Le sérieux de l'initiative de compromis autour de Sleimane Frangié n'est plus sujet à débat, en dépit de « la perplexité » des milieux politiques quant à sa teneur et surtout sa faisabilité. Il n'est pas improbable que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, annonce dans les prochains jours son soutien à la candidature de M. Frangié à la présidence – en dépit des virulentes dissidences sur la scène sunnite, qu'il aurait l'intention de contenir. Les efforts diplomatiques, menés notamment par le chargé d'affaires des États-Unis au Liban, Richard Jones, pour mettre en marche ce compromis, sont soutenus désormais par une volonté iranienne de débloquer la présidentielle en faveur du chef des Marada. La visite officielle à Beyrouth de Ali-Akbar Velayati, conseiller pour les affaires internationales du guide suprême iranien, serait le signe d'un revirement de la stratégie iranienne sur la présidentielle libanaise : s'étant abstenu jusque-là d'intervenir pour débloquer la présidentielle, en appelant à s'en remettre à la volonté des parties chrétiennes libanaises, Téhéran serait désormais directement impliqué dans les efforts de faire élire M. Frangié à la magistrature suprême. Cet appui iranien est étroitement lié à la genèse du compromis en vue depuis au moins quatre mois : selon des sources concordantes, le rapprochement Frangié-Hariri se serait produit à l'initiative du premier, après qu'il eut obtenu un accord de principe de la part du secrétaire général du Hezbollah.
Saad Hariri, se montrant fort réceptif à la perspective de mettre un terme à l'état de déliquescence institutionnelle, aurait pavé la voie à une initiative diplomatique saoudo-américaine dans ce sens, relayée plus tard par le lobby iranien ayant œuvré pour l'accord sur le nucléaire, « Iran Deal ». Ces efforts sont actuellement amortis par au moins deux positions : d'une part, une position interne saoudienne, qui s'inscrirait dans la lignée de Saoud al-Fayçal, et qui s'opposerait, partant, à l'élection d'un allié de l'axe irano-syrien (pour l'heure toutefois, la position qui émane de l'Arabie est celle d'un « laisser faire » quiet, confie une source du 14 Mars à L'OLJ) ; de l'autre, une position, plus marquée, de l'Élysée, « fermement opposé » à l'option Frangié, apprend-on de source informée qui suit de près les contacts en cours. Jusqu'à hier en soirée, des sources du Futur, proches des concertations, faisaient état d'une « absence d'avancée ».
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Le 21e round du dialogue Hezbollah-Futur qui s'est tenu hier en soirée, à Aïn el-Tiné, a passé en revue « les développements politiques et précisément tout ce qui a trait aux échéances institutionnelles », selon un communiqué conjoint. « La nécessité de maintenir tous les dialogues en cours a été réaffirmée, afin d'aboutir à des ententes nationales », conclut le texte succinct.
Des informations exclusives ont ensuite été diffusées par certains médias, selon lesquelles les représentants du Futur auraient déclaré le soutien officiel de leur camp à la candidature de M. Frangié. Une information toutefois démentie à L'OLJ par une source du Futur. « Le soutien de Saad Hariri à la candidature de Sleimane Frangié attend que le camp opposé avalise les conditions soumises par le Futur à cette fin. La balle est dans le camp du 8 Mars. » Poussant cette logique plus loin, le député Ahmad Fatfat a déclaré hier à la Voix du Liban-100.5, que « Sleimane Frangié doit montrer qu'il est consensuel ». Il reste que d'autres voix au sein du Futur défendent son élection : le député Atef Majdalani a appelé à « finaliser le compromis », tandis que son collègue, Ziad Kadri, a affirmé, à l'issue d'un entretien avec le mufti de la République, que « toutes les parties doivent faire des sacrifices ». D'autres, comme le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, préféreraient pour l'instant se murer dans le silence plutôt que de déclarer ouvertement leur opposition à l'initiative.
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Le mutisme du 8 Mars laisse entendre en revanche que la balle est bien dans le camp de Saad Hariri.
Dans les milieux du Courant patriotique libre (CPL), c'est avec « prudence » que cette perspective, « aux multiples zones grises », est évoquée. Le CPL préfère pour l'instant « garder le silence » sur une candidature dont « le sérieux reste à confirmer » et associe son mutisme à celui du Hezbollah. La conférence de presse que devait donner hier soir le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, a été annulée, suite au décès de son jeune frère Robert.
