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Moyen Orient et Monde - Crise

Pas de guerre frontale entre l’Iran et l’Arabie saoudite, mais une déstabilisation accrue

Selon des experts, l'escalade actuelle entre Riyad et Téhéran aura des implications sur les conflits syrien et yéménite, et se traduira par des actions « par procuration ».

A Sitra, un village bahreïni au sud de Manama, des manifestants protestant contre l'exécution par Riyad du cheikh chiite el-Nimr se sont accrochés, le 5 janvier, avec les forces de l'ordre. REUTERS/Hamad I Mohammed

Le Moyen-Orient devrait connaître une augmentation des actes de déstabilisation, mais le risque d'une confrontation militaire entre l'Arabie saoudite et l'Iran apparaît limité, selon des experts et des diplomates dans le Golfe.
« L'Iran ne va pas entrer en guerre avec le royaume saoudien », prédit un diplomate occidental. S'ils écartent un conflit direct, des responsables dans le Golfe évoquent plutôt des tentatives de déstabilisation supplémentaires de la part de l'Iran avec de possibles attaques à venir contre des intérêts saoudiens et arabes au Moyen-Orient. Il y aura aussi plus d'attentats contre des mosquées chiites, notamment en Irak, ajoutent d'autres sources.

 

(Lire aussi : Crise Iran-Arabie saoudite : Washington en porte-à-faux)


Le roi Salmane, qui a accédé au trône saoudien il y a près d'un an et rompu avec les politiques hésitantes du passé, est, de son côté, prêt à « relever le défi et le combat quel qu'en soit le prix » si Téhéran décide de poursuivre « l'escalade », affirme Mustafa Alani, spécialiste des questions de sécurité et directeur au Gulf Research Center. « Cela va être beaucoup plus vicieux » avec des actions « par procuration », prévient le diplomate occidental qui ne « croit pas » à une guerre frontale entre les deux grands rivaux chiite et sunnite du Moyen-Orient. « Ce n'est pas le moment pour les Iraniens d'aller faire exploser des mines dans le Golfe », alors qu'ils attendent la levée des sanctions à la suite de l'accord sur le nucléaire en juillet et qu'ils vont « commencer à exporter leur pétrole », analyse-t-il.


La crise entre Riyad et Téhéran a été déclenchée par l'exécution samedi de 47 « terroristes », dont le dignitaire chiite Nimr el-Nimr, en Arabie saoudite. Les attaques de représailles menées contre des missions diplomatiques saoudiennes en Iran ont entraîné la rupture par l'Arabie des relations diplomatiques avec l'Iran qui a « regretté » le saccage des représentations.
Les relations entre Riyad et Téhéran évoluent en dents de scie depuis la révolution islamique de 1979 en Iran. Les deux pays ne sont jamais entrés en guerre, mais avaient déjà rompu leurs relations de 1987 à 1991 après de sanglants affrontements entre pèlerins iraniens et forces saoudiennes lors du pèlerinage de La Mecque en 1987. Le conflit qui a débuté en 2011 en Syrie a été un facteur majeur de détérioration des rapports entre Téhéran et Riyad.

 

(Repère : L'histoire troublée des relations entre Riyad et Téhéran)

 

« Aucun compromis »
Les experts interrogés s'accordent à dire que l'escalade actuelle aura des conséquences au moins sur les conflits en Syrie, mais aussi au Yémen, où les deux puissances ont des intérêts conflictuels. La crise devrait, selon eux, affecter les efforts engagés sous la pression des grandes puissances pour faire aboutir les négociations en vue de règlements politiques.
Pour tenter de sauver le processus, le médiateur de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura est arrivé lundi soir à Riyad, et il se rendra ensuite à Téhéran et à Damas, tandis que celui pour le Yémen Ismaïl Ould Cheikh Ahmed doit se rendre en Arabie aujourd'hui.

