par les rebelles dans la province d'Idleb (Nord-Ouest), devraient eux aussi recevoir une assistance du même type, a précisé le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha). Cependant, en raison de la lourdeur administrative et du week-end qui tombe vendredi et samedi en Syrie, l'acheminement ne devrait pas commencer avant plusieurs jours, ont affirmé à l'AFP des humanitaires qui travaillent en Syrie.


« L'Onu accueille avec satisfaction l'autorisation du gouvernement syrien d'accéder à Madaya, Foua et Kafraya, et se prépare à fournir une assistance humanitaire (à ces localités) dans les prochains jours », indique le communiqué des Nations unies. Même si ce sont les rebelles qui peuvent autoriser l'accès à Foua et Kafraya, les aides de l'Onu doivent partir de Damas et traverser des zones sous contrôle du régime.
Ce sujet dramatique devrait certainement être évoqué demain à Damas entre le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, et le médiateur de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura, chargé de préparer les négociations entre le régime et l'opposition, prévues fin janvier à Genève.

 

(Lire aussi : Dans Madaya assiégée, on a « oublié le goût du pain »)


Selon l'Ocha, « environ 42 000 personnes se trouvent au bord de la famine à Madaya, et l'Onu a reçu des rapports crédibles sur des personnes qui meurent de faim et qui ont été tuées en essayant de quitter la ville ». La dernière fois que des convois humanitaires ont pu atteindre les villes rebelles de Zabadani et Madaya ainsi que les localités de Foua et Kafraya remonte au 18 octobre. Depuis, « l'accès à Madaya était impossible en dépit de nombreuses demandes en ce sens », selon l'Onu. « Quand la nouvelle nous est parvenue, certains ont tiré en l'air de joie, mais la plupart des gens attendent de voir la nourriture pour le croire, car les espoirs ont été déçus à plusieurs reprises dans le passé », a déclaré par téléphone à l'AFP Maaz al-Qalamouni, une journaliste citoyenne de Madaya.

 

(Lire aussi :  La "mission impossible" des ONG en Syrie)


Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 10 personnes sont mortes à cause du manque de médicaments et de nourriture à Madaya. Treize autres ont été tuées par l'explosion des mines posées par les forces du régime ou par des francs-tireurs en tentant de quitter la localité pour trouver de la nourriture, précise cette ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre. Une vaste campagne s'est développée sur les réseaux sociaux en faveur d'une aide alimentaire et la France a dénoncé une « situation insoutenable et inacceptable ». « En fait, il manque de tout » à Madaya, avait résumé il y a quelques jours Pawel Krzysiek, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui y est entré lors de la dernière livraison d'aide en octobre. « Les gens sont depuis trop longtemps sans aliments de base, sans médicaments de base, sans électricité ni eau (...) J'ai réellement vu la faim dans les yeux des gens. »
« On vivait de feuilles d'arbres, de plantes, mais on est aujourd'hui piégé par une tempête de neige et il n'y a plus ni plantes ni feuilles », explique Madjed Ali, un insurgé âgé de 28 ans joint par téléphone dans la ville. « Je pesais 114 kilos avant le siège. J'en pèse aujourd'hui 80. » Les habitants se débrouillent avec de l'eau parfumée avec des épices, du citron, du sel et du vinaigre, quand ils en ont, ajoute Abou Hassan Moussa, chef du conseil de l'opposition de Madaya. Le riz ou le lait en poudre, lorsqu'ils sont disponibles, peuvent atteindre 300 dollars le kilo.


Par ailleurs, selon l'OSDH, dix civils, dont deux femmes, ont été tués par des raids, présumés russes, contre la localité rebelle d'Erbine, à l'est de Damas.

 

 

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