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Économie - Rapport

Les réfugiés syriens au Liban s’endettent de plus en plus

Une étude de terrain menée par trois agences onusiennes tire la sonnette d'alarme sur la précarisation financière croissante des réfugiés syriens au Liban.

La part des familles qui achètent leur nourriture à crédit a plus que doublé depuis 2014. Mohammad Azakir/Reuters

« Je suis obligé de m'endetter », confie Ali, un réfugié syrien résidant dans un campement situé à Amariyé, dans la Békaa, « Je n'ai pas d'emploi fixe, j'exerce plusieurs petits boulots ici ou là lorsqu'ils se présentent. » Un maigre pactole face aux dépenses élémentaires et courantes du foyer : « Je dois payer le loyer, l'eau, l'électricité, le bois pour le chauffage, sans parler de la nourriture. Sans revenus fixes, je n'ai pas les moyens de m'acquitter des sommes que je dois », souligne ce chef de famille. Ce témoignage est loin d'être unique : parmi les 1,2 million de réfugiés syriens au Liban, 89 % d'entre eux sont lourdement endettés, note l'étude sur la vulnérabilité des réfugiés syriens dans le pays, menée en 2015 sur 4 105 familles syriennes par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), conjointement avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et le programme alimentaire mondial (Pam).

Économies épuisées
Si la proportion de réfugiés syriens endettés au Liban a augmenté depuis 2014, lorsqu'ils étaient 81 % dans cette situation, le montant des dettes a lui aussi gonflé, passant de 674 dollars en 2014 à 842 dollars en 2015 par famille, une moyenne qui atteint même les 1 151 dollars pour la région de Beyrouth-Mont-Liban. « L'écart entre les dépenses et le revenu mensuel est estimée à 300 dollars (...). Les réfugiés ont recourt à des prêts, formels ou informels, tout d'abord pour acheter de la nourriture, puis pour payer leurs loyers et enfin pour couvrir leurs frais de santé », note l'étude.

En moyenne, chaque famille dépenserait 493 dollars par mois, contre 762 dollars en 2014, avec pour premiers postes de dépense la nourriture – à 45 % des revenus – et le loyer (19 %). De fait, la part des familles qui achètent leur nourriture à crédit et réduisent pour ces achats leurs dépenses essentielles, comme l'éducation et la santé, a plus que doublé depuis 2014. Près de 40 % des réfugiés sont endettés auprès de leurs propriétaires et beaucoup d'entre eux ont plus de deux mois de retard.

 

(Pour mémoire : Quatre ans après le soulèvement en Syrie, le chômage explose et les inégalités se creusent au Liban)

 

Plusieurs facteurs ont contribué à cet endettement, car les fonds octroyés par le HCR ne peuvent pas à eux seuls assurer des revenus aux réfugiés syriens. « La plupart sont arrivés au Liban avec toutes leurs économies, qui complétaient l'assistance humanitaire du HCR et d'autres agences – car cette dernière ne pourra jamais couvrir tous les besoins de l'ensemble des réfugiés – mais aujourd'hui, avec le prolongement de leur exil, cet apport personnel s'est épuisé et nous entrons donc dans une période où les familles sont de plus en plus endettées », explique Mireille Girard, représentante du HCR pour le Liban.

Entre-temps, la valeur des coupons alimentaires distribués par le HCR s'est réduite alors que la dépendance des réfugiés syriens à ces moyens de subsistance a augmenté de 14 % par rapport à 2014 pour atteindre 54 % des familles, et ce alors que l'assistance humanitaire diminue. « Les coupons alimentaires couvraient auparavant 75 % des réfugiés syriens, contre 55 % aujourd'hui. Leur montant est passé de 30 dollars à 21,6 dollars tandis que depuis septembre, seulement 5 personnes par famille peuvent en bénéficier », précise Mme Girard.
Autre facteur d'endettement, le renforcement d'octroi des permis de résidence ou de visas à la frontière syrienne depuis janvier 2015 : « Auparavant, les réfugiés pouvaient partir en Syrie et revenir pour renouveler leurs permis de séjour gratuitement – comme c'était le cas pour les travailleurs saisonniers, mais depuis le durcissement des règles d'octroi de visa pour les Syriens, ils sont donc dans l'obligation de renouveler leurs permis au Liban, ce qui coûte 200 dollars par personne », observe Mme Girard. Résultat : les Syriens ne peuvent se payer ce luxe ; seuls 28 % des personnes interrogées dans l'étude affirmaient avoir des permis de séjour pour tous les membres de la famille, alors que 41 % des réfugiés n'en ont pas.


(Pour mémoire : L’aide aux réfugiés a amorti l’impact de la crise syrienne sur l’économie)

 

Insertion
Une situation précaire d'autant plus accentuée par l'exclusion du marché de l'emploi, car pour renouveler un permis de séjour lorsque l'on est enregistré au HCR il faut s'engager par acte notarié à ne pas travailler. Difficile alors de se constituer une véritable source de revenus. Selon l'étude, le chômage des réfugiés a augmenté de 7 % depuis 2014, et un tiers des familles questionnées n'avaient pas travaillé pendant les 30 jours précédant le sondage, contre 26 % l'année dernière.

Conçue pour protéger l'emploi des Libanais, cette interdiction de travailler ne s'avère pas pour autant bénéfique en termes d'insertion et de cohésion sociale, car elle est génératrice d'autres sources de tension. « Même si dans l'ensemble la solidarité des communautés d'accueil reste très présente, elle peut être menacée lorsque ceux qui n'ont pas la capacité de payer leur loyer demandent des délais à leurs propriétaires, lorsque des enfants mendient dans la rue, ou lorsque des réfugiés syriens sont contraints d'essayer de détourner l'arrivée d'eau d'un village voisin. Il est arrivé qu'un épisode de ce type crée une forte altercation entre les deux communautés et fasse plusieurs blessés graves », raconte Mme Girard.