La rencontre dimanche soir à Batroun entre le député Sleimane Frangié et le chef du CPL, Gebran Bassil, aurait été assez « tendue », confie à L'OLJ une source bien informée, s'appuyant sur le communiqué des Marada publié hier. Le texte réaffirme, certes, l'appui de Sleimane Frangié à la candidature du général Michel Aoun, « tant que celle-ci n'a pas pour objectif de bloquer la candidature du premier ».
Le CPL, lui, serait « en quête de réponses », confie à L'OLJ une source proche de ce parti. Parmi les questions posées, celle de savoir si Sleimane Frangié est candidat à la présidence. « Que pouvons-nous répondre à celui qui ne fait que répéter qu'il soutient la candidature du général Michel Aoun ? », s'interroge la source, qui précise par ailleurs que la clé d'un appui éventuel du CPL à la candidature de Sleimane Frangié ne se trouve pas seulement au niveau de la loi électorale. « Nous avions défini un terrain commun avec les Forces libanaises (FL), pour ce qui est de la loi électorale, lorsque la rencontre Frangié-Hariri a été ébruitée », indique la source, dans une allusion à peine voilée aux intérêts communs aux deux pôles chrétiens : leur rapprochement par la signature de la déclaration d'intentions s'est consolidé face à l'éventualité de la candidature de M. Frangié.
Si certains observent un « front chrétien » qui s'érige progressivement pour faire face au forcing, les contacts en cours appellent à plus de nuances : le président des FL, Samir Geagea, s'est rendu en Arabie saoudite vendredi dernier, usant de la confiance dont l'Arabie lui a fait gage au cours de sa dernière visite. En outre, les concertations vont bon train avec les figures chrétiennes indépendantes du 14 Mars, telles que Boutros Harb, qui s'est déjà réuni avec Raymond Araiji, et prévoit de s'entretenir incessamment avec Saad Hariri. Les conditions de principe soumises par les Kataëb à l'élection de Sleimane Frangié, et qui gravitent autour de l'impératif de consacrer la neutralité du Liban, notamment à l'égard de la crise syrienne, pourraient servir à renforcer la position du Futur à l'égard de ses interlocuteurs. Elles semblent constituer en tout cas le passage obligé, les « Thermopyles » que M. Frangié devra franchir pour se voir ouvrir les portes de Baabda.
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commentaires (12)
Dilemme pour les cancres-huitards ! Que faire ? Soient ils s'entêtent à attendre la fin assurée de leur (c)hébél-lionceau bien-aimé, ou bien ils quittent leur boutre Per(s)cé avant la fin des bézérs lâätînes ! L’intelligence voudrait qu'ils le fassent d’office plutôt que d'attendre la fin des äâdass-lentilles aussi. La felouque aSSadique chavire et est en train de sombrer. Ils n'ont qu'à observer ce grand enfant gâté effectuer son magnifique virage à la Ayrton Senna ; le pauvre, lui ! Ses entrelacs relèvent du grand art.... claNique. Et ils seraient bien inspirés de l’imiter, les Niais Per(s)cés ! Malgré que tout ceci tant les traumatttise. La fine manœuvre haririenne qui poussa ainsi au 1er plan cet enfant gâté, est un superbe coup de maître asséné sur la grosse tête vidée des sé(yy)ides en 8 Per(s)cés. Ils sont condamnés à subir la disparition assurée de leur aSSadique qui agonise. Really ! Toute voie autre que celle de se disperser et déguerpir est "pure" folie. Le pire est que ceci va faire s'écrouler tout leur Malsain édifice bricolé au fil de leurs sales décennies, et plus rapidement surely que ne pourra jamais le faire, yîîîh, la "luuutte" démocratiiique ! Qui aurait pu imaginer qu'un chef de tribu aSSadisé, puisse un jour remettre en question son mode de "gouvernance »" d’enfant ombrageux ultra gâté. C'est un cataclysme pour les bäässyriaNiques Per(s)cés en 8 ! Ils ne pourront plus tenir dans leur fatuité. Ni dans cette bääSSyrienne schizophrénie noircie.
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
17 h 08, le 01 décembre 2015