Le projet de l'« Île flottante » mobile, dont l'édification était initialement prévue au début des années 2000, verra finalement le jour en 2016. C'est ce qu'a annoncé à L'Orient-Le Jour le promoteur du projet, Abdallah Daou, sans préciser toutefois la date exacte du lancement de ce bâtiment « unique au monde » et dont la construction a commencé en 2011.
Le projet a été « férocement combattu par la mafia politique et bancaire. Ce qui a retardé son démarrage. Non seulement "ils" désiraient leur part du gâteau, mais "ils" voulaient que je leur cède le brevet, avec cette façon de dire prends l'oseille et tire-toi. Alors ne vous étonnez pas qu'on vide le pays de ses cerveaux », s'indigne M. Daou, président de la société Beirut International Marine Industry & Commerce et concepteur de l'Île flottante.
L'invention titrée DHWO4 est « une innovation radicale dans le monde de l'ingénierie marine. Elle n'a pas de précédent dans le monde. Il m'a fallu 33 ans de recherches et de développement de la technique pour aboutir à ce concept. Aucune compétition n'est à craindre, puisque nous détenons les droits de propriété et d'invention. C'est un nouveau marché qui ouvre des possibilités énormes aux ingénieurs et constructeurs », souligne l'ingénieur.
Contre vents et marées, le projet, qui aurait coûté 150 millions de dollars selon le promoteur, se concrétise et l'Île flottante prendra donc le large en 2016, assure M. Daou. Sa structure de 3 600 m2 pèse 6 000 tonnes. Elle abritera sur une superficie de 13 000 m2 un hôtel cinq étoiles avec restos, boîte de nuit et jardins, et voguera à une vitesse de cinq nœuds.
Sur l'Île flottante, nul besoin d'avoir le pied marin. Elle ne tangue pas, même par fortes intempéries aucun mouvement ne sera perceptible. Ce n'est pas un hôtel flottant pour les amateurs de nuits insolites, comme le bateau Fortuna à Budapest, ou le CPH Living à Copenhague. Aucun risque que les clients voient leur déjeuner tomber au sol ou leur lit tressauter sous l'assaut des vagues.
« Grâce à un montage hydrodynamique de divers corps composants, c'est-à-dire d'un système de plusieurs coques assemblées sur une structure de fer et de fibre de verre, l'Île flottante sera aussi stable que si elle était construite sur terre ferme », explique Abdallah Daou. « Elle est basée sur des calculs et des spécifications requises pour les structures flottantes, appliquées suivant les normes maritimes (Marine Classification Society). Le bureau parisien Veritas, leader mondial dans l'évaluation de la conformité et la certification, qui a planché sur cette étude, a donné son feu vert aux assureurs internationaux », dit-il. Il rappelle aussi que le concept de l'Île flottante a fait l'objet en 2003 d'une conférence donnée à l'Université américaine de Beyrouth, « en présence d'un des génies britanniques, John Lusher, qui a développé la théorie de Shell Design, et qui m'a exprimé sa vive admiration », ajoute-t-il.
Le « OK » des assurances
Pour préserver le secret de cette invention, M. Daou a refusé d'envoyer ses documents à la Marine Classification Society. Cette dernière a donc dépêché à Beyrouth une équipe de spécialistes qui a planché sur « quelque 60 kilos de plans et dossiers ». Les résultats ont été soumis et approuvés par la Solas (Safety of Life at Sea), le FSS (Fire System), ainsi que l'Imo (International Maritime Organisation, filiale de l'Onu). De même, « la Marpol (Marine Pollution) a certifié que l'Île flottante ne causera aucun dommage au milieu naturel environnant », relève l'ingénieur Sumer Daou, le fils de Abdallah. Il ajoute que « les inspecteurs de l'INSB (International Naval Surveys Bureau), qui veillent à l'application et au respect des normes de sécurité, conformément aux critères internationaux, viennent tous les deux mois vérifier chaque détail de la fabrication, depuis les moteurs jusqu'au plus petit vis d'une porte. Un de leurs techniciens contrôle qualité est d'ailleurs constamment présent sur place », signale encore Sumer Daou. « Notre stratégie étant de commercialiser notre produit, nous avons intérêt à ce qu'il soit conforme à toutes les conditions internationales, car sans le OK de l'INSB, on ne pourrait jamais souscrire à une police internationale d'assurance », explique-t-il.
La Beirut International Marine Industry & Commerce, qui a pour partenaire l'homme d'affaires saoudien Talal ben Ali al-Chaer, emploie actuellement 430 ingénieurs, techniciens et ouvriers. Les pièces de l'Île flottante sont construites dans des ateliers à Qabr Chmoun (Aley) et Haret Sakhr à Jounieh, puis assemblées par la Vessel Construction Company, à Mina, Tripoli.
Fouad Boueiry, vice-président de la municipalité de Jounieh, a affirmé que l'Île flottante ne sera pas en rade de la baie de Jounieh, car le port n'a pas les installations et les équipements nécessaires pour accueillir une telle structure. Toutefois l'île a obtenu le permis de naviguer dans les eaux maritimes libanaises. Mais on ne sait pas encore sous quel pavillon elle va voguer et si Tripoli sera son port d'attache. La famille Daou est restée discrète sur ce point.
commentaires (11)
Une extravagance énorme pour un pays qui n'a pas de président depuis plus qu'un an.
Raminagrobis
02 h 12, le 09 janvier 2016