« Merci Poutine » : les marques d'amour à l'égard de la Russie s'expriment ouvertement dans le camp qui accueille 5 000 déplacés syriens dans un immense complexe sportif de Lattaquié, place forte du régime de Bachar el-Assad. Sur les terrains de basket, de football et les pelouses adjacentes, ces familles tentent de s'occuper pour oublier la violence d'une guerre qui s'éternise depuis bientôt cinq ans.
Leurs espoirs de retrouver un jour le domicile qu'ils ont fui ont repris de la vigueur depuis le début de l'intervention russe fin septembre. « J'espère qu'un jour elle pourra grandir dans la même rue que moi », déclare Taiseer Hamash en parlant de sa fillette de deux mois qu'il porte dans ses bras, devant la tente où vit sa famille. Cet ancien ouvrier de 29 ans, interrogé par un journaliste de l'AFP au cours d'une visite du camp organisée par le ministère russe de la Défense, a été contraint de fuir Alep lorsque des rebelles ont pris le contrôle partiel de la deuxième ville syrienne après de violents combats contre l'armée. « Merci au président Poutine et au peuple russe pour l'aide offerte par leurs militaires », s'enthousiasme un autre déplacé, Ali Ahmad Edrees, 41 ans. « Nous espérons qu'avec l'aide de Dieu, nous nous débarrasserons du terrorisme », ajoute cet ancien chauffeur de camion.
Basés dans la province de Lattaquié (Ouest), les avions russes effectuent des bombardements quotidiens pour soutenir les offensives au sol des forces prorégime. Les Russes disent viser le groupe État islamique (EI) et d'autres groupes radicaux, mais les Occidentaux et l'opposition les accusent de cibler en priorité les combattants modérés qui s'opposent à Damas. « Les forces russes sont intervenues pour nous aider à accélérer la victoire militaire », affirme aux journalistes le gouverneur de la province de Lattaquié Ibrahim al-Salem. « Mais, précise-t-il, l'armée syrienne avait dans tous les cas l'intention de poursuivre ses opérations pour tuer les terroristes ou les bouter hors de Syrie. »
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« Autant de soldats que possible »
Les querelles entre Moscou et les capitales occidentales sur le dossier syrien intéressent peu les déplacés, davantage préoccupés par leur quotidien dans le camp. « La situation ici est mauvaise, tout le monde vous le dira. Elle est certainement meilleure que dans beaucoup d'autres camps de réfugiés, mais ça reste dur », témoigne Sarah Hassan, l'une des volontaires du camp. « Ils vivent sous des tentes où il n'y a ni salle de bains, ni cuisine, ni toilettes », ajoute cette étudiante en littérature anglaise à l'université de Lattaquié. Sur le plan militaire, les forces syriennes et russes affirment avoir éloigné la ligne de front de la province de Lattaquié de plusieurs dizaines de kilomètres depuis le début de l'intervention russe. Les combattants rebelles ont cependant repris courant décembre au régime le contrôle d'une colline stratégique surplombant une autoroute dans cette province, deux jours seulement après l'avoir perdu. Autour de la ville d'Alep, dans le nord du pays, les forces prorégime butent sur la résistance des rebelles et enregistrent des avancées limitées. Face à cette guerre qui s'enlise, certains déplacés du camp appellent Moscou à s'impliquer encore davantage en envoyant des troupes au sol. « Nous voulons rentrer à la maison par tous les moyens, déclare Yasser Edrees. C'est pour cela que nous voulons que la Russie envoie autant de soldats que possible. »
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commentaires (9)
A les entendre, le régime gagnait la guerre mais afin d’accélérer le processus les Russes sont venu y mettre du sien... Propagande et stupidité quand tu nous tiens!!! Je ne m’étonnes plus des blagues qui circulaient sur les Syriens au Liban. Ce qui est encore plus triste, c'est qu'au lieu d'avoir profité de leur séjour dans notre pays (30 ans quand même) pour développer leurs neurones c'est eux qui ont réussis a bloquer ceux d'une partie de nos concitoyens. Dis moi qui tu fréquentes je te dirais qui tu es?
Pierre Hadjigeorgiou
10 h 17, le 19 février 2016