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Culture - Beirut Chants

Alléluia, tout Haendel pour un contreténor....

Raffaele Pe offre, en feu d'artifice, plusieurs arias du compositeur allemand ce soir, à l'église des capucins. Virtuosité vocale baroque où les passions humaines ont des allures de prière, de fête, de
joie et d'offrande.

Raffaele Pe : « Je suis fier d’être là, tout en sachant pertinemment l’instabilité de l’environnement. Afin que la musique crée un lien que la politique ne peut faire… »

Rencontre avec un jeune marié (depuis juin, précise-t-il) à l'allure élégante. Silhouette menue, jeans couleur moutarde, blouson bleu marine, cheveux châtains coupés nets et courts, teint pâle, regard clair et sourire d'un enfant de chœur. Pour sa seconde visite au pays du Cèdre, Raffaele Pe a l'enthousiasme et l'élan des premières rencontres heureuses.


« Tout est toujours vibrant, excitant et intense ... Comme savourer un moment au soleil ici », dit-il dans un anglais métissé d'un accent italien, en sirotant avec un évident plaisir son « espresso » noir et en jetant un regard comblé vers un ciel sans nuage. Et d'ajouter : « Je remarque l'intérêt grandissant du public pour la musique classique occidentale, notamment en ce qui concerne le répertoire baroque... »
Né à Lodi près de Milan, le jeune contreténor sera accompagné par cinq musiciens (Ensemble la Lira d'Orféo) faisant la part belle à l'archiluth, « parenté avec le oud et la mandoline », souligne-t-il.
Dans le menu de son récital sont inclues des œuvres de celui que Haydn considérait comme le maître de tous, que Liszt disait qu'il était grand comme le monde et que Beethoven dans son élan de ferveur et d'admiration voulait s'agenouiller devant sa tombe.

 

(Lire aussi : Hakim-Lanzillotta-Foison : première mondiale à Beyrouth)


Pour Haendel, luthérien qui a su s'adapter à toutes les cultures chrétiennes, allemand naturalisé sujet britannique mais avec un long séjour en Italie, on écoute ici, pour cette image iconique du baroque, des airs exclusivement du pays d'Albinoni. Des arias de personnages héroïques des opéras.
Par la voix, les modulations, le vibrato et le souffle de Raffaele Pe vivront Orlando, Rinaldo, Jules Cesar, Bertarido et Tamerlan. Superbe brochette entre théâtralité, fiction et vécu historique pour des sonorités alliant bravoure, intermittence du cœur, emprise du pouvoir, méditation et passions triomphantes ou vaincues, génératrices ou vaines... Diverses facettes pour un héroïsme à multiples visages où la voix humaine, amplificateur mystérieux et insaisissable, masque, démasque, cache, révèle, voile et dévoile...*


Mais revenons à cette voix de contreténor, cette voix de fausset, de tête, cette voix si singulière, si particulière. Cette voix qui tourne actuellement les têtes et fait chavirer les cœurs. Les mots de l'interprète qui a séduit critiques et audiences sont là pour jeter la lumière sur cette boule de cristal que les enfants ont entre les mains et qui souffle ses flocons de neige avant d'avoir un paysage d'une limpide transparence...
« Quand j'étais petit, j'étais choriste avec une voix de soprano, confie l'artiste. Et puis quand j'ai mué en baryton, j'ai préféré retourner à mon statut ante... Qui sait, quand je serai vieux peut-être j'irai à nouveau vers un timbre plus grave. Mais pour le moment, la voix humaine qui a toutes les possibilités et les potentialités, c'est celle que j'utilise. Avec une discipline de fer, une technique impeccable et un entraînement quotidien spartiate. »

Et comment définissez-vous un contreténor ? Quels sont les voix qui vous fascinent dans ce registre ?
« Un contreténor, c'est une voix qui a à la fois les caractéristiques masculines et féminines, explique-t-il. C'est une voix qui peut être plus expressive que d'habitude car elle reflète toutes les nuances et les contrastes humains. Un contreténor c'est un chanteur lyrique dont la voix s'applique à plus d'un registre et demeure au plus proche de la nature humaine. Parmi les chanteurs que j'admire le plus, dans ce registre, je nomme Franco Fagioli, Andreas Scholl et le pionnier Alfred Deller qui a entamé sa carrière en 1960 quand le maniérisme n'était pas encore au creux de la vague actuelle. Et bien entendu Philippe Jaroussky. »

Une dernière vocalise, un dernier trille, un dernier souhait ?
« Pour le public, Haendel, c'est l'oratorio » Le Messie «. Par conséquent il apporte la joie, l'affection, les notes enflammées et douces, un certain romantisme, une certaine chaleur, tout ce que l'on croise à Noël... Mais j'espère que les mélomanes vont (re)découvrir Haendel aux phrases redondantes mais si nuancées. Haendel que j'aime infiniment. Je suis fier d'être là, tout en sachant pertinemment l'instabilité de l'environnement. Afin que la musique crée un lien que la politique ne peut faire... »

*Le contreténor Raffaele Pe est accompagné par l'ensemble La Lira d'Orféo ce soir (à 20 h précises) à l'église des capucins (Bab Idriss) dans le cadre du festival Beirut Chants et avec la collaboration de l'Institut culturel italien à Beyrouth.

 

 

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Rencontre avec un jeune marié (depuis juin, précise-t-il) à l'allure élégante. Silhouette menue, jeans couleur moutarde, blouson bleu marine, cheveux châtains coupés nets et courts, teint pâle, regard clair et sourire d'un enfant de chœur. Pour sa seconde visite au pays du Cèdre, Raffaele Pe a l'enthousiasme et l'élan des premières rencontres heureuses.
« Tout est toujours vibrant,...

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