Face à cette situation, les experts onusiens considèrent que la première solution passe par leur intégration sur le marché de l'emploi. « Nous discutons avec le gouvernement pour donner la possibilité aux réfugiés syriens de travailler dans les 3 secteurs que l'État a considérés disponible pour la main-d'œuvre syrienne car elle n'entre pas en compétition avec les travailleurs libanais – le secteur de la construction, du gardiennage et de l'agriculture. Concrètement, nous voudrions annuler l'obligation pour les réfugiés de s'engager à ne pas travailler, car ils doivent pouvoir nourrir leurs enfants, ne pas les retirer de l'école, payer leur loyer, et rester dans la légalité », conclut Mme Girard.

 

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commentaires (2)

NOUS Syriens, réfugiés obligés : "Nous voudrions bien annuler l'obligation de s'engager à ne pas travailler, car nous devons pouvoir nourrir nos enfants, ne pas les retirer de l'école, payer notre loyer, et rester dans la légalité. NOUS TOUS, aurions préféré payer nos loyers, nourrir nos enfants en Syrie même, et ne pas les retirer des écoles publiques syriennes bombardées par les Chabbîhhâs ; ce qui a fait qu’on ne sait + faire dieu sait quoi avec nos enfants vu qu'on n’a pas les moyens de les mettre dans le privé. SEULEMENT, NOUS aurions préféré rester CHEZ NOUS, CHEZ SOI, quoi!, en NOTRE Syrie au lieu d’être massacrés par ces aSSadiques et leurs acolytes Per(s)cés d’à côté ! Mais peut-être qu’on n’est même plus tolérés dans notre propre pays, la Syrie. NOUS avons suffisamment subi une guerre qui nous a été déclaré par ces aSSaSSins bääSSdiots et leurs séides Per(s)cés d’à côté ! Cela NOUS suffit déjà ! NOUS réfugiés malgré NOUS, voudrions bien rentrer chez NOUS, si ce n’était la barbarie exercée sur NOUS par ce SALE bääSSyrien qui nous empêche de rentrer bien au chaud chez NOUS ! Mais ce qu’ON ne dit pas, c'est qu'ON aime nous placer dans ce seul statut de réfugiés pour pouvoir encore plus NOUS démoraliser ! Léééh ?!?!?!

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 07, le 05 décembre 2015

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Commentaires (2)

  • NOUS Syriens, réfugiés obligés : "Nous voudrions bien annuler l'obligation de s'engager à ne pas travailler, car nous devons pouvoir nourrir nos enfants, ne pas les retirer de l'école, payer notre loyer, et rester dans la légalité. NOUS TOUS, aurions préféré payer nos loyers, nourrir nos enfants en Syrie même, et ne pas les retirer des écoles publiques syriennes bombardées par les Chabbîhhâs ; ce qui a fait qu’on ne sait + faire dieu sait quoi avec nos enfants vu qu'on n’a pas les moyens de les mettre dans le privé. SEULEMENT, NOUS aurions préféré rester CHEZ NOUS, CHEZ SOI, quoi!, en NOTRE Syrie au lieu d’être massacrés par ces aSSadiques et leurs acolytes Per(s)cés d’à côté ! Mais peut-être qu’on n’est même plus tolérés dans notre propre pays, la Syrie. NOUS avons suffisamment subi une guerre qui nous a été déclaré par ces aSSaSSins bääSSdiots et leurs séides Per(s)cés d’à côté ! Cela NOUS suffit déjà ! NOUS réfugiés malgré NOUS, voudrions bien rentrer chez NOUS, si ce n’était la barbarie exercée sur NOUS par ce SALE bääSSyrien qui nous empêche de rentrer bien au chaud chez NOUS ! Mais ce qu’ON ne dit pas, c'est qu'ON aime nous placer dans ce seul statut de réfugiés pour pouvoir encore plus NOUS démoraliser ! Léééh ?!?!?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 07, le 05 décembre 2015

  • A Mme Girard, de l'ONU: "nous voudrions annuler l'obligation pour les réfugiés de s'engager à ne pas travailler, car ils doivent pouvoir nourrir leurs enfants, ne pas les retirer de l'école, payer leur loyer, et rester dans la légalité" NOUS AUSSI (tous les Libanais), nous voulons payer nos loyers, nourrir nos enfants, et ne pas les retirer des écoles publiques libanaises parce qu'elles sont prises d'assaut par les réfugiés syriens et que leur présence a fait chuté leur niveau déjà faible, et en faire Dieu sait quoi parce qu'on a pas les moyens de les mettre dans le privé... SEULEMENT NOUS, nous sommes chez encore chez nous, jusqu'à preuve du contraire. Mais peut-etre que ces déclarations sont là pour nous dire que nous sommes juste tolérés dans notre propre pays... La presse libanaise devrait interdire ou censurer des commentaires de ce type. Nous n'avons pas ni à les lire ni à les entendre. Nous avons suffisamment donné et subi pour une crise qui n'est pas la nôtre... Que les réfugiés rentrent chez eux, s'ils n'ont pas les moyens de vivre au Liban. Mais ce que l'ONU ne dit pas, c'est qu'elle aime voir des réfugiés partout dans le monde, c'est sa raison de vivre... Si les gens étaient bien chez eux, à quoi bon l'ONU????

    NAUFAL SORAYA

    07 h 36, le 05 décembre 2015

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