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Culture - Exposition

Il arrive que la pierre se souvienne...

C'est un travail d'écritures mêlées que présente Saïd Baalbaki à la galerie Agial*.

« Mémoires de pierres » de Saïd Baalbaki.

Saïd Baalbaki est né en 1974. Un an avant le début des « événements du Liban ». Et il a grandi en pleine guerre au cœur même de Wadi Abou Jmil, l'une des zones emblématiques des combats qui ont tout dévasté du passé de Beyrouth, ses pierres comme son âme. Dans ce quartier historique, déserté alors par ses habitants, de nouveaux arrivants avaient trouvé refuge, dont la famille du peintre. C'est donc entre les murs des anciennes bâtisses bourgeoises à moitié détruites de « la vallée d'Abou Jmil » que Saïd Baalbaki a conservé (mentalement) ses souvenirs d'enfance. Il a aussi pris soin d'immortaliser, en photos et croquis, ces façades criblées d'impacts d'obus qui avaient abrité ses rêves de jeunesse. Et qui, en dépit des meurtrissures guerrières, semblaient être les dernières sentinelles de cet esprit d'authenticité et de convivialité que viendraient effacer dans les années 90 les grues du grand chantier de reconstruction de la capitale.
En 2000, juste avant de quitter Beyrouth pour Berlin (où il s'est installé depuis), Saïd Baalbaki a entamé un travail lithographique sur ce thème du « Chantier ». Travail inachevé et abandonné, qu'il reprendra en 2012. Il revisitera de détails nouveaux cette première série consacrée aux façades grignotées, parfois voilées ou encore bâchées en sursis entre démolition ou rénovation. Et il s'attèlera jusqu'à ces derniers mois à deux autres séries la complétant. La première sur le même thème traité, cette fois-ci, en couleurs, et la seconde reprenant ceux des amas et amoncellements de valises, de sacs, de balluchons et de vêtements épars récurrents dans les toiles de ce peintre de l'exode, des ruines et des vestiges.
Ce sont ces trois séries de lithographies gravées sur pierre que Saïd Baalbaki présente à la galerie Agial (sous l'intitulé Mémoires de pierres) dans trois portfolios différents (à mi-chemin avec le livre d'artiste). Trois séries accompagnées chacune d'un beau texte signé d'un artiste, d'une auteure ou d'un critique. Ecritures sur pierre et sur papier pour décrire et retenir les vestiges d'un passé, d'une époque, d'une enfance liée à Beyrouth. Ainsi Wadi Abou Jmil recèle 12 lithographies et le texte en anglais de Gregory Buchakjian ; The Baalbaki Journey or Saïd and the Little Boat comprend 9 gravures portées par le texte de Marwan Kassab Bachi en arabe et anglais et Nos âmes en chantier englobe 6 lithographies couleurs appuyées d'un texte en français de Valérie Cachard.
D'art et d'émotion, ces Mémoires de pierres font référence autant aux vestiges affectifs recélés dans ceux de l'architecture beyrouthine d'avant la reconstruction, qu'à la technique que l'artiste a choisie pour graver son histoire, son lien d'enfance avec cette ville, son âme, ses strates de mémoires. « Car on dit que dans ce genre lithographique, il arrive que la pierre se souvienne et qu'un motif ancien surgisse, parfois, d'un travail précédent », indique cet artiste dont Marwan Kassab Bachi relève « la dualité de son regard d'enfant et d'homme (...) »
Saïd Baalbaki reste, d'une certaine façon, un enfant qui contemple le monde. Avec une attention à tout ce qui semble oublié, négligé. C'est ainsi qu'il capte des choses que les autres ne commencent à apercevoir qu'à travers le prisme de sa peinture. Jusqu'au 5 décembre.

*Hamra, 63 rue Abdel Aziz. Horaires d'ouverture : du lundi au vendredi, de 10h à 18h et le samedi jusqu'à 13h.
Tel. 01-345213.

Saïd Baalbaki est né en 1974. Un an avant le début des « événements du Liban ». Et il a grandi en pleine guerre au cœur même de Wadi Abou Jmil, l'une des zones emblématiques des combats qui ont tout dévasté du passé de Beyrouth, ses pierres comme son âme. Dans ce quartier historique, déserté alors par ses habitants, de nouveaux arrivants avaient trouvé refuge, dont la famille...

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