 

(Lire aussi : Nimr Baqer el-Nimr était aussi un farouche opposant au régime de Bachar el-Assad)


L'ambassadeur saoudien à l'Onu Abdallah el-Mouallimi a affirmé que la rupture des relations avec l'Iran n'empêcherait pas l'Arabie saoudite de « continuer à travailler dur pour soutenir les efforts de paix en Syrie et au Yémen », et qu'elle participerait aux pourparlers de paix sur la Syrie prévus en principe à partir du 25 janvier à Genève. Selon l'expert Mustafa Alani, les Saoudiens n'ont « aucunement l'intention d'alimenter l'escalade » avec les Iraniens. Mais il n'y aura « aucun compromis », et ils vont « durcir leur attitude » concernant la Syrie, l'Irak, le Liban et le Yémen pour contrer ce qu'ils considèrent comme une « politique agressive » de la part de l'Iran. Les précédents dirigeants saoudiens ont « retardé pendant longtemps » la résistance au « défi iranien » dans le monde arabe, « fermant les yeux » sur les actions de Téhéran, et leurs successeurs pensent qu'« il est temps maintenant de relever le défi partout », explique M. Alani.


En exécutant Nimr Baqer el-Nimr, le royaume saoudien a aussi donné des gages au clergé conservateur wahhabite, mais a pris le risque de provoquer la minorité chiite qui se concentre dans la Province orientale, riche en pétrole, indiquent des experts. « Le soutien iranien à cheikh Nimr sera salué par de nombreux chiites (dans le monde musulman), même ceux qui n'approuvent pas le système iranien, car ils ne voient quasiment personne parler en leur faveur », souligne Jane Kinninmont, de l'institut Chatham House à Londres.

 

 

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Le Moyen-Orient devrait connaître une augmentation des actes de déstabilisation, mais le risque d'une confrontation militaire entre l'Arabie saoudite et l'Iran apparaît limité, selon des experts et des diplomates dans le Golfe.« L'Iran ne va pas entrer en guerre avec le royaume saoudien », prédit un diplomate occidental. S'ils écartent un conflit direct, des responsables dans le Golfe...

commentaires (4)

Si seulement la frange musulmane Libanaise, dans toute ses composantes, se réveillait et mettait enfin les intérêts du pays avant toutes autres considérations, nous aurions pu profiter du fait que les deux larrons sont occupés a se taper dessus pour nous refaire une santé! Tristement, notre nombril est toujours lier a des idéologies étrangères qui font fi du bien être de l’être humain et du peuple Libanais dans l'ensemble. Il nous faudra encore patienter et les voir s'auto-détruire avant de pouvoir enfin aller de l'avant! Amerna la Allah!

Pierre Hadjigeorgiou

12 h 00, le 07 janvier 2016

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Commentaires (4)

  • Si seulement la frange musulmane Libanaise, dans toute ses composantes, se réveillait et mettait enfin les intérêts du pays avant toutes autres considérations, nous aurions pu profiter du fait que les deux larrons sont occupés a se taper dessus pour nous refaire une santé! Tristement, notre nombril est toujours lier a des idéologies étrangères qui font fi du bien être de l’être humain et du peuple Libanais dans l'ensemble. Il nous faudra encore patienter et les voir s'auto-détruire avant de pouvoir enfin aller de l'avant! Amerna la Allah!

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 00, le 07 janvier 2016

  • Ces deux "puissances" régionales qui se veulent les représentants de leur religion...1) le sunnisme 2) le chiisme...deux religions censées appliquer les enseignements de DIEU...n'hésitent donc pas à tuer par dizaines des opposants... Cela dans leurs propres pays...et aussi par procuration dans d'autres, uniquement pour imposer leur hégémonie dans cette région du monde. DIEU et ses enseignements...connaissent pas...ou les ont oubliés !!! Moutons-suiveurs-bêleurs...quand vous réveillerez-vous et comprendrez que peut'être, pour une raison ou l'autre...votre tour viendra d'être expédiés dans le néant, uniquement pour servir leurs intérêts ??? Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 32, le 06 janvier 2016

  • IL Y A LES IMBECILES QUI SE BATTENT ENTRE EUX ET POUR EUX...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 49, le 06 janvier 2016

  • PAS DE GUERRE FRONTALE ENTRE CES DEUX PAYS DIABOLIQUES. DONC ILS VONT CONTINUER À NOUS EMMERDER.

    Gebran Eid

    03 h 33, le 06 janvier 2016

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