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Le Liban en 2015 - Culture

Des lettres, de l’art, et des chiffres

 « Il est temps de prendre la culture économiquement au sérieux. » C’est une bombe rétroactive que la très obstinée Irina Bokova a balancé il y a près d’un mois. Avec un aplomb très peu onusien, la directrice générale de l’Unesco a affirmé, chiffres en main, que les secteurs culturels et créatifs pèsent davantage, économiquement, que les télécommunications. Et boum ! Imaginez les têtes de nos ministres s’ils avaient lu cela… Ils se rueraient tous pour chiper le portefeuille de Raymond Araiji. Ou l’aider dans sa mission impossible. Pour financer, construire et ériger un Dar Opera. Pour cautionner un musée national. Pour ouvrir les portes de la Bibliothèque nationale. Pour subventionner le théâtre, le cinéma, les écrivains, les créatifs qui s’arrachent les tifs à trouver des sponsors. Nous sommes en pleine fiction ? Et pourtant, les chiffres sont très éloquents.

En citant une étude copubliée par l’Unesco et la Confédération internationale des droits d’auteurs et compositeurs (Cisac) – qui fédère les sociétés de droits d’auteurs dans 120 pays – Irina Bokova  prouve donc que les revenus des industries culturelles et créatives (publicité, architecture, livre, jeux vidéo, musique, cinéma, journaux et magazines, spectacle vivant, télévision, arts visuels) pèsent 2 250 milliards de dollars, soit 1,5 fois le chiffre d’affaires des services de télécommunications.

Menée par le cabinet de conseil EY à partir des données de 120 pays, l’étude ajoute que les secteurs culturels emploient par ailleurs 29,5 millions de personnes, soit 1% de la population active mondiale, et davantage que l’industrie automobile en Europe, au Japon et aux États-Unis. Si, si.

« Les secteurs culturels et créatifs sont un moteur essentiel des économies des pays développés et en développement, et font partie des secteurs qui connaissent la croissance la plus rapide », a constaté cette enquête qui conclut, faites attention, qu’il faut mieux rémunérer les créateurs pour préserver leur rôle moteur.

La culture n’est pas un objectif en soi. Elle ne l’a jamais été. Elle n’est pas uniquement un vernissage, un concert ou une signature où les happy few se retrouvent pour discuter, le petit doigt en l’air, du dernier Damien Hirst ou du premier concerto  pour piano de Liszt.

La culture est bel et bien un facteur de développement durable, de cohésion sociale. Tous ceux qui prennent la culture comme arme de résistance vous le diront.

Si nos politiques ne l’ont pas admis, ceux qui pratiquent le « nettoyage culturel » l’ont très bien compris, eux. Effacer le passé d’un peuple, anéantir sa civilisation, réduire sa culture à des miettes, c’est remettre les compteurs du calendrier à zéro. C’est gommer l’identité d’un homme. Brouiller ses repères. Le déboussoler. Happer ses croyances pour les remplacer insidieusement par d’autres. Le rendre vulnérable à la cassure. En faire un robot, un automate. Un homme à tout faire, surtout le pire.

La culture est essentielle. Remettons-la au cœur de la vie. La moitié de notre planète est composée de jeunes qui ont moins de 27 ans. Y a de l’espoir pour 2016 ?

 « Il est temps de prendre la culture économiquement au sérieux. » C’est une bombe rétroactive que la très obstinée Irina Bokova a balancé il y a près d’un mois. Avec un aplomb très peu onusien, la directrice générale de l’Unesco a affirmé, chiffres en main, que les secteurs culturels et créatifs pèsent davantage, économiquement, que les télécommunications. Et boum !...