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À La Une - état d'urgence

Trois mosquées fermées pour radicalisme, une mesure sans précédent en France

"Nous serons d'une fermeté totale contre tous ceux qui prêchent la haine", affirme Cazeneuve.

Le président de l'Association des musulmans de Lagny, Mohammed Ramdane, qui gère la mosquée de Lagny-sur-Marne dissoute le 2 décembre 2015. AFP/ THOMAS SAMSON

Une vaste opération de police a visé mercredi une mosquée présentée comme salafiste à Lagny-sur-Marne, en région parisienne, entrainant la fermeture du lieu de culte, la troisième décidée par les autorités depuis l'instauration de l'état d'urgence.

Cette intervention conduira à la "dissolution définitive, en Conseil des ministres et dans les meilleurs délais, des trois associations pseudo-cultuelles concernées" dans cette ville de Seine-et-Marne, a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
C'est la première fois que le gouvernement annonce la dissolution d'associations cultuelles - sur la base la loi de 1955 sur l'état d'urgence récemment modifiée - depuis les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts.

Les deux autres mosquées fermées l'ont été à Gennevilliers, dans le département des Hauts-de-Seine, en région parisienne et L'Arbresle, dans le département du Rhône, près de Lyon. Leur fermeture est "provisoire", le temps de l'état d'urgence. Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mercredi, Bernard Cazeneuve a aussi évoqué un cas à Nice, mais il s'agit là non d'une mosquée mais de "quatre salles de prière clandestines".

"De telles mesures de fermetures de mosquées pour motif de radicalisation n'avaient jamais été prises auparavant, par aucun gouvernement", a assuré le ministre place Beauvau. Une manière de répondre au président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy : prié de dire sur Europe 1 "combien de mosquées salafistes ou radicalisées" avaient été fermées sous son mandat, l'ancien chef de l'État avait répondu "plusieurs", sans plus de précision.

 

(Pour mémoire: Le grand imam d'Al-Azhar refuse l'amalgame entre islam et "terrorisme")

 

"On ne cache rien"
A Lagny, des perquisitions ont "conduit à la notification de 22 interdictions de sortie du territoire" et "à neuf mesures d'assignation à résidence d'individus radicalisés". Chez les "dirigeants" de la mosquée ont été saisis un revolver dont le propriétaire a été "aussitôt placé en garde à vue", ainsi que des documents sur le jihad et "un disque dur dissimulé", selon Bernard Cazeneuve.
L'imam salafiste Mohamed Hammoumi, qui officiait dans cette mosquée jusqu'en décembre 2014 lorsqu'il s'est installé en Egypte, était depuis un moment dans le viseur des autorités. Ses avoirs avaient été gelés en avril dernier.

"On n'a rien caché, on ne cache rien", a martelé sur place le président de l'Association des musulmans de Lagny, qui gère la mosquée installée depuis l'été dans des préfabriqués sur un terrain loué par la mairie, entre un gymnase et un camp de gens du voyage, dans un quartier excentré de cette commune de 21.000 habitants.
"Je ne m'attendais pas à la fermeture. C'est ce qui m'a fait mal, surtout qu'on n'a rien trouvé", a dit ce responsable, Mohammed Ramdane, dont le domicile a été perquisitionné. "Il y a des fidèles qui viennent tous les jours, ils ne vont plus trouver où aller prier", a-t-il déploré.

Selon lui, "on doit pas faire porter" à l'équipe actuelle "le fardeau de ce qui s'est passé" auparavant. "On n'autorise aucun discours qui met en cause le projet d'amour de l'islam", a-t-il assuré.
"D'anciens amis de M. Hammoumi étaient toujours là", a toutefois confié le maire UDI Jean-Paul Michel, tout en affirmant que la nouvelle mosquée, gérée par "une association paisible", avait "des relations sereines avec le voisinage et la ville".

Dans l'unique immeuble proche des lieux, deux voisines, septuagénaires, évoquent "un défilé de voiles intégraux" le vendredi, jour de prêche. "Ça fait peur", lance l'une d'elles, "surtout quand on voit même des petites filles qui portent le foulard".

"Nous serons d'une fermeté totale contre tous ceux qui prêchent la haine en France", a réaffirmé devant l'Assemblée Bernard Cazeneuve, assurant que 65 imams ou prédicateurs avaient été expulsés depuis mai 2012, dont 34 pour la seule année en cours. Contre 19 sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, a-t-il tenu à préciser.

Les fermetures de mosquées sont diversement reçues dans les rangs musulmans. Certains responsables soulignent que, avec 2.500 lieux de culte, l'islam manque déjà de salles de prière en France, et préfèrent que les imams et prédicateurs radicaux soient ciblés, plutôt que les lieux eux-mêmes.

 

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