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Liban - Dénouement

Les seize otages d’al-Nosra libérés contre la relaxe de 25 détenus au Liban et en Syrie

Les combattants d’al-Nosra à leur arrivée à Wadi Hmayed. Reuters

Les seize militaires libanais otages du Front al-Nosra ont été libérés hier dans la matinée, au terme de négociations longues et ardues qui se sont intensifiées dans la nuit de lundi à mardi. Des négociations qui ont permis de peaufiner l'accord sur base duquel les trois soldats et treize agents des FSI ont été libérés en échange de 25 détenus proches de ce groupe jihadiste dans les prisons libanaises et syriennes.
Les parties prenantes aux négociations se sont gardées d'annoncer la fin des négociations, et ce n'est que lorsque le corps de Mohammad Hamiyé, tué par balles le 19 septembre 2014 par al-Nosra, a été remis tôt le matin à une patrouille de la Sûreté générale et à une équipe de la Croix-Rouge libanaise que les parents des otages ont eu la certitude que leurs enfants allaient être libérés le jour même. La dépouille de Hamiyé a été transportée au quartier général de la huitième brigade à Laboué et de là-bas à l'hôpital militaire de Beyrouth où des tests ADN doivent être effectués afin de s'assurer de l'identité du défunt. La famille du soldat a fait assumer à Moustapha Houjeiri (alias Abou Takiyé) la responsabilité de la mort de son fils et lui a demandé de se rendre aux autorités.
Pendant ce temps, al-Nosra préparait les seize otages à retrouver leurs familles respectives. L'échange a été retransmis en direct par la chaîne qatarie al-Jazira ainsi que par la chaîne locale MTV, ce qui a provoqué, soit dit en passant, l'ire des chaînes locales rivales. On a pu voir les policiers et les militaires arriver dans des tenues sport bien propres, la barbe, similaire à celles que portent les jihadistes, bien taillée, la mine fatiguée, mais le sourire aux lèvres. Leur calvaire, qui a duré seize mois, était sur le point de toucher à sa fin. Ils étaient entourés de jihadistes encagoulés qui arboraient leur drapeau noir proclamant : « Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu, Front al-Nosra ».
L'échange a eu lieu à Wadi Hmayed, dans la zone désertique des hauteurs de Ersal, battues par le vent, aux confins du Liban et de la Syrie où le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, est arrivé tôt le matin en compagnie de Nabil Halabi, un activiste ayant des contacts avec al-Nosra. Les jihadistes se sont prêtés sans se faire prier aux questions des reporters sur l'opération qui était en cours, affirmant avoir pu s'assurer de l'identité des femmes libérées des prisons libanaises, dont l'une d'elles, Saja el-Doulaïmi, l'ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi, arrêtée fin 2014 au Liban, était accompagnée d'une petite fille et d'un nouveau-né.
Le convoi des femmes, arrivées à bord d'ambulances de la CRL, n'a pas été filmé à son arrivée, pour des raisons en rapport avec la loi islamique (charia). Les soldats et les policiers se sont engouffrés dans trois ambulances de la Croix-Rouge, pendant qu'un autre convoi d'aides humanitaires, destinées aux jihadistes, arrivait sur les lieux. Au journaliste qui pressait de questions le premier groupe d'otages à être monté dans une ambulance, les militaires ont fait part de leur joie de se retrouver libres, affirmant qu'ils ont été bien traités par leurs geôliers, mais que l'épreuve qu'ils ont vécue était « dure psychologiquement ». Ils ont remercié Moustapha Houjeiri et « l'émir » d'al-Nosra dans le Qalamoun, Abou Malek el-Talli, et exprimé l'espoir que leurs camarades détenus par le groupe État islamique seront à leur tour libérés.
Pendant ce temps, Nabil Halabi donnait lecture de l'accord conclu avec al-Nosra. Celui-ci prévoit l'ouverture d'un couloir humanitaire permanent entre Ersal et le camp de réfugiés en bordure de la ville, l'acheminement mensuel d'aides humanitaires à travers des ONG, l'évacuation de blessés civils vers les centres de soins de Ersal, le rééquipement de l'hôpital de Ersal, la régularisation de la situation des Syriens présents au Liban ainsi que des détenus libérés souhaitant rester au Liban ou voyager, et un suivi humanitaire et légal de la situation des réfugiés. L'accord prévoit également de faire du secteur de Wadi Hmayed une zone sûre pour les réfugiés.
À bord des véhicules de la CRL, les militaires ont été conduits ensuite au quartier général de la huitième brigade à Laboué où ils ont été accueillis par des jets de riz et les youyous des femmes. Les habitants les ont portés sur leurs épaules et tiré en l'air en signe de joie. À la caserne où les attendait le général Ibrahim, ils ont pu raser leurs barbes et troquer leurs vêtements contre des tenues militaires, avant de prendre le chemin de Beyrouth.

Les seize militaires libanais otages du Front al-Nosra ont été libérés hier dans la matinée, au terme de négociations longues et ardues qui se sont intensifiées dans la nuit de lundi à mardi. Des négociations qui ont permis de peaufiner l'accord sur base duquel les trois soldats et treize agents des FSI ont été libérés en échange de 25 détenus proches de ce groupe jihadiste dans...

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