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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Syrie : la mort de Allouche remet en question les négociations de paix

Le leader de Jaïch el-islam était le seul, parmi les chefs de groupes armés en Syrie, à disposer de suffisamment d'atouts pour jouer un rôle majeur dans une éventuelle période post-Assad.

Fils d’un prêcheur salafiste, Zahran Allouche avait été arrêté par le régime en 2009 et libéré en juin 2011 lors d’une amnistie générale, trois mois après le début du conflit. Amer Almohibany/AFP

C'était l'homme qui voulait mener la bataille de Damas. Attendant patiemment son heure depuis le début de la crise syrienne, Zahran Allouche, le chef de la puissante milice islamiste Jaïch el-islam, s'imaginait certainement en lieu et place du président syrien, Bachar el-Assad. Sa mort, vendredi dernier, au cours de raids aériens revendiqués par les forces de M. Assad, est un coup très dur pour les forces armées de l'opposition. Fils d'un prêcheur salafiste, M. Allouche avait été arrêté par le régime en 2009 et libéré en juin 2011 lors d'une amnistie générale, trois mois après le début du conflit. Il avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinat. Il avait adouci son discours sectaire très antialaouite (la confession du président Assad), adoptant une rhétorique plus modérée et nationaliste. « Allouche voulait renvoyer l'image de quelqu'un de centriste, de responsable, un allié dans la lutte antiterroriste, affirme l'expert Aron Lund sur le site spécialisé Syria Comment. Quelqu'un que l'on voudrait voir dans une coalition gouvernementale. » Dans une interview accordée au Daily Beast le 15 décembre, M. Allouche défendait l'idée d'une Syrie multiconfessionnelle gouvernée par des technocrates. Son groupe est toutefois connu pour avoir diffusé des images de civils, probablement des alaouites, enfermés dans des cages et exposés comme boucliers humains sur une place publique de Douma, régulièrement visée par des raids du régime.

Séduire les islamistes et rassurer les laïcs

M. Allouche était le seul, parmi les chefs de groupes armés en Syrie, à disposer de suffisamment d'atouts pour jouer un rôle majeur dans une éventuelle période post-Assad. Charismatique et puissant, M. Allouche se présentait comme une alternative entre le régime et les groupes les plus radicaux, comme l'organisation État islamique (EI) ou le Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, pouvant, dans le même temps, séduire les islamistes et rassurer les laïcs. Ses détracteurs l'accusaient toutefois de tenir un double discours en fonction de son auditoire.

Comme l'expliquait Ziyad Majed, spécialiste de la Syrie, à L'Orient-Le Jour (voir édition du 26/08/2015), M. Allouche avait la particularité de pouvoir s'appuyer sur des soutiens de l'extérieur mais aussi de l'intérieur. Parrainé par l'Arabie saoudite, M. Allouche entretenait « de bonnes relations avec certains cheikhs et hommes d'affaires de Damas », selon M. Majed.

(Lire aussi : Évacuation imminente, vers Beyrouth, de Zabadani et de deux autres villages chiites)

Le spectre le plus large possible

La mort de M. Allouche s'inscrit dans le contexte de la préparation des négociations de paix entre le régime et l'opposition prévue pour janvier par l'Onu. Jaïch el-islam était en effet l'un des rares groupes islamistes avec Ahrar el-Cham à avoir assisté le 10 décembre à Riyad à une réunion des principaux mouvements de l'opposition. Les participants à cette rencontre avaient annoncé leur accord pour des négociations et devaient commencer à mettre sur pied une délégation les représentant.

Dans un communiqué publié samedi, le médiateur de l'Onu Staffan de Mistura a dit espérer que « le spectre le plus large possible » de l'opposition sera représenté durant ce processus, soulignant qu'« il ne fallait pas laisser les développements sur le terrain le faire dérailler ».

Classé parmi les modérés pour les Occidentaux et leurs alliés arabes, Jaïch el-islam est considéré comme un groupe terroriste pour le régime et ses alliés. La Russie, qui pourrait être à l'origine des frappes ayant tué le leader islamiste, a d'ailleurs lancé plusieurs raids contre la Ghouta depuis le début de son intervention en Syrie le 30 septembre dernier.

(Pour mémoire : HRW accuse Jaïch al-Islam de crimes de guerre)


La mort de M. Allouche « pourrait temporairement aider le régime », estime Karim Bitar, de l'Institut français de relations internationales, puisqu'elle « renforce la dichotomie binaire Assad contre Daech » (acronyme de l'EI en arabe). Allouche « occupait un espace entre les extrémistes et l'Armée syrienne libre, et c'était important pour bloquer le développement de l'EI sur le court terme et unifier les rebelles face au régime, sur le long terme », confirme Andrew Tabler, expert sur la Syrie au Washington Institute for Near East Policy.
Pour M. Tabler, sa mort « peut sérieusement décourager les groupes islamistes à poursuivre les négociations ». La disparition d'Allouche « est un coup sévère pour le processus de Riyad », confirme M. Bitar. « Il faudra du temps à Jaïch el-islam pour se remettre de ce coup et pour qu'une direction alternative se mette en place », dit-il.

Dans la Ghouta orientale, la disparition d'Allouche pourrait par ailleurs laisser le champ libre à des mouvements dont l'idéologie est plus extrême, comme Ahram el-Cham, estime de son côté l'analyste Ayman el-Tamimi.


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C'était l'homme qui voulait mener la bataille de Damas. Attendant patiemment son heure depuis le début de la crise syrienne, Zahran Allouche, le chef de la puissante milice islamiste Jaïch el-islam, s'imaginait certainement en lieu et place du président syrien, Bachar el-Assad. Sa mort, vendredi dernier, au cours de raids aériens revendiqués par les forces de M. Assad, est un coup très dur...

commentaires (4)

Ni Älloûche ni balloûtes ! Il y en a plein d'autres....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

04 h 07, le 29 décembre 2015

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Commentaires (4)

  • Ni Älloûche ni balloûtes ! Il y en a plein d'autres....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 07, le 29 décembre 2015

  • Disons plutôt , que la mort d'Allouche ..remet en cause ...les négociations de non-guerre...de là.... a invoquer la perte de la paix...??

    M.V.

    14 h 52, le 28 décembre 2015

  • RIEN NE CHANGE... SON ORGANISATION FAIT PARTIE DE L'ASL RECONNUE PAR MOSCOU ET N'ONT RIEN À VOIR AVEC LES TERRORISTES... ILS FERONT PARTIE PROBABLEMENT DE LA NÉGOCIATION QUI VA METTRE UN TERME AU DAESCH ORIGINAL ET SES EXTRÉMISTES ET ALLIÉS DE TOUS BORDS TOUT COMME AU DAESCH COPIE ET LES SIENS... LES DÉPARTS SONT FIXÉS... LES APRÈS DÉPARTS PROGRAMMÉS DANS L'ENTENDEMENT (LA CONNIVENCE) MASTODONTO-ÉLÉPHANTEAUX-OURSIEN ! BON EXÉCUTEUR LE POUTINE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 51, le 28 décembre 2015

  • On s'en tape. Ça suffit que les enfants de saouds soient décapités et exclus du futur processus de paix sous la houlette du président élu héros des résistances Bashar .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 40, le 28 décembre 2015

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