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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’opposition syrienne opte pour la solution politique, mais beaucoup reste à faire

Paris « salue » la réunion de Riyad, Washington a quelques problèmes avec ses conclusions...

Des soldats du régime syrien devant des corps de combattants de l’État islamique près d’Alep, hier. George Ourfalian/AFP

En acceptant de négocier avec Bachar el-Assad sous la pression de leurs alliés internationaux, les principaux groupes de l'opposition politique et armée syrienne se sont résignés à l'idée d'une solution politique, faute de pouvoir renverser militairement le régime, estiment experts et opposants.
Après deux jours de réunions à Riyad, une centaine d'opposants ont donné jeudi leur accord pour des négociations avec le régime tout en demandant le départ de M. Assad au début d'une éventuelle période de transition, une exigence essentielle des rebelles. Le rassemblement de Riyad, inédit car il a inclus des factions armées, s'inscrit dans le cadre d'un processus international visant à accélérer un règlement politique en Syrie, où la guerre a fait plus de 250 000 morts, poussé à l'exode des millions de personnes et favorisé la montée en puissance du groupe État islamique (EI).
Ce sont surtout les actes répréhensibles de l'EI qui ont poussé les grandes puissances à agir malgré leurs divergences sur le sort à réserver à M. Assad – les Occidentaux exigeant son départ, la Russie et l'Iran l'appuyant politiquement et militairement. « Les factions (armées) en particulier et les forces de l'opposition en général ont fait des concessions (...) L'intérêt général du pays a primé sur celui de telle faction ou telle opposition », déclare Mohammad Bayraqdar, membre du bureau politique du puissant groupe armé islamiste Jaïch al-islam.

Forcing international
Pour M. Bayraqdar, le forcing international pour une solution n'a pas laissé d'autre choix à l'opposition. « Vous ne pouvez pas, en tant que faction, défier la volonté de la communauté internationale (...) Il est clair qu'il existe aujourd'hui une volonté d'une solution politique » et que le renversement militaire du régime « n'est pas sur la table », dit-il. Un membre de la Coalition nationale syrienne, principale composante de l'opposition en exil, Mounzer Makhos, a lui aussi relevé que les opposants « ont accepté de négocier et d'adopter des positions souples ». À Riyad, les opposants ont réclamé que « Bachar et sa clique se retirent du pouvoir avec le début de la période de transition » politique. Mais, souligne M. Bayraqdar, « à Riyad, les opposants ont indiqué que si le régime ne répond pas positivement au principe de base des négociations (le départ d'Assad), les nations (soutenant l'opposition) doivent alors leur envoyer des armes » pour le combattre.
Le régime n'a pas encore réagi à l'accord, mais M. Assad, dans une interview la veille à l'agence espagnole EFE, a affirmé qu'il ne négocierait avec aucun groupe armé, prétextant que toute personne portant une arme est un « terroriste ». « Le communiqué de Riyad veut toujours le départ d'Assad, et cela est bien sûr inacceptable pour le régime », explique Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie à l'Université d'Édimbourg. Rien ne peut augurer d'une réussite ou même d'une tenue de ces pourparlers, après l'expérience des négociations de janvier-février 2014 en Suisse – les seules entre opposition et régime – qui s'étaient soldées par un échec.

« Tout peut déraper »
Signe d'une fragilité de l'accord, l'un des principaux groupes armés, Ahrar el-Cham, a annoncé son retrait de la réunion de Riyad, mais plusieurs sources ont ensuite affirmé qu'il avait finalement signé le communiqué final. L'accord de Riyad a été annoncé une semaine avant une nouvelle réunion internationale attendue à New York.
Mais le secrétaire d'État américain John Kerry a estimé que quelques problèmes demeuraient après cet accord. « Il y a des questions et, évidemment, de notre point de vue, des nœuds à démêler », avant la réunion de New York.
Le responsable américain a ajouté qu'il avait parlé au ministre de la Défense saoudien Mohammad ben Salmane et au ministre des Affaires étrangères de ce pays Adel al-Jubeir après l'annonce de l'accord à Riyad. Il n'a pas précisé sur quels points portent les réserves américaines, mais il a rappelé qu'il est important que l'accord ne déplaise pas à la Russie. M. Kerry est en outre censé rencontrer son homologue russe Serguei Lavrov, ainsi que le président russe Vladimir Poutine à Moscou mardi pour évoquer la crise syrienne et la lutte contre l'EI, a annoncé hier son porte-parole.
De son côté, la France a « salué » hier la réunion de l'opposition syrienne et appelé à « poursuivre les efforts » vers une transition politique.
Pour Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales, les changements de position d'Ahrar el-Cham sont « le premier signe que tout peut déraper ». C'est « la forte pression saoudienne qui a favorisé » la conclusion de l'accord. Durant les négociations à Riyad, le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir est allé voir lui-même les participants qui ont été également reçus par le roi Salmane. En outre, des diplomates de France, des États-Unis et de Grande-Bretagne ont été vus dans les couloirs de l'hôtel où se tenait la conférence. Les acteurs internationaux ont fixé un calendrier ambitieux pour une solution en Syrie : une rencontre à compter du 1er janvier entre opposition et régime avant un cessez-le-feu, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections d'ici à 18 mois.

Karim ABOU MERHI/AFP

En acceptant de négocier avec Bachar el-Assad sous la pression de leurs alliés internationaux, les principaux groupes de l'opposition politique et armée syrienne se sont résignés à l'idée d'une solution politique, faute de pouvoir renverser militairement le régime, estiment experts et opposants.Après deux jours de réunions à Riyad, une centaine d'opposants ont donné jeudi leur accord...

commentaires (2)

"Pour la solution politique, beaucoup reste à faire." ! Tant mieux. Nous on a supporté à cause d'eux quinze ans de guerre ferme.... à part le reste qui dure jusqu'à maintenant ! Thé, Eau, Zed !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 12, le 13 décembre 2015

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Commentaires (2)

  • "Pour la solution politique, beaucoup reste à faire." ! Tant mieux. Nous on a supporté à cause d'eux quinze ans de guerre ferme.... à part le reste qui dure jusqu'à maintenant ! Thé, Eau, Zed !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 12, le 13 décembre 2015

  • Des soldats du régime syrien devant des corps de combattants de l’État islamique près d’Alep, hier A Y REGARDER DE PRES ON DIRAIT DES TETES D'IRANIENS,DE MONGOLS ET D'AFGHANS CES AINSI NOMMEES "SOLDATS DU REGIME"

    Henrik Yowakim

    16 h 06, le 12 décembre 2015

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