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Économie - Récompense

Les Brilliant Lebanese Awards mettent de nouveaux entrepreneurs à l’honneur

Deux PME ont été récompensées avec 30 000 dollars chacune lors de la quatrième édition des Brilliant Lebanese Awards (BLA), organisée mardi par la BLC Bank. Hala Audi Beydoun, à la tête de la pâtisserie Cocoa & Co, a été couronnée femme entrepreneuse de l'année ; tandis que Mahmoud el-Hakim, fondateur de EYEdeas, était le lauréat de la catégorie meilleur business de l'année. Portraits croisés.

Hala Audi Beydoun et Mahmoud el-Hakim. Photos DR


Hala Audi Beydoun promeut les douceurs à l'américaine


Hala Audi Beydoun a été élue femme entrepreneuse de l'année. Photo DR

Les gâteaux et cookies de Hala Audi Beydoun se déclinent sous toutes les formes et pour toutes les occasions : anniversaires, sapins de Noël, drapeau libanais, ou encore squelettes pour Halloween. « J'aime toujours mettre la touche finale à mes gâteaux, en particulier pour la décoration », explique l'ex-professeure d'anglais, aujourd'hui à la tête de 15 personnes à Cocoa & Co.

Cette mère de famille a commencé à préparer ses gâteaux pour les anniversaires de ses filles avant de les vendre à partir de chez elle. Le succès a été rapide : « J'ai commencé à recevoir des commandes internationales dès mes débuts en 2000. Mes desserts, au style très américain, étaient originaux. À l'époque, le marché était saturé de pâtisseries françaises », dit-elle. Elle apprend sur le tas, avec des livres de cuisine ou des magazines. Mais son parcours entrepreneurial a été compliqué par la maladie. Quelques semaines après la naissance de sa troisième fille, en 2002, elle apprend qu'elle est atteinte d'une leucémie et est hospitalisée pendant 8 mois.

Hala Audi Beydoun doit mettre son entreprise en pause, mais se relance avec une énergie décuplée dans son développement une fois la santé retrouvée. En 2006, elle décide qu'il est temps de déménager de sa cuisine et investit, avec l'aide d'un membre de sa famille, environ 120 000 dollars dans une cuisine à Mathaf. Nouvelle pause en 2008, lorsque l'une de ses filles est atteinte du même cancer. Une fois guérie, Cocoa & Co continue son expansion, avec une première boutique ouverte à Achrafieh en 2009, et c'est en 2012 que l'entreprise prend véritablement son envol.
Deux ans plus tard, Hala Audi Beydoun ferme son premier magasin pour en lancer un à Beirut Souks. « Ça a vraiment fait bondir notre chiffre d'affaires », se souvient-elle, au sujet duquel elle reste cependant discrète.

Aujourd'hui, elle peut toutefois se targuer d'environ 20 commandes par jour, avec pas moins de 5 000 clients. « Je suis avec certaines familles depuis plusieurs années. J'ai fait les gâteaux d'anniversaire des enfants, et maintenant leurs gâteaux de remise de diplômes », dit-elle dans un sourire. Les prix commencent à 2 dollars pour un cookie, à 23 dollars pour une boîte de brownies de 600 grammes, et les gâteaux oscillent entre 200 et 300 dollars. En décembre 2014, elle ouvre un second magasin à Koraytem. « Désormais, je réfléchis à la possibilité de lancer une entreprise affiliée à Cocoa & Co, qui proposerait moins de produits, mais à partir de laquelle je pourrais créer des franchises à l'étranger », conclut Hala Audi Beydoun.

 

Mahmoud el-Hakim mise sur la flexibilité de ses lunettes



L'entreprise de Mahmoud el-Hakim a été élue .meilleur business de l'année. Photo DR

 

Des lunettes de toutes les couleurs, qui se tordent dans tous les sens, avec plusieurs parties interchangeables... Les lunettes de Mahmoud el-Hakim détonnent par leur originalité et leur inventivité. Mais la vraie nouveauté saute moins aux yeux : « La partie avant des lunettes est en plastique, et l'arrière est en silicone, qui est là pour absorber les chocs », explique l'optométriste.

