Le premier choc de la « bombe Frangié » passé, la situation se précise. Les contacts se sont intensifiés et on parle de plus en plus d'une bénédiction (et plus) américaine et régionale de la candidature de leader chrétien du Liban-Nord, mais la prudence reste de mise. Il est désormais clair que le chef druze Walid Joumblatt est à l'origine de l'idée de proposer la candidature du chef des Marada à la présidence, sur une probable suggestion de l'ancien ambassadeur des États-Unis David Hale. Joumblatt aurait donc commencé à travailler sur cette idée depuis plusieurs semaines en sondant le chef du courant du Futur Saad Hariri et les autorités saoudiennes. Il aurait donc commencé par envoyer plusieurs messages en ce sens aux Saoudiens, qui ont finalement accepté de l'entendre de vive voix et lui ont donc envoyé une invitation dans ce but.
Selon des sources proches de Moukhtara, l'argumentation de Joumblatt serait la suivante : au train où vont les choses et avec l'intervention russe en Syrie, il serait bon de conclure un accord global au Liban qui puisse préserver les équilibres actuels. Pour cela, il faudrait que le 14 Mars fasse une concession au 8 Mars en lui donnant la présidence de la République, sachant que celle-ci est la principale exigence des chrétiens, mais qu'elle ne constitue pas un changement de fond dans les équilibres actuels. Ceux-ci dépendent de la loi électorale et des principales fonctions sécuritaires, militaires et administratives. Or, depuis l'accord de Taëf et grâce à Rafic Hariri, son courant et à travers lui l'Arabie contrôlent, avec leurs alliés, les principaux rouages de l'État. Il faudrait donc préserver cette situation, quitte à jeter du lest au sujet de la présidence. Dans ce contexte, l'adoption de la candidature de Frangié serait un message fort en direction du 8 Mars et en particulier du Hezbollah, sachant qu'en plus, Frangié est issu d'une famille politique traditionnelle. L'idée aurait donc fait son chemin à Riyad. Pour les Saoudiens, et en particulier pour l'émir Mohammad ben Salmane, si la candidature de Frangié, aux conditions présentées par Joumblatt, était acceptée, ce serait le maintien des rapports de force actuels au Liban, et si elle était rejetée, elle aurait quand même réussi à mettre en difficulté le Hezbollah face à ses deux alliés chrétiens, le général Aoun et Sleiman Frangié.
Le chef des Marada aurait été ainsi approché par Saad Hariri qui lui a proposé une rencontre à Paris. Sleiman Frangié aurait sondé le président syrien Bachar el-Assad qui lui aurait suggéré d'en parler avec le secrétaire général du Hezbollah, lequel à son tour, à travers les canaux de contact habituels, lui aurait conseillé d'en discuter avec le général Michel Aoun. Du point de vue du Hezbollah, l'arrivée de Frangié à Baabda est considérée comme une victoire politique, mais elle ne doit pas se transformer en une défaite par le biais de concessions structurelles qui la videraient de son contenu. Les milieux proches du Hezbollah évoquent d'ailleurs une réédition du fameux accord avorté surnommé « S-S » (Syriens-Saoudiens) par le président de la Chambre, dans lequel le courant du Futur promettait de renoncer au TSL, moyennant une sorte de mainmise sur l'État libanais. Or, si à cette époque le Hezbollah était prêt à accepter un tel compromis car il craignait les retombées de la publication de l'acte d'accusation du Tribunal international pour le Liban, aujourd'hui il n'est plus vraiment dans ce cas de figure, estimant que la situation régionale évolue en sa faveur et en faveur de ses options. Pour cette raison et jusqu'à preuve du contraire, il considère que la proposition d'élire Sleiman Frangié à la présidence de la République est une manœuvre. Pour qu'elle devienne sérieuse, il faudrait que Saad Hariri annonce publiquement qu'il considère désormais le chef des Marada comme son candidat à la présidence, et à partir de là, les discussions pourront commencer.
Le leader chrétien du Nord aurait répondu à ses interlocuteurs qu'il n'a jamais été question pour lui de se faire élire à la présidence sans l'approbation de son camp politique, dont Michel Aoun est une composante essentielle. Tout comme il ne compte s'engager sur aucun point que pourrait réclamer le courant du Futur avant d'obtenir l'accord de ses alliés. Des informations non confirmées parlent ainsi de la volonté du courant haririen de rattacher le service de sécurité des FSI à la présidence du Conseil, d'obtenir l'adoption d'une loi électorale basée sur le système majoritaire (ce dossier a été retiré du débat présidentiel par la dynamisation de la sous-commission parlementaire chargée de s'entendre sur un nouveau projet de loi électorale) et des garanties sur une non-réédition du scénario qui avait fait tomber le gouvernement de Saad Hariri en janvier 2011, sachant que le fameux tiers de blocage devient pratiquement acquis avec l'arrivée de Frangié à la présidence et sa nomination d'un certain nombre de ministres.
Tous ces points devront être évoqués si les discussions deviennent sérieuses. Pour l'instant, les contacts se sont soudain accélérés. Frangié a été ainsi l'hôte de Joumblatt à dîner mercredi soir, avant de se rendre jeudi à Bkerké pour s'entretenir avec le patriarche maronite. On parle aussi d'une rencontre imminente entre lui et Michel Aoun pour fixer les conditions et le plafond des concessions. Mais la balle est désormais dans le camp adverse qui doit montrer si l'idée de l'élection de Sleiman Frangié à la présidence est une manœuvre ou une volonté réelle de parvenir à « un accord raisonnable » qui respecterait les équilibres politiques.
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commentaires (8)
A l’évidence, ils se retrouvent dans leur même situation désastreuse millénaire, qui peut être analysée d’une manière très simple ; fort étroite évidemment. Ils sont profondément impuissants depuis si longtemps car ils sont mauvais intrinsèquement, surtout vis-à-vis des autres. Des éternels incapables de la pensée ; se pensant en sus "malins" ; qui ne pourront jamais s’imposer. Des faiblards d’esprit Sain et d’âme, qui occupent en réalité la place qu’ils méritent. Ce bilan ; sous sa forme tranchante et sommaire toujours convaincant surtout pour des individus imbus d’eux-mêmes pareils ; procède du fonctionnement Malsain le + commun et ne constitue finalement qu’1 pseudo-pensée bääSSyrienne : en effet inerte. Ils sont même conVaincus, à leur manière, de leur "énorme victoire" à 2 Toumânes ! Ben oui, ils ne sont en vérité que des timorés, profondément inopérants en effet dans la compétition humaine. Ils se croient devenus "importants", mais n’ont en fait ni le talent ni le panache des esprits des "peuples non-arriérés". Ils doivent donc prendre acte, enfin, d’un cruel fait : ils ne feront jamais partie de l’élite.... Civilisée ! Cette frustration radicale, au-delà de son désagréable ; s’ils s’en rendaient compte ; les libérerait enfin de leur lourdinguerie ancestrale. Elle qui les rend ainsi encore, de + en + plus tant arrogants, eux ; mahééék n’est-ce pas ; qui entendent donc faire toujours savoir de quel hors-bord Per(s)cé, pâmé et puîné ils étaient. Yâ wâïyléééh !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
17 h 06, le 05 décembre 2015