Pour la première fois depuis le début du conflit en Syrie, l'ensemble de l'opposition au régime et certains groupes armés se réuniront mardi prochain à Riyad pour bâtir une plateforme commune en vue de futures discussions avec le pouvoir.
Selon Samir Nachar, membre de la Coalition nationale syrienne (CNS), basée à Istanbul, « la réunion aura lieu à Riyad mardi et mercredi, et peut-être jeudi si c'est nécessaire ». Il a précisé que la coalition sera représentée par 20 personnes et que dix autres opposants historiques ont également reçu un carton d'invitation, comme Michel Kilo, Haytham el-Malah ou Georges Sabra. « Il est probable que la réunion soit divisée en deux parties », a-t-il dit. « La première concernera un accord sur une période transitoire et déterminera une vision politique claire sur le futur de la Syrie et le type de régime politique. La seconde partie sera liée à la façon d'aborder (les résultats de) la Conférence de Vienne (du 14 novembre) concernant notamment l'élaboration d'une liste commune de l'opposition pour des discussions avec le régime, ce qui est un point difficile », a-t-il ajouté.
La Conférence du Caire, qui regroupe une coalition concurrente d'opposants de l'intérieur et en exil, sera aussi représentée par une vingtaine de personnes, a indiqué un de ses dirigeants Haytham Manna. Parmi eux figurent l'ancien président de la Coalition nationale syrienne Ahmad Jarba, l'acteur Jamal Souleimane ou l'homme d'affaires Ayman el-Asfari. Pour Hassan Abdel Azim, qui dirige le Comité de coordination nationale pour les forces du changement démocratique (CCND), principale organisation de l'opposition de l'intérieur, « l'important sera de constituer une délégation unie qui négociera avec le pouvoir ».
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85 personnes présentes
Selon Haytham Manna, 85 personnes devraient être présentes à Riyad, dont une quinzaine représentant des groupes armés. Les groupes armés invités sont ceux qui ne « font pas partie des organisations classées comme terroristes », selon une source de l'opposition. Parmi eux figurent notamment le Front du Sud, qui regroupe des mouvements considérés comme modérés, et Jaïch el-islam, implanté dans la province de Damas et proche de l'Arabie saoudite.
En revanche, ni le parti de l'Union démocratique kurde (PYD) ni sa branche armée, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), n'ont été invités jusqu'à présent. L'influence grandissante des Kurdes dans le Nord syrien déplaît fortement à la Turquie voisine, qui considère les YPG comme une branche des rebelles turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation terroriste aux yeux d'Ankara. Les combattants kurdes et des rebelles arabes, réunis au sein des Forces démocratiques syriennes (FDS), sont pourtant très impliqués dans la lutte contre l'EI en Syrie et ont repoussé les jihadistes avec l'appui aérien de la coalition conduite par les États-Unis.
Pour Samir Nachar, les YPG « ne combattent pas les forces du régime, mais ont affronté en revanche l'Armée syrienne libre (ASL) », soutenue par la CNS. « Il faut que le chef du PYD, Saleh Moslem, proclame son accord sur l'unité de la Syrie et affiche militairement son opposition au régime de Bachar el-Assad. Les YPG doivent également s'unir à l'ASL », a-t-il insisté en soulignant qu'il y avait des personnalités kurdes dans la coalition.
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« Accusations sans fondement »
Mais Saleh Moslem, qui a confirmé ne pas avoir reçu d'invitation, a affirmé qu'il refusait « toute condition préalable ». « Ces accusations sont sans fondement, a-t-il dit. Nous avons combattu le régime bien avant eux et dans plusieurs régions à partir de 2012. » « Cette réunion n'est-elle pas conçue dans l'intérêt de la Syrie et pour entamer des discussions avec le régime ? » a-t-il ajouté. « Étant donné que des groupes armés y participent, les YPG et les forces démocratiques syriennes (FDS) doivent être présentes ».
« Nous sommes de vrais Syriens et nous n'écouterons pas les mots de gens qui sont aux mains (du président turc Recep Tayyip) Erdogan », a-t-il ajouté en référence aux propos de M. Nachar, membre de la Coalition d'opposition basée à Istanbul.
Le 21 novembre, l'émissaire de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, avait annoncé que l'Arabie saoudite allait accueillir une réunion afin de bâtir une plateforme commune de l'opposition en vue de futurs pourparlers de paix. Quelques jours plus tôt à Vienne, dix-sept pays – dont des protagonistes de la crise syrienne comme les États-Unis, l'Iran, la Russie et la Turquie – avaient adopté une feuille de route pour une transition en Syrie. Ils avaient fixé un calendrier qui prévoit une rencontre d'ici au 1er janvier entre des représentants de l'opposition syrienne et du régime, la formation d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'organisation d'élections dans les 18 mois.
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commentaires (5)
Per(s)cés minables....
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
10 h 28, le 06 décembre 2015