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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Les différentes phases du dévoloppement psychosexuel de l’enfant -1- La phase orale

La phase orale désigne le temps où l'évolution de l'enfant s'organise autour d'une zone érogène, d'une source pulsionnelle appelée la zone orale. L'objet oral au sens strict est constitué par le sein. Avec le sein, les autres objets partiels qui constituent la phase orale sont l'odeur de la mère, sa voix, son regard, le contact de sa peau, etc.
Le but pulsionnel oral consiste dans la satisfaction que procure la succion, mais aussi dans l'incorporation du sein.
Karl Abraham subdivise à la suite de Freud ce stade en deux parties. Jusqu'à six mois, Abraham considère ce temps comme ne comportant pas d'ambivalence, c'est-à-dire une opposition entre l'amour et la haine. À partir de six mois et jusqu'au sevrage, l'apparition des dents marque une période, qualifiée de sadique orale, pendant laquelle une pulsion cannibalique apparaît. Le nourrisson détruit l'objet pendant qu'il l'incorpore.

Mélanie Klein développera des concepts importants à la suite d'Abraham. L'opposition entre le bon et le mauvais objet spécifique de ce stade oral lui permettra d'expliquer différents aspects du développement de l'enfant et par la suite de la clinique psychanalytique, particulièrement celle des psychoses.
Quant à Donald W. Winnicott, qui était pédiatre avant de pratiquer comme psychanalyste, il développe le concept d'objet transitionnel pour expliquer la transition que fait l'enfant entre son monde intérieur, où il ne distingue pas encore le sein comme objet extérieur à lui-même, et le monde extérieur, où les objets peuvent se distinguer comme ne faisant pas partie du corps de l'enfant. L'observation courante permet à chacun de remarquer la valeur réelle de cet objet transitionnel : le coin de la couverture, l'oreiller ou un bout de tissu est suçoté par l'enfant en remplacement progressif d'un sein qui s'éloigne. Pour Winnicott, la première année de la vie est la plus fondamentale. Elle forge la personnalité de l'enfant. Deux dictons bien de chez nous l'expriment bien : « Cheb3an 7alib immo » (repus du lait de sa mère) et « Red3an 7alib sbe3 » (il a têté du lait de lions).

Quant à Jacques Lacan, la phase orale lui permettra de commencer par distinguer trois registres importants qui marquent le développement de l'enfant et par la suite la clinique psychanalytique : le besoin, la demande et le désir.
Partant de l'expérience clinique de l'anorexie mentale précoce du nourrisson, Lacan pose la question de savoir comment il se fait qu'un nourrisson refuse de téter ? Si le nourrisson sacrifie ainsi son besoin de nourriture, au point de mettre sa vie en danger, c'est qu'il existe quelque chose de plus fondamental que le besoin, le désir. Par ailleurs, pour se faire entendre par la mère, le besoin doit passer par la demande, les cris pour cette période de la vie, plus tard ce que Lacan appelle « les défilés de la demande », c'est-à dire-la demande formulée avec des mots.
À la demande orale de l'enfant d'être nourri, Lacan va mettre en évidence que la mère, elle aussi, a une demande. À la demande de l'enfant, la mère va répondre par une demande adressée à l'enfant : « Laisse-toi nourrir. »
Et c'est précisément en ce point-là que nous pouvons comprendre l'anorexie mentale comme un conflit vital entre les deux demandes, celle de la mère et celle de l'enfant. Normalement, la pulsion orale pousse le nourrisson à se « nourrir » du corps de la mère, pour en jouir. La mère peut ne pas supporter cela car c'est une dévoration jouissive, un cannibalisme érotisé. Au lieu d'un « laisse-toi nourrir » propre aux mères dans leur ensemble, cette mère-là formule une autre demande, dont le contenu lui est inconscient. Cette demande inconsciente de la mère adressée à son nourrisson provient de sa relation avec sa mère, quand elle était elle-même nourrisson.
S'il éprouve la demande de la mère comme dangereuse, le nourrisson refuse alors de se laisser nourrir. Il protège ainsi son désir en ne satisfaisant pas la demande de la mère.

On retrouve dans la cure analytique ce jeu de la demande et du désir entre le patient et son analyste. Le but de la cure analytique étant de permettre au patient de mettre en évidence son désir, l'analyste ne doit pas confondre désir et demande. Car comme ce désir ne peut se manifester qu'à travers les demandes successives qu'il ne cessera d'adresser à son analyste, en répondant à sa demande, l'analyste peut tomber dans le piège de son analysant.
Il ne s'agit pas, bien entendu, de refuser un papier mouchoir à l'analysant, ou l'accès aux toilettes, dans le but de le « frustrer » comme on continue malheureusement de le faire, mais d'accueillir la demande avec bienveillance. Pour permettre au désir de finalement se révéler.

 

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