Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'en est violemment pris dimanche à l'Arabie saoudite au lendemain de l'exécution du dignitaire chiite saoudien Nimr Baqer al-Nimr, qu'il a qualifiée de "crime commis par les Saoud", du nom de la famille régnante d'Arabie saoudite, accusée de soutenir les groupes terroristes dans la région.
Violente diatribe contre les Saoud
"L'exécution du cheikh Nimr constitue un sérieux crime commis par la famille des Saoud", a estimé le leader du parti chiite, dans un discours retransmis sur la chaîne de télévision du parti, al-Manar, prévenant que "le sang du cheikh Nimr poursuivra la famille des Saoud dans le monde et dans l'au-delà".
Selon lui, la mise à mort du cheikh Nimr al-Nimr samedi "dévoile le vrai visage de l'Arabie saoudite, le visage despotique, criminel et terroriste".
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Dénonçant la corruption de la justice saoudienne, Hassan Nasrallah a souligné que "l'exécution du cheikh Nimr montre que la dynastie des Saoud veut éradiquer tous ceux qui s'opposent à sa dictature", assurant que "les crimes de la famille des Saoud feront chuter son régime terroriste".
"Dans la péninsule arabique, un Etat a été proclamé, injustement appelé Arabie saoudite comme s'il s'agissait de la terre du Prophète et de sa famille", a-t-il ajouté, dénonçant la légitimité même de la famille régnante en Arabie saoudite.
"N'est-il pas temps de condamner les Saoud pour la propagation de la pensée takfiriste (jihadiste) et son soutien aux groupes terroristes ?", s'est interrogé Hassan Nasrallah, s'adressant à la communauté internationale. Prenant l'exemple du Yémen où "la guerre avait pour objectif de détruire ce pays qui s'est élevé contre le terrorisme*, le leader du parti chiite a estimé que "le régime saoudien a encouragé la sédition dans les pays musulmans".
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Le "combat pacifique" du cheikh Nimr
La famille régnante "veut mettre en conflit les sunnites et les chiites. Ce sont eux qui depuis des décennies enflamment" ce conflit, a lancé Hassan Nasrallah. "On ne peut passer outre ce qu'a fait la famille des Saoud, absolument pas", a-t-il poursuivi.
Malgré ses critiques d'une rare violence contre le régime de Riyad, le secrétaire général du Hezbollah a assuré que son parti avait "la responsabilité d'éviter un conflit chiito-sunnite", prenant en référence "le combat pacifique" du cheikh Nimr.
"Le cheikh Nimr était très courageux et osait dire la vérité, il menait un combat pacifique et n'a jamais affronté militairement les autorités", a déclaré Hassan Nasrallah, après avoir présenté ses condoléances à la famille du dignitaire chiite saoudien et aux habitants de la province saoudienne majoritairement chiite de Qatif. "Le martyre du cheikh Nimr se situe dans la même lignée que les enseignements de l'imam Hussein", a-t-il ajouté.
La réponse de Hariri
Plus tard dans la soirée, le leader du Courant du Futur a accusé le chef du Hezbollah de se comporter comme étant "responsable de tous les membres de la communauté chiite dans le monde du Nigeria au Bahreïn et de l'Inde jusqu'au Pakistan".
Selon M. Hariri le cheikh Nimr est un "citoyen saoudien qui, comme tous les autres citoyens saoudiens, doivent respecter les lois du royaume". "Il n'est pas un citoyen iranien sur lequel s'appliquent les règles des Gardiens de la révolution", a ajouté M. Hariri. Le chef du Futur a en outre estimé que les propos de Hassan Nasrallah sur "l'oppression, la tyrannie, le terrorisme, les exécutions, la destruction, l'ingérence (...) s'appliquent en fait aux pratiques du régime iranien".
Manifestations à Beyrouth
Plus tôt dans la journée, deux rassemblements de protestation contre l'exécution du cheikh Nimr avaient eu lieu à Beyrouth. Un premier sit-in à eu lieu près du siège de l'ambassade d'Arabie saoudite. Un deuxième sit-in a eu lieu devant le bâtiment de l'Escwa, au centre-ville.
Naïm Qassem, le numéro deux du Hezbollah, avait dénoncé peu auparavant "une infamie et un signe de faiblesse de l'Arabie saoudite, qui ne peut tolérer une opinion dissidente".
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commentaires (9)
Même pas peur!
Christine KHALIL
19 h 49, le 04 janvier 2016