L'ancien Premier ministre Saad Hariri a estimé jeudi, à l'issue d'un entretien à Paris avec François Hollande, qu'il y avait "de grands espoirs" que le Liban sorte de la vacance présidentielle qui paralyse depuis mai 2014 le fonctionnement des institutions dans le pays.
"Le président Hollande a insisté sur la nécessité de mettre un terme à la vacance à la présidence", a affirmé M. Hariri, à l'issue de l'entretien avec le chef de l’État français. "Je lui ai donc fait savoir que nous œuvrons avec tous les Libanais en vue de mettre fin à cette vacance et qu'un dialogue est en cours entre les pôles politiques", a poursuivi M. Hariri. "Nous avons aujourd'hui de grands espoirs quant à une solution prochaine au dossier", a ajouté l'ancien Premier ministre.
Interrogé sur la candidature (non officielle) du chef des Marada, Sleiman Frangié, à la présidence de la République, M. Hariri a répondu de manière évasive : "Plusieurs dialogues sont en cours, et le climat est positif. Les prochains jours montreront que la situation du Liban sera bonne, si Dieu le veut".
Reçu mercredi soir à dîner par le leader druze, Walid Joumblatt, le chef des Marada avait pour sa part estimé que la balle est à présent dans le camp de Saad Hariri, précisant que jusqu'à ce jour, sa candidature n'est toujours "pas officielle". "Je considère que l'appui (du chef du Courant du futur) Saad Hariri est sincère, et je le respecte. Mais j'attends une initiative en bonne et due forme. Ce qui se passe actuellement est une sorte d'initiative de la part du 14 Mars. C'est à M. Hariri de se prononcer sur cela", avait-il déclaré.
La présidence de la République est vacante depuis le 25 mai 2014. La 32e séance parlementaire consacrée à l'élection d'un chef de l'Etat a une nouvelle fois été reportée la semaine dernière, faute de quorum. Le prochain scrutin aura lieu le 16 décembre.
Les "garanties" de Frangié
Dans ce contexte, le patriarche maronite, Béchara Raï, a rencontré en soirée le chef des Marada et a annoncé qu'il contactera toutes les parties prenantes à la crise présidentielle.
A l'issue de la rencontre, M. Frangié a affirmé qu'il donnerait des garanties aux parties exprimant des réserves à sa candidature. "Nous avons mis le patriarche Raï au courant des tractations en cours", a déclaré M. Frangié, assurant qu'il n'imposerait "aucune condition particulière". "Les choses se déroulent comme elles doivent se dérouler", a-t-il ajouté.
En réponse à une question d'un journaliste sur les réserves exprimées par certaines parties du 14 Mars autour de sa candidature, M. Frangié a répondu: "Si certaines parties ont des réserves, je me dois de leur donner des garanties", "Les jours qui suivent doivent nous permettre de surmonter tous les obstacles. Le temps presse, mais nous n'allons pas nous précipiter", a-t-il souligné.
Par ailleurs, M. Frangié s'est exprimé en faveur d'une loi électorale "assurant la représentativité des chrétiens en particulier mais aussi de toutes les communautés".
Répondant aux interrogations sur ses relations avec le président syrien, Bachar el-Assad, le chef des Marada s'est interrogé : "Pourquoi ne pas considérer ma relation avec Assad comme un point fort, et non un point faible ?" a-t-il demandé, assurant qu'il n'abandonnera pas ses "compagnons de route".
Assiri pour un accord entre les chrétiens
De son côté, l'ambassadeur d'Arabie saoudite à Beyrouth, Ali Awad Assiri, a appelé jeudi à la conclusion d'un accord entre les chrétiens sur le futur président de la République, assurant que Riyad n'interfèrera pas dans ce processus interne. "L'Arabie saoudite n'a pas nommé et ne nommera pas de candidat à la présidentielle", a assuré M. Assiri, à l'issue d'un entretien avec le chef des Kataëb, Samy Gemayel, à Bickfaya (Metn), estimant que "les Libanais eux-mêmes sont les mieux placés pour juger de cette question". "L'Arabie saoudite n'interfère pas dans les affaires politiques libanaises et nous n'imposerons aucune condition", a-t-il poursuivi. Affirmant que Riyad "soutient les initiatives et le dialogue interne", M. Assiri s'est déclaré favorable à "un accord entre les chrétiens sur la présidentielle", espérant qu'"un président sera élu avant les fêtes de fin d'année".
A Paris, le chef du Courant du Futur a également abordé le dossier présidentiel avec le ministre des Télécoms, Boutros Harb. "La candidature de M. Frangié doit être accompagnée de la garantie pour tous les Libanais qu'elle ne constituera pas la victoire d'un camp sur l'autre", a indiqué M. Harb, l'un des pôles chrétiens du 14 Mars. "Nous sommes convenus de de poursuivre les contacts afin d'arriver à une solution rassemblant tous les Libanais et évitant le péril de la division", a-t-il dit.
Sur un autre plan, Saad Hariri a souligné avec le président français la nécessité de coopérer en matière d'anti-terrorisme. Concernant le conflit en Syrie, M. Hariri a estimé que "la région toute entière passe par une phase très difficile". "C'est pourquoi nous avons le devoir de protéger le Liban, en ne déshonorant pas les promesses faites aux Libanais. Nous devons faire des sacrifices au niveau politique, cela va sans dire (...)", a-t-il conclu.
M. Hariri a également présenté ses "condoléances" à François Hollande après les attentats du 13 novembre avant d'aller se recueillir devant la salle de spectacle du Bataclan, une des cibles des attaques jihadistes qui ont fait 130 morts à Paris.
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"Le président Hollande a insisté sur la nécessité de mettre un terme à la vacance à la présidence", a affirmé M....
commentaires (11)
NASSAM 3ALÉ IL HAWA MIN MAFRA2 IL WADÉ... AH YIA HAWA ZGHARTA KHIDNÉ 3ALA BLADÉ !!!
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 00, le 04 décembre 2015