Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - À propos du nouveau livre du Père Michel Quenot « Les glorieux combattants »

« Notre secours et bouclier, c’est Lui, le Seigneur » (psaume 33)

Notre coup de cœur en cette fin d'année 2015 va aux Glorieux combattants, le livre que vient de publier Michel Quenot, prêtre orthodoxe, recteur de la paroisse francophone de Fribourg en Suisse, aux éditions Orthdruk. Il s'agit là du dernier-né des publications abondantes du Père Michel, un des derniers maillons d'une chaîne d'or que constitue son œuvre dotée de plus d'une vingtaine d'ouvrages (qui peuvent être commandés à la librairie du monastère de la Transfiguration à Terrason) mettant en scène l'icône, son langage et son expression. Une œuvre abondante qui pose l'icône au centre de l'expression de la foi, d'une manière pleinement didactique et empreinte de pédagogie. Rien d'étonnant en cela puisque Père Michel a été enseignant avant de devenir prêtre.
Ce livre mérite d'être lu et relu, non seulement pour sa valeur intrinsèque et les multiples illustrations qu'il contient, mais aussi en raison de la synthèse biblique, néotestamentaire et patristique qu'il développe autour des vrais enjeux et combats des saints « guerriers » de la tradition de l'Église orthodoxe. Il tombe à pic par ailleurs et est pleinement d'actualité, justement, en raison des remous, des polémiques et des confusions qu'ont suscités en Orient et bien au-delà certaines déclarations faites au sein de l'Église russe à propos de la notion de guerre « sainte » au moment du déclenchement de l'intervention militaire russe en Syrie, en Méditerranée orientale.
Tout en évoquant ces sujets de guerre juste, sainte ou défensive, Père Michel revient sur ces prestigieux « combattants » et sur ce qui est emblématique et paradigmatique dans leur vécu et leur itinéraire. Qui sont-ils ? Comment concilier leur tâche avec le message de paix chrétien et les qualifier de saints ? À quel combat, à leur image et ressemblance, sommes-nous en tant que chrétiens appelés ? Voilà des interrogations et des problématiques que le livre se propose d'aborder en profondeur à la lumière des textes de l'Ancien et du Nouveau Testament et de la tradition de l'Église.
Nombreux sont ceux qui, malheureusement, pensent de nos jours que les « glorieux combattants » sont, dans les figures de la sainteté orthodoxe, des saints guerriers, des combattants « contre » les ennemis terrestres du christianisme ! Or, en vérité, ces combattants sont en premier lieu des combattants « pour » le Christ, des témoins de la foi en Lui et des combattants qui doivent placer leur combat sur le bon plan, celui de la lutte contre leurs propres « passions ». Père Michel rappelle dans l'introduction que le fondement de tout combat pour le Christ, c'est celui de la confession de la foi en Lui. Il rappelle que « la plupart des saints soldats furent des martyrs, surtout dans les premiers siècles de l'Empire romain païen. Leur prototype est le centurion Longin qui confessa publiquement le Christ au moment de sa mort sur la croix » en proclamant publiquement devant ses soldats « Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu », comme le rappelle l'évangile de Matthieu. Par la suite, Longin se fit baptiser et retourna dans sa Cappadoce natale, où il prêcha avec zèle le Christ, ce qui lui vaudra d'être décapité.
Nous sommes là au cœur du modèle du témoignage chrétien, du kérygme de la confession de la foi comme seules représailles et réponses à la persécution. Ne nous trompons pas de combat ! Il ne s'agit pas d'un combat d'ici-bas, avec les armes d'ici-bas. Le vrai combat est le combat spirituel, qui est capable de nous hisser vers le modèle du Christ. Ce chemin ne peut être victorieux que si nous engageons, en nous-mêmes et en relation avec les autres et la société, le combat des « vertus » contre les « passions ». « Le cliquetis des armes dans l'Ancien Testament », titre du premier chapitre du livre de Père Michel, nous place d'emblée devant les risques d'ambivalence de cette tension, entre le combat d'ici-bas et le combat spirituel, le bon et juste combat dont parle saint Paul à Timothée. S'agit-il donc d'avoir confiance en nos forces ou bien confiance en la force du Christ ?
