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À La Une - conflit

La France à la manœuvre contre le groupe État islamique

"La dynamique française a permis d'inciter les États-Unis à passer à un autre type de frappes".

Le porte-avions Charles de Gaulle a engagé sa force de frappe contre l'EI dix jours après les attaques jihadistes perpétrées à Paris, le 13 novembre.

Après les attentats il y a un mois, la France a intensifié ses raids contre le groupe État islamique et tenté de mobiliser ses alliés, afin de maintenir au maximum la pression tout en se refusant à fournir des troupes pour une offensive terrestre.

Signal le plus emblématique de cette riposte, le porte-avions Charles de Gaulle a engagé sa force de frappe contre l'EI dix jours après les attaques jihadistes du 13 novembre (130 morts). "Il nous a permis de marquer un effort contre Daech (acronyme arabe de l'EI) en Syrie tout en continuant nos missions d'appui au sol (des troupes kurdes et irakiennes) en Irak", résume le porte-parole de l'état-major des Armées, le colonel Gilles Jaron.
"Au pic de nos engagements, on est passé de 5 à 20% des contributions (à la coalition emmenée par les États-Unis) en matière de frappes" après le déploiement du porte-avions en Méditerranée orientale, fait-il valoir.
Le Charles de Gaulle a permis de tripler la capacité aérienne de la France contre l'EI en portant de 12 à 38 le nombre de ses chasseurs-bombardiers stationnés au Moyen-Orient.

Après le choc des attentats à l'écho mondial, le président François Hollande a obtenu une aide militaire de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne. L'intensification des frappes, dans laquelle les États-Unis ont affirmé aussi s'engager après les attentats de Paris, ne bouleverse toutefois pas la donne sur le terrain. "Elle est de nature à fragiliser l'EI, à affecter son fonctionnement, pas à précipiter son effondrement", constate Philippe Gros, de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) à Paris.

Les frappes, qui se résumaient surtout à de l'appui aérien au sol en Irak et étaient opérées pour l'essentiel par l'aviation américaine, visent désormais des centres de commandement, d'entraînement et des sites d'hydrocarbures finançant l'EI.

 

( Lire aussi : Syrie : quand les Européens s'engagent dans une impasse )

 

"Un autre front au Sahel"
"La dynamique française a permis d'inciter les États-Unis à passer à un autre type de frappes, l'attaque des infrastructures pétrolières, qu'il s'agisse de l'extraction, du raffinage et des convois de camions", note Jean-Claude Allard, expert à l'Institut français de relations internationales et stratégiques (Iris).

Le Charles de Gaulle fait désormais route vers le Golfe, où il va diriger pendant plusieurs semaines les opérations navales de la coalition contre l'EI tout en poursuivant sa campagne de frappes, avant une fin de mission programmée en mars. Que pourra alors faire la France de plus, sachant qu'elle n'est pas en mesure d'augmenter le nombre de ses avions stationnés en Jordanie et aux Émirats, son "armée de l'Air étant déjà au taquet", selon M. Gros ? La relève dans le Golfe sera alors assurée par un porte-avions américain et la pression restera la même sur l'EI, assure le colonel Jaron. "C'est la somme des capacités de la coalition qu'il faut regarder", pas la seule contribution française, dit-il.

Pour Jean-Claude Allard, la France ne doit pas chercher non plus à accroître sa présence militaire au Levant au détriment du Sahel, où elle reste le seul rempart face au jihadisme local avec l'opération Barkhane. "A mettre trop les feux sur le théâtre syrien, on risquerait de découvrir notre flan sud", avertit-il. La coopération plus poussée avec les Russes à laquelle le président Hollande a appelé après les attentats semble jusqu'à présent très limitée. "On en est toujours à une logique de +deconfliction+ (coordination pour éviter les collisions navales et aériennes). Le temps suivant nécessite encore un dialogue politique", note Gilles Jaron.

Quel que soit l'impact des frappes, aucune issue militaire ne sera possible contre l'EI sans l'engagement de troupes au sol, kurdes, de l'opposition syrienne dite modérée, voire de l'armée syrienne comme le concède désormais Paris à condition que Bachar el-Assad ne soit plus à sa tête. "Entre les forces qui veulent, qui peuvent, on arrive vite à cours d'options", note toutefois M. Gros, un pessimisme partagé par de nombreux experts. En attendant, "mieux vaut avoir une logique d'endiguement contre l'EI plutôt qu'un +sprint+", avec une campagne aérienne plus intense encore, dit-il.

 

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commentaires (3)

QUI TIENT LA PÉDALE ?

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 28, le 10 décembre 2015

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Commentaires (3)

  • QUI TIENT LA PÉDALE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 28, le 10 décembre 2015

  • Du moins pour ceux qui veulent encore le croire.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 27, le 10 décembre 2015

  • L'AFP fatigue grave ..., avec sa désinfo même pas un centième crédible...!

    M.V.

    17 h 54, le 10 décembre 2015

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