Une idée qui lui est venue il y a trois ans, alors qu'il travaillait dans l'entreprise familiale héritée de son grand-père. « Une amie se plaignait des blessures à l'arcade sourcilière de son fils suite à une bagarre, aggravées par ses lunettes de vue. Je me suis demandé : "Pourquoi n'a-t-on pas de lunettes qui peuvent absorber les chocs?" » explique Mahmoud el-Hakim. Peu satisfait des lunettes entièrement faites de silicone déjà existantes, qui, selon lui, « tombent facilement du visage », il se lance dans la fabrication de ses lunettes pour lesquelles il dépose un nouveau brevet.

Cet inventeur touche-à-tout affirme d'ailleurs en avoir déposé un grand nombre, mais refuse de dire combien, « par peur de paraître arrogant ». Une discrétion affichée, voire systématique, qui se traduit également par le refus de communiquer son chiffre d'affaires ou les ventes qu'il a réalisées depuis la présentation de ses produits à une exposition internationale en Italie, il y a deux ans. Il assure néanmoins que celles-ci ont doublé et se font en majorité à l'étranger : à Dubaï, où il possède un deuxième bureau, et en Espagne, ainsi qu'aux États-Unis, au Soudan et en Égypte.

Car Mahmoud el-Hakim ne s'est pas arrêté aux lunettes pour enfants, qui représentent toutefois encore aujourd'hui le gros de ses ventes : il a également développé des lunettes spéciales pour adolescents, de soleil, et aussi de vue.
Il veut continuer à faire croître son entreprise en recrutant des partenaires, se disant lassé de son « one-man-show ». Grâce à la notoriété acquise par les BLA, il espère tout d'abord attirer des actionnaires dans son entreprise. « Je me suis toujours autofinancé grâce à des prêts. J'ai investi un total de 1 200 000 dollars depuis mes débuts », souligne-t-il.

Prochaine étape : la construction d'une usine à Chypre, qu'il espère qu'elle sera complétée d'ici à juin, car ses lunettes sont actuellement produites en Asie et en Europe, déclare-t-il, sans donner, là encore, plus de précisions. À Chypre, Mahmoud el-Hakim voudrait recruter environ 12 personnes pour produire des lunettes de soleil et des lunettes de vue, avec une production d'environ 50 000 à 60 000 lunettes par an.


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Les coulisses du BLA : « Lorsque je note un candidat, je me demande quelle est sa vision »

« Nous voulons mettre en avant des exemples bien visibles afin d'encourager les nouveaux entrants », résume Tania Moussallem, directrice générale adjointe à la BLC Bank, pour présenter la démarche des Brilliant Lebanese Awards (BLA).

Pour sélectionner les candidats, la banque a mis en place 4 critères : leur créativité, leur solidité financière, leur durabilité et leur responsabilité sociale. Entre 150 et 160 entreprises postulent chaque année depuis la création du prix en 2012, assure Tania Moussallem. Les candidats sont examinés par un comité de la banque, qui choisit 12 entreprises qu'elle soumet à un jury composé de spécialistes issus de la Banque du Liban, d'institutions de prêt ou d'accélérateurs, ou encore d'organismes internationaux tels que la Société financière internationale (SFI, groupe Banque mondiale). Ce jury rencontre ensuite chaque candidat pendant près d'une heure et les note séparément.

« Lorsque je note un candidat, je me demande : quelles sont les origines de l'entreprise, et quelle est sa vision pour se développer à l'avenir ? Par exemple, j'aime entendre des entrepreneurs qu'ils veulent recruter et suis sceptique s'ils me disent qu'ils peuvent tout faire tout seuls », explique Thomas Jacobs, représentant résident de la SFI pour le Liban et la Syrie, et membre du jury.
Selon lui, les profils sont variés : entrepreneurs en milieu de carrière ou jeunes qui cherchent un environnement pour se développer à l'international. « La cérémonie met la lumière sur les femmes, sans ignorer le reste du marché », pense-t-il. « Elle attire l'attention sur l'activité des jeunes entreprises au Liban, et l'avenir du pays s'articulera autour de ces nouvelles idées. Ces entrepreneurs ont donc besoin de tout le soutien qu'ils peuvent avoir », ajoute Thomas Jacobs.

« Grâce aux BLA, le développement de mon entreprise s'est accéléré : j'ai pu faire en un an ce qui m'aurait pris 5 ou 6 ans seule », assure de son côté Aline Kamakian, à la tête du restaurant Mayrig et lauréate en 2014.

 

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