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Moyen Orient et Monde - Crise des migrants

Comment rendre la Turquie attractive pour que les réfugiés syriens y restent...

L’ambassadeur de l’UE à Ankara Hansjorg Haber lors d’une visite du camp de réfugiés d’Osmaniye (Turquie), le 14 décembre dernier. Adem Altan/AFP

Contrairement à de nombreux Syriens réfugiés en Turquie, Mohammad ne souhaite pas grossir les rangs de ceux qui rejoignent l'Europe. À 22 ans, cet étudiant est devenu un exemple pour l'Europe, déterminée à bloquer à ses portes le flux des migrants.
« Je suis arrivé en Turquie il y a quatre ans. Mais je ne rêve pas d'aller en Europe », assure le jeune homme avec aplomb. « Avec la permission de Dieu, je vais poursuivre mes études et recommencer une vie ici », ajoute-t-il, « et puis je rentrerai en Syrie une fois que la guerre sera terminée ». La plupart des membres de sa famille, originaire de Lattaquié, ont quitté la Turquie il y a trois mois et vivent désormais en Belgique.
Mohammad a pourtant préféré rester dans son camp d'Osmaniye (Sud), au milieu de 10 000 autres réfugiés. Depuis 2013, il est autorisé à suivre des cours à l'université de Mardin, à 400 km plus à l'est, et compte bien y décrocher un diplôme.
Plutôt atypique, son parcours intéresse au plus haut point l'Union européenne (UE). Ses dirigeants sont prêts à payer cher pour que les 2,5 millions de Syriens et d'Irakiens réfugiés en Turquie y trouvent des conditions de vie suffisamment décentes pour les dissuader de prendre la mer et tous les risques pour entrer sur leur sol.
Confrontée à un afflux sans précédent de migrants, Bruxelles a signé le mois dernier un accord avec Ankara. En échange d'une enveloppe financière européenne de 3 milliards d'euros, la Turquie s'est engagée à endiguer leurs départs et à traquer les passeurs. Ce « plan d'action » a sonné comme une victoire pour le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan.
Très fier de sa politique de « porte ouverte » à ses voisins, l'homme fort de Turquie n'avait pas de mots assez durs pour critiquer l'apathie des Occidentaux face au drame syrien. Et accessoirement leur manque d'engagement financier pour leur venir en aide, alors que son pays a déjà déboursé près de 8 milliards d'euros.

« Rendre la Turquie attractive »
« Il nous faut insister sur deux points. Le premier consiste à faire de la Turquie un lieu de séjour plus attractif », estime l'ambassadeur de l'UE à Ankara Hansjorg Haber en marge d'une visite du camp de réfugiés d'Osmaniye. « Le second est l'obligation de lutter contre le trafic des êtres humains à la frontière, avec l'aide de la police turque », ajoute-t-il.
Dans les camps installés par les autorités, les réfugiés bénéficient de tout un éventail de services de base, de l'éducation à la santé. Mais ils ne sont que 260 000 à y avoir accès. Les 2 autres millions de Syriens vivent éparpillés dans les villes de Turquie, dans des conditions souvent précaires qui les obligent, notamment les enfants, à travailler au noir pour des salaires ridicules.
« Nous ne pouvons pas survivre sans travailler à l'extérieur », reconnaît elle-même une locataire du camp d'Osmaniye, Azimet Tusuz, 35 ans.
L'éducation constitue l'un des principaux défis à relever. En septembre, le gouvernement turc a promis de doubler le nombre de réfugiés syriens scolarisés, actuellement estimé à 230 000 sur un total de 600 000 en âge de l'être. « C'est un objectif ambitieux. Nous travaillons étroitement avec le ministère de l'Éducation pour y parvenir », assure le représentant de l'Unicef en Turquie, Philippe Duamelle.
Pour les réfugiés eux-mêmes, la priorité est ailleurs. « Nous n'avons pas de problèmes avec les écoles », confie Maha Abdullah, 38 ans, en attendant sa fille à la sortie d'une école de Sanliurfa financée par l'UE. « Notre gros problème, c'est le loyer et les factures d'électricité et d'eau », se plaint-elle.
Le Programme alimentaire mondial (Pam), qui finance déjà des bons d'alimentation utilisables par les réfugiés qui vivent hors des camps dans les supermarchés, espère pouvoir développer son aide grâce aux fonds européens.
« Si nous ne pouvons pas leur fournir un minimum d'aide, ils vont probablement reprendre la route », pronostique le responsable du Pam en Turquie, Jean-Yves Lequime. « Nous ne sommes pas dirigeants politiques, notre travail n'est pas d'arrêter l'immigration », ajoute-t-il, « mais de venir en aide à ceux qui en ont besoin ».

Fulya OZERKAN/AFP

Contrairement à de nombreux Syriens réfugiés en Turquie, Mohammad ne souhaite pas grossir les rangs de ceux qui rejoignent l'Europe. À 22 ans, cet étudiant est devenu un exemple pour l'Europe, déterminée à bloquer à ses portes le flux des migrants.« Je suis arrivé en Turquie il y a quatre ans. Mais je ne rêve pas d'aller en Europe », assure le jeune homme avec aplomb. « Avec la...

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