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Liban - Commémoration

Gebran Tuéni, éternel héraut de la liberté de la presse

Un vibrant hommage a été rendu au député assassiné il y a dix ans, le 12 décembre 2005, dans un attentat à la voiture piégée.

Une décennie entière s'est écoulée depuis ce lundi noir de décembre 2005, lorsqu'une explosion a mis un terme à la vie du député et PDG du quotidien an-Nahar, Gebran Tuéni. Il était connu pour son courage, son audace et son enthousiasme, dont témoignaient ses éditoriaux du jeudi matin, une tribune dont il faisait usage pour évoquer les grandes causes. Gebran Tuéni était donc journaliste d'abord. C'est sur cette dernière idée que la Fondation qui porte son nom a axé l'événement destiné à commémorer l'assassinat du jeune député il y a 10 ans. L'hommage au journaliste a donc réuni samedi au Biel six journalistes libanais et internationaux ayant connu Gebran, ou qui ont tissé avec lui des liens d'amitié, pour discuter du thème de « La presse étrangère et le Liban », à la lumière des développements au Moyen-Orient depuis 2005, et ce en présence de nombre de personnalités politiques, médiatiques et du monde de la presse.

Or, Gebran Tuéni, le journaliste et député, était tout aussi bien l'idole d'une génération de jeunes aspirant à un Liban meilleur, à l'image de leurs ambitions, un Liban que l'on pourrait résumer par le fameux serment que l'ancien directeur d'an-Nahar a prononcé le 14 mars 2005. Ce sont donc de jeunes écoliers qui ont inauguré la conférence en reprenant ce « testament » que le jeune journaliste avait laissé aux futures générations et en lisant quelques passages de ses points.

(Lire aussi : L’indignation de Mgr Audi, fidèle à la mémoire de Gebran Tuéni)

Gebran, synonyme de « courage »

Après le mot de bienvenue de notre consœur d'an-Nahar Sabine Oueiss, modératrice de la conférence, la présidente de la Fondation Gebran Tuéni, Michelle Tuéni, a pris la parole pour adresser un message fort à « tous ceux qui estiment que Gebran est mort pour rien. À ceux-ci, je pose la question suivante : Pourquoi vivez-vous? Vivez-vous pour accepter un État sans chef, un État qui n'organise pas d'élections législatives depuis plus de deux ans ? Ou encore, pourquoi vivez-vous pour accepter de vivre parmi les déchets ? »
La conférence a commencé avec Olivier Royant, rédacteur en chef de Paris Match, qui a estimé que « les terroristes ont voulu faire taire Gebran Tuéni, un homme courageux, le directeur d'un journal indépendant et un père de famille, mais sa mémoire est encore vivante ».

Saluant le courage du jeune PDG d'an-Nahar, le reporter de CNN Ben Wedeman a rappelé pour sa part que le député « disait ce que les autres n'avaient pas le courage de dire, et il a payé de sa vie pour ses convictions ». Devaient suivre les journalistes Adrien Jaulmes (Le Figaro) et Jean-Pierre Perrin (Libération), qui ont mis en avant cette qualité du jeune député.

Était également présent Patrick Forestier de Paris Match, venu rendre hommage à son « ami cher ». Dans son intervention, il a rappelé à l'assistance que « Gebran se battait pour la liberté par les écrits et la parole ». « Il était un homme de plume optimiste, fier et élégant, qui estimait obtenir le changement par les jeunes », a-t-il ajouté.

(Lire aussi : Ils ont dit... en mémoire de Gebran Tuéni)

De son côté, le journaliste et animateur Marcel Ghanem est venu discuter avec l'audience de l'éditorial que son ami aurait écrit pour le numéro d'an-Nahar du 12/12/2015. « Il aurait critiqué la République sans président qui attend les compromis externes pour élire un chef de l'État, ainsi que les signatures de 24 ministres incapables de ramasser les déchets », a-t-il dit, avant de poursuivre : « Gebran aurait aussi exhorté les jeunes à manifester pour demander leurs droits minimaux, avant de les inciter à mettre fin au scandale des divisions. »

« 10 ans après... nous insistons : Gebran ne meurt pas »

Tout comme il évoque le courage et l'audace, Gebran Tuéni, le journaliste charismatique, suscite aussi les questionnements sur la presse libre (que Pierre Conesa a qualifiée de fierté du pays) que le quotidien an-Nahar a incarnée et continue à le faire, 10 ans après l'absence tragique de son ex-PDG. C'est dans cet esprit que le rédacteur en chef adjoint du quotidien, Nabil Bou Monsef, grand ami et collègue de Gebran Tuéni, a entamé un hommage empreint de fidélité : « Une décennie après l'assassinat de Gebran, an-Nahar a placardé son serment sur la façade du siège du journal, parce que nous insistons et affirmons que, 10 ans après, Gebran et son serment ne meurent pas, et qu'an-Nahar poursuivra son parcours, tout comme ce pays et ses citoyens. »
« Le Liban pour lequel Gebran est décédé existe bien. Preuve en est, la liberté d'expression est aujourd'hui à son sommet », a-t-il ajouté. M. Bou Monsef n'a pas manqué de saluer (la députée et actuelle PDG du quotidien) Nayla, ainsi que Michelle Tuéni, les deux premières filles du journaliste assassiné, « porteuses d'un lourd héritage et qui ont prouvé que le pari de leur père sur les jeunes était le bon ».

Notons enfin qu'en marge de la conférence, la Fondation Gebran Tuéni a décerné les prix aux gagnants des compétitions qu'elle avait lancées (notamment celle du journaliste de l'année et de la meilleure photo) et organisé une exposition retraçant la couverture par Paris Match des plus grands événements du Liban.


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"Gebran Tuéni, héraut de la liberté de la presse" et héros du Liban libre.

Halim Abou Chacra

17 h 09, le 14 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • "Gebran Tuéni, héraut de la liberté de la presse" et héros du Liban libre.

    Halim Abou Chacra

    17 h 09, le 14 décembre 2015

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