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Liban - Fête

La crèche de Noël, patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Une crèche illuminée, dans la nuit de Bickfaya. Photo Michel Sayegh

On a fait, dans certains pays, un mauvais procès à la crèche de Noël, qu'on a cherché à bannir de l'espace public, au nom du principe de laïcité. Certes, tout dépend de ce qu'on investit dans un symbole. L'inventeur de la crèche, saint François (XIIIe siècle), n'avait d'autre but que de réveiller la piété des fidèles. Qu'on en ait fait le signe d'un démarquage spatial politique est un détournement dont toutes les religions et toutes les croyances peuvent être victimes.

Pourtant, en ces temps de mondialisation des échanges des biens et des idées, la crèche pourrait tout naturellement s'insérer dans la liste de ce que l'Unesco définit comme « patrimoine culturel immatériel » de l'humanité, une extension de la notion de patrimoine mondial aux traditions culturelles, et non plus aux sites naturels et aux édifices.
La notion de patrimoine culturel immatériel est récente. Elle est apparue dans les années 1990, après des recommandations sur la protection des cultures traditionnelles, et en contrepoint du patrimoine mondial tourné essentiellement vers les aspects matériels de la culture. En 1997, la notion s'est même étendue au « patrimoine oral de l'humanité », dont il fallait « protéger les chefs-d'œuvre », surtout lorsqu'ils étaient menacés.

 

(Voir aussi : Dans la ville du Christ, pas d'effervescence pour Noël)


En 2003, une convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel était signée. Elle précisait : « On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine (...) est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leurs milieux, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d'identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. »


La convention définit également les domaines dans lesquels le patrimoine immatériel peut se manifester : les traditions et expressions orales, y compris la langue ; les arts du spectacle ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques concernant la nature et l'univers ; et enfin les savoir-faire liés à l'artisanat traditionnel. La liste du patrimoine immatériel est, on s'en doute, longue. Elle va de la vannerie et de la poterie des sociétés traditionnelles à la langue sifflée toujours en usage dans les îles Canaries, en passant par le rituel pour amadouer les chamelles en Mongolie.


Compte tenu de ces définitions, il paraît évident que la crèche doit être saisie aussi comme patrimoine immatériel. Par-delà la foi chrétienne, par-delà la naissance d'un enfant sur lequel repose » l'Esprit de conseil et de force «, par-delà le dogme de l'Incarnation, la crèche est devenue l'icône d'une nature humaine à la fois indestructible et fragile. Indestructible par les capacités intrinsèques de régénération dont elle est dotée ; fragile en ce qu'elle représente l'humanité à ses tous premiers moments, une humanité à peine sortie de la pouponnière, quand chaque être humain représente le potentiel de toute l'espèce humaine, en ce qu'elle a d'unique et de sacré.


Pour les chrétiens, cette humanité est rattachée à une histoire. Citant le passage du Livre de la Genèse disant » Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance », les pères de l'Église parlent de la création de l'homme comme étant survenue après « une consultation » ou encore « une délibération » au sein de la Trinité. Voilà aussi, et avant tout, diront certains la réalité dont la crèche peut être l'icône.
Et bien que multipliée à l'excès, bien que déclinée parfois avec beaucoup de mauvais goût, bien qu'exploitée honteusement à des fins commerciales, cette icône, lorsqu'elle s'entoure de beauté vraie, continue de nous éblouir et de réveiller en nous un émerveillement inépuisable et une nostalgie d'innocence inaltérable offerte à chacun tous les jours, et renouvelable à l'infini.

 

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On a fait, dans certains pays, un mauvais procès à la crèche de Noël, qu'on a cherché à bannir de l'espace public, au nom du principe de laïcité. Certes, tout dépend de ce qu'on investit dans un symbole. L'inventeur de la crèche, saint François (XIIIe siècle), n'avait d'autre but que de réveiller la piété des fidèles. Qu'on en ait fait le signe d'un démarquage spatial politique...

commentaires (1)

Joli article... Merci!

NAUFAL SORAYA

09 h 45, le 25 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • Joli article... Merci!

    NAUFAL SORAYA

    09 h 45, le 25 décembre 2015

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