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À La Une - Migrants

À Lesbos, les contrôles peu affectés par le coup de pression de l'UE

La Grèce risque d'être poussée hors de l'espace Schengen, selon le Financial Times.

Des migrants et réfugiés, arrivés sur l'île grecque de Lesbos, le 3 décembre 2015. Photo AFP/ARIS MESSINIS

Débarquement de Turquie, contrôle rapide et enregistrement, embarquement pour Athènes et en route vers l'Europe occidentale : à Lesbos, la routine de l'accueil des migrants continue, à peine affectée par la pression croissante sur la Grèce pour qu'elle jugule mieux les flux.

Des journaux européens, dont le Financial Times, ont assuré mercredi que la Grèce risquait d'être poussée hors de l'espace Schengen, accusée par des partenaires européens de mal défendre les frontières extérieures de l'UE.

Tout en démentant toute menace officielle en ce sens, les Grecs se sont décidés jeudi à activer le "mécanisme européen de protection civile", afin de recevoir de l'aide en matériel et en personnels. "Aucun pays ne pourrait supporter seul le flux de migrants qu'a dû gérer la Grèce cette année", confirme Boris Cheshirkov, du Haut commissariat aux réfugiés de l'Onu.

Athènes a aussi accepté des renforts de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières. A Lesbos, principale porte d'entrée des migrants en Europe, le contrôle se veut systématique, mais ne parvient pas à être très approfondi. Sur le port de Mytilène, la capitale de l'île, Amid Ulah, un Afghan, raconte s'être dépêtré sans mal du filtrage à l'arrivée.

"Le premier jour, les gardes-côtes te demandent nom, nationalité et âge. Le jour suivant, tu vas t'enregistrer dans le centre de Moria, la police te prend tes empreintes digitales et te photographie et effectue ensuite un questionnaire. Ça n'a duré que 5 minutes, c'était des questions basiques." Amid n'avait pourtant pas de passeport, seulement un "papier écrit" lui servant de carte d'identité. "Difficile à contrôler... Et dans de nombreux cas, les réfugiés affirmant avoir perdu leurs passeports en route, le seul moyen de vérifier leur nationalité est l'interrogatoire avec des interprètes", admet sous couvert d'anonymat un policier au camp de Moria, l'un des cinq "hotspots" que la Grèce s'est engagée à ouvrir sur ses îles égéennes.

Kamal, un Syrien de 25 ans, s'est trouvé dans cette situation il y a deux jours. "Le policier s'est énervé en disant que tout le monde lui sortait cette excuse" de la perte des papiers, raconte-t-il. Un interprète afghan tempère. Selon lui, l'entretien réalisé pour identifier les migrants permet "même en cinq minutes de savoir si la personne vient effectivement de Syrie ou d'un autre pays". "L'accent ne trompe pas, assure-t-il, et des questions précises sur le pays sont posées, comme le nom d'hommes politiques ou les spécialités culinaires d'une région particulière."

 

(Lire aussi : À Lesbos, les volontaires réclament plus de moyens pour empêcher les naufrages)

 

'Contrôles plus assidus'
Avivée par le passage avéré en octobre sur l'autre île de Léros d'au moins deux auteurs des attentats de Paris le 13 novembre, la polémique sur le laxisme du contrôle des migrants agace à Lesbos. "Nous sauvons des centaines de personnes de la noyade tous les jours, et nous continuons comme à l'ordinaire de contrôler l'identité des migrants", s'offusque un lieutenant de police. "On nous reproche de ne pas avoir su détecter le passage de deux terroristes alors que 776.000 personnes sont passées par la Grèce depuis le début de l'année. Comment faire pour détecter un terroriste en devenir, s'il n'est pas fiché par Interpol, si les autres pays européens ne partagent pas leurs renseignements, et si en plus il utilise un passeport vrai mais volé ?" s'interroge cet officier, requérant l'anonymat.

Un policier remarque cependant que depuis les attentats de Paris "les contrôles sont plus assidus et des renforts de l'antiterrorisme grec ont été envoyés". "Jusqu'à la fin de l'été la consigne était de faire passer le plus vite possible les réfugiés", avoue-t-il.

Pour le maire de Mytilène, Spyros Gallinos, les partenaires européens devraient s'en prendre à eux-mêmes.
"La Grèce est un pays en crise", affecté par "des coupes budgétaires, nous manquons de policiers, de gardes-côtes. J'ai écrit plusieurs fois aux commissaires européens pour demander un soutien financier et logistique, et ils nous accusent maintenant d'avoir tardé à réclamer leur aide".

S'il a reconnu certains "retards et défaillances" dans la gestion de ce flux, le ministre à la politique migratoire, Iannis Mouzalas, a aussi renvoyé la balle sur l'UE mercredi, recensant plusieurs demandes grecques restées sans réponse, dont l'une pour "un renfort de 1.600 policiers". Quant à freiner les arrivées, impossible si la Turquie ne limite pas les départs car "on ne peut pas construire des murs en mer", a-t-il réaffirmé.

 

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