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Liban - Disparition

Denis Pietton, « l’ami à l’humanité sans égale »

Un grand ami du Liban – l'un d'entre nous – s'est éteint hier.
L'ancien ambassadeur de France au Liban, Denis Pietton, a en effet tragiquement succombé des suites d'une terrible maladie.
Durant sa mission à Beyrouth, entre 2009 et 2012, ce gentleman-diplomate aura profondément marqué les cœurs et les esprits de toutes les personnes qu'il a rencontrées, si bien que les hommages se sont multipliés hier spontanément sur les réseaux sociaux, à l'annonce de son départ, pour célébrer la mémoire de cet « ami à l'humanité sans égale », parti trop tôt.

Né le 11 juin 1956, M. Pietton a occupé notamment le poste de directeur adjoint du cabinet du ministre des Affaires étrangères de 1997 à 1999, avant d'être nommé consul général à Jérusalem, en 1999, peu de temps avant le début de la seconde intifada, puis ministre conseiller à l'ambassade de France à Washington de 2002 à 2006, et ambassadeur entre 2006 et 2009 à Maseru au Lesotho puis à Pretoria, en Afrique du Sud.

Mais entre le Liban et Denis Pietton, la relation sera toute particulière. Ce sera en effet, durant ses deux ans et demi de mission, une relation d'amour profonde, mêlée de tragédie et d'espoir.
Tragédie avec le crash de l'avion d'Ethiopian Airlines, le 25 janvier 2010, au décollage de l'Aéroport international de Beyrouth, à bord duquel se trouvait son épouse d'origine cubaine, Marla Sanchez. En dépit de la douleur incommensurable, Denis Pietton fera preuve d'un courage exemplaire, en choisissant de rester à Beyrouth, « car le drame, on le transporte toujours avec soi ».
Le drame, le diplomate le surmontera cependant grâce, en partie, à sa famille d'adoption, les Libanais. « Après le décès de mon épouse, ils ont fait preuve d'une immense compassion et ont su magnifiquement m'entourer de leur chaleur et de leur présence. Je leur en suis immensément reconnaissant et je suis heureux de poursuivre ma mission », confiera-t-il ensuite.
C'est d'ailleurs, heureux clin d'œil du destin, une Libanaise, Najwa Bassil, qui lui rendra le sourire quelques années plus tard, et avec laquelle il convolera en justes noces. Symboliquement, cet homme extraordinaire décidait de garder avec lui, jusqu'au bout, « la chaleur humaine, le sens de la famille, la joie de vivre » retrouvés au Liban, comme du bon pain frais tout droit sorti des fourneaux.

Nommé au Quai d'Orsay pour conseiller Laurent Fabius (avant d'être nommé plus tard ambassadeur au Brésil), Denis Pietton quittera le Liban en avril 2012, au terme d'une mission ponctuée des positions courageuses de principe à l'image de ses prédécesseurs, sur une sublime note d'espoir. Dans un magnifique discours à la Résidence des Pins, il se fera en effet un devoir de rappeler aux Libanais « les atouts de votre pays, qui sont nombreux : un climat de liberté politique et religieuse, une jeunesse éduquée et avide de réussite, une population entreprenante, persévérante et courageuse, une ouverture au monde exceptionnelle ».
Et d'ajouter : « Sur ces forces, les Libanais peuvent bâtir l'État fort, efficace et respecté auquel ils aspirent. Le Liban est une belle idée, celle du vivre-ensemble, qui mérite d'être parachevée par les Libanais, quels que soient les écueils, et d'être soutenue par tous ceux qui croient dans la démocratie, le respect des droits humains, la diversité et l'acceptation des différences. Les tragiques événements de Syrie montrent toute la valeur de l'exemple libanais. »

Est-il plus bel épithalame pour célébrer ce mariage éternel, qui durera jusqu'à la fin de l'amour et jusqu'au bout de la lumière, entre le Liban et Denis Pietton – par-delà la tristesse, la maladie et la mort ?


L'Orient-Le Jour

 


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commentaires (1)

RIP.

Christine KHALIL

07 h 20, le 08 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • RIP.

    Christine KHALIL

    07 h 20, le 08 décembre 2015

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