C'est la foi en Dieu qui est le bouclier, et non pas l'épée terrestre ni le bouclier physique qui l'accompagne. « Ne crains pas ! dit le Seigneur à Abraham dans le livre de la Genèse, Je suis ton bouclier » (Genèse 15,11). C'est cette perspective, inscrite comme des lettres dans le marbre, celle des psaumes, que l'Église a adoptée. « Le roi n'est pas sauvé par toute sa puissance, nous explique le psaume 33, et le géant ne trouve pas de salut dans sa grande force, ce n'est pas dans l'abondance de sa force qu'il trouvera le salut. Mais les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent, et sur ceux qui ont mis leur espérance en sa miséricorde. Notre secours et bouclier, c'est Lui » (psaume 33). Le Christ qui rompt avec la loi du talion de l'Ancien Testament parle ainsi d'une violence d'une autre nature, la « violence des pacifiques ».
Il insiste sur le « pardon » en guise de représailles. Il installe la dynamique du « combat spirituel », le véritable combat. Oui, le chrétien, chaque chrétien est un combattant, mais c'est un combattant d'une autre nature, un combattant qui déploie « une violence qui consiste à secouer la léthargie du corps alourdi par les passions ».‎ C'est ainsi, nous explique le Père Michel, que les saints guerriers qui sont présentés dans son livre « n'ont pas obtenu leurs lettres de noblesse en tant que semeurs de mort, mais comme personnes ayant combattu avec les armes de la foi, en fidèles serviteurs du Christ. Leur image iconographique, intemporelle, donne à voir des êtres tournés vers l'essentiel, à savoir leur transformation de créature à l'image de Dieu en personnes à la ressemblance du Christ. Le vrai combat, ils l'ont mené envers eux-mêmes dans la maîtrise de leurs passions, mais aussi au service des autres dans une abnégation totale. Leur présence sur les murs des églises orthodoxes et sur les icônes rappelle le combat inhérent à toute vie chrétienne, combat quotidien contre les forces adverses à l'origine de l'esprit du monde ».
Tout est dit là et tout est récapitulé dans le dernier chapitre du livre, intitulé « Le bon combat des chrétiens », qui rappelle la perspective dressée par le Livre de l'Apocalypse écrit et révélé à saint Jean l'apôtre à Patmos, l'île de l'Apocalypse, en Grèce. C'est là qu'est dressée « une fresque grandiose de l'ultime affrontement, de nature cosmique cette fois, avec le mal personnifié par le dragon que défait l'armée céleste sous la gouvernance de l'archange Michel » (Ap 12, 7 et s.). Il nous rappelle aussi que ce ne sont pas les saints qui terrassent Satan mais c'est Dieu Lui-même qui met fin à son règne maléfique (Ap. 2, 9-10). Les saints, eux, sont sauvés « par le sang de l'Agneau et par la parole dont ils ont témoigné, car ils ont méprisé leur vie jusqu'à mourir » (Ap 12, 11).
La question, écrit ainsi le Père Michel, « n'est donc pas de savoir qui va gagner, mais qui va tenir bon ; encore moins de savoir si Dieu est avec nous, mais de rester à ses côtés ». J'ajouterai pour ma part, la nécessité de rester à ses côtés dans la bonne tension spirituelle jusqu'au bout de l'affrontement ! N'oublions pas à cet égard, la parole du Christ dans l'évangile de Jean qui constitue pour nous non seulement une promesse, mais aussi un chemin de fer salutaire : « Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples, vous connaîtrez alors la vérité et la vérité vous rendra libres » (Jean 8, 21).


