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Liban - Inspection mécanique

Passer le contrôle mécanique de sa voiture en décembre, une vraie galère

La file interminable devant le Centre d’inspection mécanique de Hadeth. Photo Nabil Kawkab

Pour certains, le mois de décembre est synonyme de préparation aux fêtes et festivités, mais pour d'autres il rime avec aubaine, et pour cause : c'est le fameux dernier mois de l'année pour le règlement des factures impayées, pendant lequel tout doit rentrer dans l'ordre, sinon la note risque de s'alourdir.

Un grand nombre de Libanais attendent ainsi le mois de décembre pour passer au Centre de l'inspection mécanique à Hadeth, dans la banlieue de Beyrouth, qui reste l'un des centres les plus fréquentés, vu que dans la capitale la concentration de la population est la plus importante.

Arrivés dès 7h30, automobilistes, propriétaires de voitures, employés de compagnies et mères de famille sont surpris par le nombre impressionnant de personnes déjà debout dans une file interminable dont les ramifications s'étendent jusqu'à l'extérieur du bâtiment réservé à la vérification des documents.

« Ce n'est pas possible, on dirait que les gens ont passé la nuit devant le portail du centre, à quelle heure se sont-ils réveillés pour arriver si tôt ? » s'exclame Siham, une femme de cinquante ans, venue dépanner son fils qui n'a pas pu s'absenter de son travail. « Il y a une entrée spéciale réservée aux femmes, et quel que soit le nombre de personnes qui se présentent, les femmes sont cinq fois moins nombreuses. Leur tour arrive bien avant celui des hommes! » dit-elle, soulagée de cette discrimination. « Moi je viens avec mon mari juste pour le ticket, mais c'est lui qui s'occupe ensuite de l'auto et des formalités. Je l'accompagne seulement afin qu'il n'attende pas son tour durant des heures ! » avoue, pour sa part, Manal, dont le mari attend patiemment dehors dans la voiture.

Dans le bâtiment, des centaines d'hommes attendent leur tour dans un labyrinthe de fortune à côté de l'allée, moins congestionnée, réservée aux femmes. Dans la foule, l'on note aussi beaucoup de personnes âgées, vraisemblablement obligées de s'occuper elles-mêmes de leur véhicule, attendant debout dans la file pour au moins une heure et demie, si ce n'est plus, avant que leur tour n'arrive.

Des employés du centre tentent tant bien que mal de gérer la tension qui monte entre des individus épuisés d'attendre autant et qui se pressent les uns contre les autres comme des sardines dans une boîte. Beaucoup rebroussent chemin à la vue du nombre incroyable de voitures occupant toute la place intérieure du centre, évaluant qu'il leur faudrait au moins trois heures de patience avant d'en finir avec la corvée.
« S'ils étaient venus durant le mois qui leur était réservé, ils auraient pu échapper à cette cohue insupportable ; pour nous aussi, c'est fatigant de devoir accélérer les formalités afin de pouvoir absorber ces centaines de milliers de demandes par jour ! » explique un contractuel travaillant au centre.
« Mais vous étiez en grève, le mois dernier, et nous avons dû venir plusieurs fois, ce qui ne nous a laissé que décembre, un mois qu'il faut éviter à tout prix », lui répond énervé un vieux monsieur descendu de la montagne après avoir fermé son magasin afin de se consacrer au contrôle mécanique de son auto. Il devra revenir encore un autre jour pour sa camionnette.

Les salariés et contractuels avaient observé plusieurs sit-in en novembre dernier au centre à Hadeth où le travail a été perturbé plusieurs jours. Protestant contre leur situation salariale, légale et financière, ils réclament une amélioration de leurs conditions et de l'environnement sanitaire du centre. Les protestataires exigent également l'annulation d'une clause de leur contrat, en vertu de laquelle ils ne seront pas embauchés par la future société qui gérera le Centre d'inspection mécanique. Ils avaient aussi menacé de recourir à l'escalade dans tous les autres centres d'inspection mécanique.

Une fois le ticket de passage en main, l'automobiliste reprend sa respiration avant de se lancer dans la deuxième partie de l'épreuve, le contrôle du véhicule, bien conscient que, si le moindre problème est relevé sur sa voiture, il faudra recommencer tout le parcours, depuis la case départ.

Dans les longues files qui s'étendent devant le hangar où sont contrôlées les voitures, des autos toutes neuves côtoient des guimbardes cabossées. Tous les véhicules seront contrôlés de la même manière : les phares, les essuie-glaces, le taux de monoxyde de carbone (CO), les plaquettes des freins, les pneus, etc.
À la sortie du hangar, l'employé tend à l'automobiliste le papier bilan du contrôle. Un O.K. est accueilli par un profond soupir de soulagement de la part de l'automobiliste qui en viendrait presque à oublier les heures de cauchemar. Jusqu'à l'année prochaine... au mois de décembre évidemment !


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Pour certains, le mois de décembre est synonyme de préparation aux fêtes et festivités, mais pour d'autres il rime avec aubaine, et pour cause : c'est le fameux dernier mois de l'année pour le règlement des factures impayées, pendant lequel tout doit rentrer dans l'ordre, sinon la note risque de s'alourdir.
Un grand nombre de Libanais attendent ainsi le mois de décembre pour passer au...

commentaires (1)

Encore un service public lamentablement médiocre comme l'EDL, les routes, et j'en passe. C'est une honte que d'être incapable de gérer un service aussi simple que la mécanique des voiture, un service où la corruption règne. Nous regrettons Elie el Murr qui l'avait lors de son mandat structurė et organisé à la perfection.

Dounia Mansour Abdelnour

05 h 29, le 07 décembre 2015

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Commentaires (1)

  • Encore un service public lamentablement médiocre comme l'EDL, les routes, et j'en passe. C'est une honte que d'être incapable de gérer un service aussi simple que la mécanique des voiture, un service où la corruption règne. Nous regrettons Elie el Murr qui l'avait lors de son mandat structurė et organisé à la perfection.

    Dounia Mansour Abdelnour

    05 h 29, le 07 décembre 2015

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