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À La Une - Etats-Unis

Trump provoque un tollé en voulant fermer les frontières américaines aux musulmans

La Maison Blanche estime que cette énième diatribe du candidat républicain le "disqualifie pour être président".

Le milliardaire américain Donald Trump, en tête des sondages des primaires républicaines pour la Maison Blanche en 2016, a appelé lundi à barrer l'entrée des musulmans aux Etats-Unis, dans un meeting en Caroline du Sud, le 7 décembre 2015. Sean Rayford/Getty Images/AFP

La proposition du milliardaire américain Donald Trump, candidat républicain à la Maison Blanche en 2016, de barrer l'entrée des musulmans aux États-Unis a suscité une salve de réactions indignées, et parfois excédées, en Amérique et à travers le monde. "J'ai des amis musulmans, ce sont des gens très bien mais ils savent qu'il y a un problème, et on ne peut plus le tolérer", avait expliqué Donald Trump, ovationné en meeting en Caroline du Sud, quelques heures après avoir annoncé lundi qu'il souhaitait fermer les frontières des États-Unis aux musulmans "jusqu'à ce que nous soyons capables de déterminer et de comprendre ce problème".

Même à l'échelle des déclarations incendiaires du candidat en tête des sondages pour les primaires de son parti, la proposition est extraordinaire. Et les réactions politiques à la mesure d'une proposition qui semble directement enfreindre la Constitution américaine et l'interdiction des discriminations religieuses. Une avalanche de condamnations politiques s'est abattue sur l'homme d'affaires, y compris venant de ses rivaux républicains pourtant habituellement peu enclins à défendre les musulmans, de Marco Rubio à Chris Christie. Jeb Bush, qui avait lui-même après les attentats de Paris proposé d'exclure uniquement les réfugiés syriens musulmans, l'a traité de "déséquilibré". "Savez-vous comment rendre à l'Amérique sa grandeur ?", a questionné mardi matin Lindsey Graham, un autre républicain, reprenant le slogan de campagne du milliardaire. "Dites à Donald Trump d'aller au diable".

Côté démocrate, la Maison Blanche a immédiatement dénoncé lundi une idée "contraire à nos valeurs". Elle en a remis une couche mardi en estimant que cette énième diatribe "moralement répréhensible" le "disqualifie pour être président". "La vraie question pour le parti républicain est de savoir s'ils se laisseront entraîner dans les poubelles de l'histoire avec Donald Trump", a dénoncé avec une rare virulence le porte-parole de l'exécutif américain.
"Donald Trump, vous ne comprenez rien. Cela affaiblit notre sécurité", a réagi Hillary Clinton sur Twitter.
"Donald Trump ressemble plus au leader d'une foule prête au lynchage que d'un grand pays comme le nôtre", s'est pour sa part désolé Nihad Awad, directeur du Comité de relations américano-islamiques (CAIR).

La déclaration "porte seulement atteinte à la campagne légitime contre le fondamentalisme islamiste" et "ne fait que renforcer le recrutement de l’État islamique à travers le monde", ont aussi déploré Marvin Hier et Abraham Cooper, fondateurs du centre juif Simon Wiesenthal pour les droits de l'homme.

 

(Lire aussi : Trump veut ficher les musulmans aux Etats-Unis)

 

'La haine et les amalgames'
La proposition a également provoqué un tollé chez les dirigeants mondiaux. Pour Dar al-Iftaa, la plus haute autorité religieuse d’Égypte, il s'agit de "remarques extrémistes et racistes" et "cette vision hostile à l'islam et aux musulmans va attiser les tensions au sein de la société américaine".
Le Premier ministre britannique David Cameron est lui en "désaccord total" avec cette proposition, qu'il juge "tout simplement mauvaise, inutile et de nature à semer la discorde", a déclaré un porte-parole du chef de l'exécutif britannique. Pour sa part, le Premier ministre français Manuel Valls a fustigé la proposition de M. Trump, estimant qu'il "entretient la haine et les amalgames". "Notre seul ennemi, c'est l'islamisme radical".

Insensible aux condamnations internationales, Donald Trump était mardi matin sur toutes les télévisions américaines pour défendre son idée, estimant au passage sur CNN que Paris "devrait peut-être" adopter la même stratégie, au vu des "immenses" problèmes que connaît la ville avec sa communauté musulmane. La veille, il affirmait que de nombreux musulmans sont favorables au jihad violent contre les Américains ou qu'ils préfèrent vivre en vertu de la charia (loi islamique) plutôt que de la Constitution américaine. "Donald Trump appelle à l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux États-Unis jusqu'à ce que les élus de notre pays comprennent ce qui se passe", expliquait son communiqué.

 

(Lire aussi : Donald Trump, versant américain de Le Pen ?)

 

"La haine dépasse l'entendement", avait-il lancé, évoquant le couple de tueurs de San Bernardino (14 morts) et les auteurs des attentats de Paris (130 morts). "Ça ne fait qu'empirer et on va avoir un autre World Trade Center", prévenait-il. Sur son évasive proposition de lundi, il a simplement précisé que les soldats américains musulmans basés à l'étranger pourraient revenir. Et que les musulmans déjà ici pourraient rester. L'annonce de lundi peut se lire comme une réponse à Barack Obama, qui dans un discours à la nation dimanche avait enjoint les Américains à éviter les amalgames entre le groupe Etat islamique et l'islam.

Donald Trump n'en est pas à sa première salve anti-musulmans depuis sa tonitruante entrée en campagne à l'été. Après les attentats de Paris en novembre, il a appelé -- comme le reste de son parti -- au rejet des réfugiés syriens. Il avait aussi approuvé l'idée de forcer les musulmans à se déclarer sur un registre afin d'être surveillés, déclenchant un premier malaise dans son camp.

 

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