Avocat à la Cour au barreau de Paris. Responsable de la communication de l'Assemblée des évêques orthodoxes de France

Notre coup de cœur en cette fin d'année 2015 va aux Glorieux combattants, le livre que vient de publier Michel Quenot, prêtre orthodoxe, recteur de la paroisse francophone de Fribourg en Suisse, aux éditions Orthdruk. Il s'agit là du dernier-né des publications abondantes du Père Michel, un des derniers maillons d'une chaîne d'or que constitue son œuvre dotée de plus d'une vingtaine...

commentaires (1)

Le "Mythe religieux" s'enorgueillit d'1 religionalisme que nul n'a reçu avant lui, et que nul autre n’aura après lui. Il n’a fait que partager toutes sortes de religionalismes partageant à peine leurs évolutions. Il a été tyrannisé, alors que d'autres ont tenté d’évoluer en vue de la désillusion ; tandis que lui continue à supporter ce religionalisme ante parce qu’il a toujours peur de lui. Il ne sera jamais en compagnie d'1 liberté sans illusions religionalistes que le jour après la mort ! Un religionalisme qui déclare qu'any critique énoncée contre lui par n’importe lequel enfin désillusionné sera typée rebelle, vu que ce religionalisme risque d’être perpétuel ! Et à qui l'histoire ne montre que son a posteriori : ce "sacré" religionalisme aurait donc, d’après lui, ainsi inventé l’Histoire aussi : Il le jure même sur juste son "apparence" religionaliste. Des bons "moines et/ou garçons" humanistes (?) par tempérament, honnêtes intellectuellement, "libertins" par réflexion…. "humaniste" de même, recherchent au contraire l'histoire de leur liberté sans aucunes illusions religionalistes au-delà de leur propre histoire : dans des psaumes et des cantiques ! Mais en quoi l'histoire de cette liberté diffère-t- elle de l'histoire de la liberté d’1 "relié-enchaîné", si l'on ne peut la trouver que dans les cantiques-psaumes psalmodiés ? D'ailleurs, le proverbe ne dit-il pas : "Le Mythe ne renvoie jamais en écho que ce qu'on lui a crié ?". Donc : "Adieu aux Mythes mités !".

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

12 h 00, le 29 décembre 2015

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Le "Mythe religieux" s'enorgueillit d'1 religionalisme que nul n'a reçu avant lui, et que nul autre n’aura après lui. Il n’a fait que partager toutes sortes de religionalismes partageant à peine leurs évolutions. Il a été tyrannisé, alors que d'autres ont tenté d’évoluer en vue de la désillusion ; tandis que lui continue à supporter ce religionalisme ante parce qu’il a toujours peur de lui. Il ne sera jamais en compagnie d'1 liberté sans illusions religionalistes que le jour après la mort ! Un religionalisme qui déclare qu'any critique énoncée contre lui par n’importe lequel enfin désillusionné sera typée rebelle, vu que ce religionalisme risque d’être perpétuel ! Et à qui l'histoire ne montre que son a posteriori : ce "sacré" religionalisme aurait donc, d’après lui, ainsi inventé l’Histoire aussi : Il le jure même sur juste son "apparence" religionaliste. Des bons "moines et/ou garçons" humanistes (?) par tempérament, honnêtes intellectuellement, "libertins" par réflexion…. "humaniste" de même, recherchent au contraire l'histoire de leur liberté sans aucunes illusions religionalistes au-delà de leur propre histoire : dans des psaumes et des cantiques ! Mais en quoi l'histoire de cette liberté diffère-t- elle de l'histoire de la liberté d’1 "relié-enchaîné", si l'on ne peut la trouver que dans les cantiques-psaumes psalmodiés ? D'ailleurs, le proverbe ne dit-il pas : "Le Mythe ne renvoie jamais en écho que ce qu'on lui a crié ?". Donc : "Adieu aux Mythes mités !".

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 00, le 29 décembre 2015

Retour en haut