Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré qu'il n'envisageait plus un départ du président syrien Bachar el-Assad avant une transition politique en Syrie, dans un entretien à un quotidien régional.
"La lutte contre Daech (acronyme arabe de l'Etat islamique) est décisive, mais ne sera totalement efficace que si l'ensemble des forces syriennes et régionales s'unissent. Comment est-ce possible tant que Bachar el-Assad préside, lui qui a commis tant d'atrocités, et qui a contre lui une grande partie de sa population ?" s'interroge le chef de la diplomatie française dans un entretien au quotidien Le progrès de Lyon paru samedi. "Une Syrie unie implique une transition politique. Cela ne veut pas dire que Bachar el-Assad doit partir avant même la transition, mais il faut des assurances pour le futur", précise M. Fabius dans cet entretien.
Après les attentats de Paris le 13 novembre (130 morts), revendiqués par l'EI, la France a fait de la lutte contre l'organisation jihadiste sa priorité, abandonnant sa position, maintes fois réitérée, du "ni, ni" (Ni Bachar, ni Daech). Cette déclaration de M. Fabius marque une nouvelle, et sensible, évolution de la position française. Jeudi dernier, en marge de la conférence internationale sur le climat, le ministre français avait déjà envisagé une possible collaboration avec l'armée syrienne, dont le président Assad ne serait plus le chef.
( Pour mémoire : Fabius : Une collaboration avec l'armée syrienne envisageable si Assad n'est plus aux commandes )
"Il n'est pas possible de travailler avec l'armée syrienne tant que M. Bachar el-Assad est à sa tête. Mais à partir du moment où il y aura eu une transition politique et où M. Bachar ne sera pas le chef des armées, on peut très bien s'associer à ce qui sera l'armée syrienne. Mais dans une transition politique opérée", avait-il déclaré. L'écart s'est ainsi réduit entre la position de Paris et celle de la Russie, qui soutient militairement le président syrien.
La France, comme les Etats-unis et les pays membres de la coalition internationale qui lutte par des bombardements aériens contre l'organisation Etat islamique en Syrie, sont à la recherche de solutions politiques ou militaires impliquant les acteurs locaux ou régionaux qui pourraient mettre fin à plus de quatre ans de guerre en Syrie.
"L'expérience des dernières décennies, que ce soit en Irak ou en Afghanistan, montre que des forces occidentales au sol apparaissent vite comme des forces d'occupation. Les opérations doivent être menées par des forces locales: syriennes modérées, arabes, kurdes, le cas échéant en coordination avec l'armée syrienne, ce qui est impossible sans transition politique", a ajouté M. Fabius au quotidien régional.
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commentaires (9)
ce n'est pas son role à ce monsieur aux bonnes origines. Monsieur Assad n'est pas à sa petite portée.. La Syrie, ce n'est pas le Mali ou le bourkina par exemple, où les français sont les joueurs des 2 cotés de l'échiquier... et devinez un peu qui est le vainqueur? Bon, il n'appartient qu'au peuple syrien de dire qui doit le présider par le moyen du vote... vote si cher aux occidentaux, n'est-ce pas.
Ali Farhat
05 h 02, le 07 décembre 2015